Béatitudes revisitées…
Heureux les pauvres, ceux qui ont faim et froid de justice,
ils portent en eux le cri de l' Évangile qui rend libre.
Heureux les doux, à ne pas confondre avec les mous.
Les doux, ils ont des sacs troués et crevés d'amour et d'humour.
Heureux ceux qui pleurent, ils sèment dans les larmes les utopies de la vie.
Heureux les insolents de la foi, ils n'ont pas froid aux yeux,
ils remuent la poussière des sacristies.
Heureux poètes et prophètes,
ils font la fête et la tempête sur les sables de l'ennui.
Heureux les enfants qui, à la messe, se pressent, s'agitent et s'ennuient,
ils ont déjà dans les yeux le feu de la vie sur un océan d'éternité.
Heureux les cœurs purs qui, tels Jésus aux pieds nus,
ne se font jamais appeler «mon Père » ou « Monseigneur»,
les cœurs purs sont serviteurs, laveurs de pieds et laveurs des cœurs.
Heureux les éveilleurs de l'Esprit qui, tels Jésus aux pieds nus,
ouvrent la vue aux gardiens du dogme et du sacré car seul le pauvre est sacré.
Heureux les blessés de l'Église qui, par milliers, se sont évadés
avec le trésor de l'Évangile, ils sont entrés en liberté.
Heureux les anges de l'Écriture,
ils chantent et dansent sur les tombeaux de la censure.
Heureux qui, tels Jésus aux pieds nus, renversent les tables du temple,
du fric et du pouvoir. À la terrible compétition, ils répondent par la communion.
Heureux les rêveurs, les créateurs qui, dans la nuit des cœurs,
versent des seaux d'Évangile sur les fragiles de la vie,
des seaux d'Évangile sur les trottoirs de la rencontre,
des seaux d'Évangile dans les rues, les bistrots et les cafés
des seaux de Lumière.
Pierre Castaner