A l'écoute de la Parole de Dieu
29ème dimanche du temps ordinaire 19/10/2025
Ex 17, 8-13 ; Ps 120 ; 2Tim 3, 14 – 4, 2 ; Lc 18, 1-8
L’avant dernier dimanche d’octobre célèbre la mission universelle de l’Église. L’Église a toujours été missionnaire. Plus récemment, Rome a insisté sur l’urgence d’un l’esprit missionnaire dans une Europe un peu en débandade religieuse. Le 7 décembre 1990, Jean-Paul II en fa fait le thème d’une encyclique. En 2025, le pape François, consacrant cette 99e journée comme «mission de l’espérance», a dit : « Tout chrétien est appelé à être un missionnaire et un témoin du Christ ». Cette insistance mérite un temps de réflexion 1.
Missiō, en latin, désigne l’envoi, par délégation ou sur ordre, de quelqu’un pour accomplir une tâche particulière. Pour les chrétiens, la «mission» a commencé dès l’envoi de Jésus-Christ par le Père pour annoncer au monde qui Il est, et conséquemment le sauver. Elle est proclamée par Jésus quand il désigne 72 disciples pour aller, deux par deux, «en avant de lui, en toute vile et localité où lui-même devait se rendre» (Lc 10, 21-24). Et cette prescription Jésus la réitérera après sa résurrection : ««Allez, faites de toutes les nations des disciples…» (Mt 28, 19).
Les premiers «missionnaires», au sens actuel, ont été les apôtres animés par leur certitude de la Résurrection, quoiqu’ils aient su que leur vie y serait en jeu. A travers toute l’histoire de l’Église, ce sont généralement des clercs qui ont porté la «Bonne nouvelle» dans les contrées les plus lointaines et souvent les plus dangereuses. Un exemple, au Ve siècle, l’Irlande a été convertie par des moines venus de Gaule ou d’Angleterre, puis les moines irlandais ont joué un rôle considérable dans l’expansion du christianisme en Europe 2. Les missionnaires, longtemps idéalisés pour leur abnégation et leur courage, ont été les héros de l’Église. Aujourd’hui, leur action est parfois mise en cause dans la mesure où ils arrivaient souvent «dans les chariots» des entreprises coloniales. C’est oublier tous ceux, nombreux, qui partaient seuls dans des régions pas ou peu explorées ou hostiles (pensons à leur mauvaise réception au Japon, en Océanie ou dans certaines tribus du Canada). C’est oublier aussi que, souvent, ils désapprouvaient les excès de la colonisation. Ainsi, les Dominicains et les Franciscains, en Amérique centrale et du sud, dénonçant la conduite esclavagiste des colons envers les indigènes exploités de façon inhumaine ; ou les Jésuites créant, au Paraguay, des lieux de protection des Indiens, respectant largement leurs coutumes. Souvent, ils ont été aussi à l’origine d’un début de service de santé ou d’instruction des populations, même si leurs méthodes semblent contestables aujourd’hui.
« Tout chrétien est appelé à être un missionnaire et un témoin du Christ …». Qu’est ce que, au delà de l’histoire, cette interpellation signifie pour nous maintenant ? Et comment procéder ? Il n’est pas dans la tradition des catholiques, timides à cette égard, de faire du porte à porte comme les mormons, ou d’instituer de grandes assemblées confessantes comme certaines branches des évangéliques. Le recours aux médias modernes est le fait des animateurs de toutes les branches du christianisme, l’une des plus spectaculaires restant le télé-évangélisme américains. Ces méthodes peuvent-elles être adoptées ? Sont-elles les mieux adaptées au christianisme, religion qui devrait se présenter dans la discrétion, l’humilité et le respect, comme son modèle Jésus-Christ. Celui-ci ne recommandait-il pas aux disciples de partir dans le dénuement, emportant: « ni bourse, ni sac, ni sandales…» (Lc 10, 4 ; idem en Mc 6,8). Comment nous y prendre, concrètement, dans nos sociétés sécularisées et a-religieuses ?
Et si nous commencions tout simplement par montrer l’exemple ? Jésus avait prévenu : «À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35). Tertullien rapporte qu’au IIe siècle, c’est cet amour qui témoignait de la vérité de la foi chrétienne auprès des païens, et était donc véritablement «missionnaire». Que pensent aujourd’hui les «païens» devant le scandale des dissensions persistantes, malgré quelques élans de bonne volonté, entre ceux qui se réclament du Christ ?. Tant que subsistera le scandale de la désunion entre les Églises, leurs discours «fraternels» paraîtrons un peu hypocrites et insignifiants.
Marcel Bernos
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C’est pourquoi on n’a pas commenté les textes de la liturgie de ce jour.
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Ainsi, saint Colomban (540-615) qui, avec des compagnons, parcourt la France (Luxeuil), l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche et l’Italie (Bobbio où il meurt). Chemin faisant, il a fondé des monastères. Ceux-ci sont devenus à leur tout centres de diffusion du christianisme et de sa culture.
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