A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Quatorzième dimanche du temps ordinaire.

Is 66, 10-14c. Ps 65 (66). Ga 6, 14-18. Lc 10, 1-12.17-20.

 

Ce dimanche est d’abord un dimanche de joie, d’action de grâces. Commençons par Isaïe. Le prophète en question est un inconnu qui prend le nom de ce grand prédécesseur, l’Isaïe du 8ème siècle, pour donner du poids à sa prophétie. Le texte présenté date du 6ème siècle, probablement de la seconde moitié. Il fête le retour à Jérusalem après l’exil. Quelle joie que ce retour ! « Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ». Ne confondons pas cette Jérusalem idyllique, signe de la présence d’un Dieu aimant son peuple et le comblant de bienfaits, avec la Jérusalem actuelle, centre des pires décisions de massacres. Jésus l’a récusée comme centre de la « religion », comme il l’a dit à la Samaritaine : « l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne [de Samarie] ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. » Heureusement ! Utiliser les textes anciens pour s’approprier des lieux ou du pouvoir est sacrilège...cela vaut aussi pour les adorateurs de Rome...C’est son peuple que Dieu aime, sauve du malheur, console « comme un enfant que sa mère console ». Ce ne sont pas des lieux, saints ou pas, cathédrales ou pas.
 

Le psaume laisse alors éclater la joie des fils de Dieu, en faisant d’ailleurs référence au premier salut du peuple opéré par Yahvé, le passage de la Mer rouge, car « Il changea la mer en terre ferme : ils passèrent le fleuve à pied sec. De là cette joie... ».

 

Saint Paul, pétri des textes des prophètes et se réjouissant certainement en lisant le texte d’espérance et de grâce d’Isaïe, nous met un peu brutalement les points sur les « i ». « La Croix du Seigneur reste ma seule fierté », la Croix est maintenant le passage obligé pour les enfants de Dieu devenus « fils du Père ». « Ce qui compte...c’est d’être une création nouvelle ». Oui, nous pouvons et devons nous réjouir, la Croix n’est pas faite de tristesse mais d’exigence de prendre au sérieux notre foi, et non des exigences inutiles comme la circoncision ou l’incirconcision (« que personne ne vienne me tourmenter », dit plus cruement, “fichez-moi la paix avec vos règlements”). Ne nous cachons pas derrière les pratiques que nous inventons pour croire que nous sommes fidèles, la Croix est autrement exigeante et peut tout bouleverser pour engendrer une « création nouvelle ».

 

L’Évangile nous raconte alors, d’une façon assez imagée... et naïve, vers où Jésus nous engage : en nous envoyant en mission. Sans illusion : « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». La mission nous envoie là où le Christ est absent, dans un pays de tous les dangers, en milieu inconnu, et non dans nos chaudes communautés bien protégées. Et voici que les disciples reviennent tout ragaillardis, là est peut-être leur naïveté et leurs illusions qu’ils réaliseront au moment du Golgotha, et Jésus de les avertir :

« Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

Autrement dit “ne vous montez pas la tête avec le petit pouvoir que vous avez obtenu auprès des foules, l’important est d’avoir vos noms inscrits auprès de Dieu”, c’est-à-dire de vivre de la vie du Père, là où vous œuvrez, dans le monde qui me rejette.

La mission est partie intégrante de notre vie de foi, et c’est un Jésus crucifié et ressuscité que nous annonçons, quelle que soit la manière de le faire. Cela a du mal à être reçu, ne nous berçons pas d’illusions. La mission doit conforter notre joie d’être sauvés mais en même temps elle va obligatoirement bousculer nos certitudes sur notre vie, sur nos engagements, sur notre confort.

 

Marc Durand

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