Au cœur de ma foi, la Croix-Résurrection de Jésus

Publié le par Garrigues et Sentiers

L’article de Jean-Luc Lecat, Vivre avec Jésus un humanisme inspiré, a donné lieu à un article de Marc Durand, Le rêve de Jésus est plus qu’un humanisme inspiré qui a suscité à son tour l’article de Pierre Castaner, Jésus humaniste au-delà, oui, et même au-dedans !. Marc Durand prolonge maintenant cet échange à trois voix par un commentaire que nous publions sous forme d’article afin d’en faciliter la lecture.

G & S

À partir de l’article de Jean-Luc Lecat, il semble que nous trouvons des contributions qui enrichissent bien notre pensée (méditation ?). Je reviens sur la réponse de Pierre Castaner, Jésus humaniste au-delà, oui, et même au-dedans !. Je suis, comme pour le texte de Jean-Luc Lecat, tout-à-fait en phase avec lui tant sur l’humanité de Jésus que sur la critique des récupérations ecclésiales.

Pour ce qui est du « sacrifice », je ne le considère pas comme une peine qu’il faudrait expier, mais comme « ce qui a part au sacré », le sacré étant l’attribut de Dieu. Alors le caractère « sacrificiel » de la messe ne me gêne plus, tout en sachant fort bien que pour la plupart de mes coreligionnaires, il s’agit d’un bel et bon sacrifice comme nous l’avons appris dans notre enfance !

Pour ce qui est de la lecture des évangiles, de façon générale, la matérialité des faits évoqués m’importe peu, ce qui m’importe est ce qu’ils veulent exprimer, ils ne sont pas une histoire des faits et gestes d’un certain Jésus, mais des ouvrages de théologie ayant un message à proclamer. Ils s’appuient sur des faits réels (ils ne sont pas uniquement un texte idéologique) et usent des méthodes du temps, pouvant aller jusqu’au mythe, pour nous transmettre ce qu’ils ont compris.

Chez Jean-Luc Lecat et Pierre Castaner, il me manque la Croix-Résurrection de Jésus, qui pour moi est au cœur de ma foi. Qu’est-ce à dire ? Je ne connais le Père ou l’Esprit qu’à travers ce que j’ai compris de Jésus. Je ne sais pas qui est le Père, si ce n’est ce que m’en dit Jésus : celui qui nous aime, qui est l’amour, et celui qui a envoyé Jésus. Je crois que Jésus est défini, pour nous, comme un « envoyé ». Ce qui peut apparaître seulement comme un « sur-moi » ne me suffit pas, il vit et se révèle sans cesse comme l’envoyé d’ailleurs. Toute son action est réalisée comme « envoyé du Père ». Dans ce contexte, sa mort-résurrection prend un autre sens. Il n’est pas ressuscité pour retrouver sa place au ciel (pas besoin de résurrection pour cela), mais pour poursuivre son rôle d’envoyé dans l’humanité.

Jésus est l’envoyé, pour toujours. C’est dans son avenir qu’il a avec nous que nous le rencontrons. Par Jésus Dieu est rentré dans notre histoire et ne peut plus l’abandonner. Je vois là tout l’enseignement des journées post-pascales, avant l’Ascension : nous faire comprendre que sa mission n’est pas abandonnée, même si elle change de forme pour nous laisser notre liberté d’action, d’où l’envoi de son Esprit, et non plus sa présence humaine, corporelle, avec nous. C’est cela qui fonde notre espérance.

Quant à la notion de Trinité, je trouve que c’est une façon assez signifiante de concevoir que Dieu est relation. Si Dieu est un tout bien formé, compact (une sphère pleine et parfaite) il ne peut entrer en relation. Si Dieu « décoïncide » de lui-même (concept que je reprends à François Jullien), alors il peut être amour. Je trouve le Père et le Fils qui sont en relation constante à travers l’Esprit, la présence de ce troisième garantissant que cette relation d’amour n’est pas fusion. Et cette relation du Père et du Fils permet, par le Fils envoyé, de nous inclure. C’est peut-être un mythe, mais que je trouve très instructif et en ce sens utile. Il me permet de comprendre l’action de Jésus parmi nous.

Alors, finalement, contrairement à Pierre Castaner, je crois en Dieu (non pas le tout-puissant, évidemment, l’archaïque comme il dit si bien), amour qui est relation d’amour et qui a une volonté (« Que ta volonté soit faite ») : nous inclure dans cette relation qu’il a en lui-même comme Père qui aime le Fils. Et c’est grâce à son Esprit que je peux espérer entrer dans cette relation.

Marc Durand

Publié dans Réflexions en chemin

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