A l'écoute de la Parole de Dieu
Troisième dimanche de Pâques 4/05/2025
Ac 5, 27b-32.40b-41 ; Ps 29 (30) ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19.
Nous sommes dans le temps pascal. Les textes de tous ces dimanches nous enseignent les débuts des communautés, de la prédication, dans une lecture des Actes des Apôtres. Puis la contemplation de la gloire du Seigneur. Le Christ est entré dans la gloire, l’Apocalypse est là pour le manifester. Enfin le choix des évangiles de Jean doit nous faire comprendre que le Christ n’est pas un fantôme mais bien le Jésus qu’ils ont connu, totalement transfiguré; et nous rappeler le cœur de son enseignement, la nécessité de l’amour mutuel et de sa proclamation.
En ce dimanche la première lecture nous parle du besoin, de la nécessité pour les disciples, de proclamer le salut apporté par le Christ; les apôtres ne peuvent pas se taire. Mais leur parole est dangereuse pour ceux qui ne veulent pas l’entendre, d’où le conflit avec les autorités religieuses. C’est parce qu’ils ont reçu l’Esprit Saint que les apôtres peuvent ainsi prêcher, et même les coups ne peuvent ternir leur joie d’être unis au Christ.
Le psaume proclame cette joie que procure le salut. Le psalmiste exprime cette résurrection de ceux qui suivent Jésus, sa résurrection a transformé ceux qui le suivent, les a fait passer des larmes aux cris de joie :
« Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie ! »
L’Apocalypse célèbre la glorification de l’Agneau. L’échec de la Croix, la déréliction du Christ souffrant s’est retournée en proclamation de sa gloire reconnue par « les myriades de myriades, les milliers de milliers ». La gloire est un attribut de Dieu, rappelons-le.
Ainsi ces deux lectures entrecoupées par le psaume nous invitent à vivre dans l’aura de Pâques, de notre propre résurrection, possible parce que nous sommes à la suite du Ressuscité. Nous avons vécu le Carême, nous avons cheminé avec Jésus jusqu’à la Croix, ce n’était pas la fin, sur la Croix il a attiré tout à lui pour nous ressusciter avec lui.
L’évangile est un ajout à l’évangile de Jean, probablement écrit plus tard par la communauté qui l’entourait. Cet ajout est riche d’enseignement. Jésus est bien le Jésus qu’on a connu sur les routes de Galilée (pas un fantôme, il mange avec eux pour le manifester), mais transfiguré au point que les apôtres ne le reconnaissent pas (comme les disciples d’Emmaüs, déjà, ou Marie-Madeleine au tout premier abord auprès du tombeau). En même temps ils sentent bien que c’est lui, sans oser lui demander. Ce n’est que dans la foi qu’on peut reconnaître le Ressuscité, la résurrection n’est pas un miracle redonnant vie au corps mort de Jésus, comme pour Lazare. Ceci est important pour nous, ne nous étonnons pas que la foi en la résurrection ne soit pas une simple affaire de connaissance. C’est à travers notre propre expérience de l’amour de Dieu, de la Promesse tenue, de la transformation de nos vies à la suite de Jésus, que nous pouvons saisir la Résurrection du Christ
Le texte est assez précis pour pouvoir penser qu’il relate un événement qui s’est réellement passé, mais évidemment réécrit pour nous enseigner. L’Évangile est un texte théologique, pas un compte rendu de presse. N’insistons pas sur les 153 poissons péchés, combien a-t-on trouvé de gloses pour ce nombre ! Il est probable que celui qui a écrit lui donnait un sens symbolique, tout le texte est bourré de symboles, il n’a pas pour but de raconter une rencontre sur une plage ! Les pêcheurs tirent les poissons, mais c’est Jésus qui leur en offre, avec le pain, qui les leur partage. On reconnaît Jésus au partage du pain et des poissons. Les disciples se retrouvent dans la même disposition qu’à la Cène, elle est réitérée avec eux, comme elle est réitérée avec nous à chaque eucharistie.
Puis viennent les questions à Pierre. Il ne pourra paître les brebis qu’à condition de vivre dans l’amour du Christ, condition essentielle qui est une exigence pour tous ceux qui prétendent annoncer Jésus (nous en particulier). Le texte français parle « d’aimer », mais dans le grec, pour les deux premières questions, Jésus demande à Pierre s’il l’aime avec le terme « agapé » alors que Pierre répond avec le terme « philo ». « Agapé » est un mot particulier qu’on trouve déjà dans le premier Testament pour évoquer l’amour qui plonge dans l’amour de Dieu, l’amour du « aimez-vous les uns les autres comme Dieu vous aime», amour qui témoigne de l’amour trinitaire. « Philo » désigne l’amour réciproque de l’un pour l’autre, il n’a pas la connotation divine. Dans sa troisième demande, Jésus emploie « philo » : Pierre n’avait pas compris que les premières demandes portaient sur l’amour que l’on partage avec Dieu. Dans la troisième demande donc, Jésus se met à la portée de Pierre : as-tu une relation d’amour avec moi qui t’aime. Ce texte est ainsi l’occasion d’approfondir ce qu’est notre amour mutuel, notre amour du Christ qui s’exprime par celui du prochain. Et d’en tirer la conclusion dans nos vies.
La conclusion pour Pierre est dure : ce n’est pas toi qui décideras tout seul du chemin de ta vie, si tu aimes « c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Aimer est un risque et nous ôte notre toute puissance en nous mettant au service des autres. Et la fin est lapidaire, qui s’adresse à chacun de nous :
« Suis-moi. »
Marc Durand