Les médias face à la mort de François

Publié le par Garrigues et Sentiers

Je voudrais revenir plus tard sur notre point de vue sur le pontificat de François, voir ce que nous lui devons, beaucoup je pense, nous pouvons être très reconnaissants. Mais au vu du matraquage médiatique qui a bien vite commencé, nous préférons d’abord évoquer ce sujet des médias.

Il fallait s’y attendre, nous sommes submergés de commentaires des radios, télévisions, quotidiens écrits, qui nous informent en boucle de ...quasiment rien. L’erreur de notre part serait d’attendre quelque chose. Il faut bien comprendre que le rôle de ces médias n’est pas d’informer sur la foi, sur ce que vivent les chrétiens, mais de répondre à des questions qui sont dans l’air du temps et, intéressent, à ce titre et seulement à ce titre, leurs lecteurs-auditeurs. Questions qui en fait n’ont à peu près aucun intérêt pour eux. Ce qui intéresse, ce sont les controverses. Qui est intéressé de savoir si un prêtre est marié ou pas, hors des catholiques « pratiquants » (6 % de la population) ? Mais la question est à la mode. Le pape était-il révolutionnaire (mais personne ne définit ce que cela signifie en l’occurrence) ? Ou conservateur ? Cela permet de polémiquer, donc cela intéresse les médias. Il était contre l’avortement, pain bénit pour débattre, mais qui cela concerne-t-il ? Et surtout qui s’intéresse à ces arguments ?


Le pape a eu de fait un rôle politique dans les questions de paix, de droits de l’homme, sans d’ailleurs que le moindre gouvernement s’en soit soucié. François a eu un rôle « d’influenceur » de fait sur des sujets comme l’attention aux migrants, aux laissés-pour compte, cela intéresse à juste titre le grand public. Sur de tels sujets, les médias ont une certaine légitimité à en parler, mais ils n’ont pas pour rôle d’informer sur ce qui fait la religion (chrétienne ou autre), ce qu’elle vit, sur les arguments du pape pour prendre ses positions. Ne leur demandons pas de nous enseigner ce qui concerne notre foi, mais demandons leur de ne pas faire semblant de le faire.

Plus profondément, il semble que la religion (catholique en l’occurrence) soit utilisée par médias et gouvernants pour leur service. Notre président par exemple, peu connu pour aller dans les églises, s’est déjà rendu « se recueillir » dans la cathédrale de la Réunion. Déjà en 1969 Michel de Certeau posait la question :


« La religion n’autorise-t-elle pas une société à se divertir de ses propres interrogations ? ...Elle servirait d’exutoire à des malaises...décelables partout ailleurs ...La religion, remodelée par l’usage qu’on en fait, sert d’allégorie à un malaise de civilisation » (1).
Ou encore :
« L’écho retentissant donné par la presse, la radio ou la télé, aux requêtes intérieures à l’Église n’éliminent-elles pas l’exigence spirituelle qu’elles veulent attester, pour la muer en “airain qui sonne ou cymbale qui retentit” (1 Cor 13, 1) » (1).

Chacun a son domaine de compétence, de légitimité à agir. Le domaine des médias généralistes (évidemment je ne parle pas des médias chrétiens, intérieurs à l’Église) n’est pas celui de la foi ni de la vie de l’Église. Leur information, qui peut être très valable, se limite à l’effet que la vie de l’Église peut avoir sur la société. Pour le reste, ils ne sont pas le bon canal pour les chrétiens. Ils vont nous inonder d’informations sur les disputes avant conclave des cardinaux, sur leurs coteries, sur les chances de tel ou tel « poulain ». C’est la loi du genre, mais ne nous laissons pas prendre. Et les chrétiens soi disant « éclairés », « experts » ou tenants du pouvoir, devraient éviter de plonger dans la marmite. Qu’ils se rappellent ce qu’écrivait encore Michel de Certeau :

« Les chrétiens doivent se demander à quoi ils servent quand, sans le savoir, ils deviennent objets de consommation, de spectacle et d’intérêt, quand l’expérience réelle des croyants...est oblitérée par la vedettisation de la contestation ou des pontifes » (1).

                                                                                       Marc Durand

(1) Les citations sont reprises dans le livre de M. de Certeau, « La faiblesse de croire », Seuil 1987, pp 101, 102.

 

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G
Je serais plus nuancée, les médias sont en accord avec les foules qui se sont déplacées pour célébrer le pape François, je ne pense pas que ce phénomène soit une création médiatique, peut-être à la marge, mais la haie d'honneur spontanée tout au long du parcours de St Pierre au lieu d'inhumation témoigne d'un attachement réel du peuple de Dieu. Je notre aussi le groupe de prostitués transgenres qui l'ont accompagné dans ce dernier lieu. Cela ne veut pas dire que je partage les émotions de cette foule mais je reconnais que c'est un pape très aimé.
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