À l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Fresque de Giotto, chapelle Scrovegni de l'église de l'Arena à Padoue (vers 1305)

Fresque de Giotto, chapelle Scrovegni de l'église de l'Arena à Padoue (vers 1305)

Dimanche 2 février 2025
Fête de la Chandeleur - Présentation de Jésus au Temple
Ml 3, 1-4, Ps 23 (24), He 2, 14-18, Lc 2, 22-40

Cette fête confirme la judéité de Jésus, ce qui est très important. Pour envoyer son « messager » en l’incarnant, Dieu a préparé un peuple pendant 2000 ans. Jésus n’est pas arrivé dans un vague monde indifférencié, mais dans un monde bien précis préparé à le recevoir, le monde juif. Les Juifs sont nos pères dans la foi (plus que nos « frères dans la foi » comme aimait à le dire Jean-Paul II). Le second Testament n’annule pas le premier, il en est la continuité.

L’Incarnation provoque une véritable césure dans le déroulement de l’histoire du monde, elle nous fait passer d’une histoire linéaire dans le temps à une histoire éclairée par la fin, par la Parousie (on dit que c’est une histoire eschatologique). À la source, il y a le peuple juif et le Juif Jésus qui retourne ce sens de l’histoire.

Pour marquer cette judéité, deux fêtes existaient : la Circoncision et le saint nom de Jésus d’abord, le 1er janvier, la présentation au Temple ensuite, le 2 février. Il a fallu que l’Église catholique supprime la Circoncision et décale la fête du Saint nom de Jésus pour inventer une e-nième célébration de Marie ! C’est lors de la Circoncision, en monde juif, que le petit enfant recevait son nom et devenait Juif, reconnu par la communauté. La nouvelle fête du saint nom de Jésus perd son sens, la judéité de Jésus est occultée. Dans un article de décembre 2016 dans La Vie, René Guyon s’était élevé avec véhémence contre une telle dénaturation, il avait bien raison. Il l’avait fait auparavant dans l’article La Circoncision de Jésus : une alliance cachée par l’Eglise ! que nous avons publié sur Garrigues et Sentiers le 1er janvier 2014.

Heureusement reste la fête de la Présentation. Par ce geste de ses parents au Temple, Jésus entre pleinement dans la communauté juive à laquelle il sera toujours fidèle. Ce sont les puissants d’alors qui l’ont fait condamner en manipulant une (petite) partie du peuple parce qu’il appelait à revenir vers Dieu en condamnant toutes les déviations ou trahisons de l’époque. C’est à plus de judéité qu’il appelait, non à s’en séparer. Et saint Paul, Juif parmi les Juifs, Pharisien, appellera plus tard à ouvrir cette judéité au monde entier.

Dans le texte de l’évangile sont évoqués Syméon et Anne. C’est à ces « pauvres de Yahvé » que Jésus est présenté, on ne parle pas des prêtres. Les yeux de Syméon « ont vu le salut », c’est la première annonce de qui est Jésus, il est le Salut. Il est « lumière pour éclairer les Nations ». Mais ce salut offert aux hommes est exigeant, il « provoquera la chute et le relèvement de beaucoup ». On n’est pas dans la « religion sucrée » du « petit Jésus », il est « signe de contradiction ». Et il le reste aujourd’hui, oh combien ! En ce sens il est bien dérangeant. Et c’est Anne qui annonce la venue de l’enfant « à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ». Pour percevoir l’annonce, il faut attendre quelque chose.

Nous pouvons alors reprendre les autres textes de la liturgie de cette fête.

Malachie annonce la venue du « Messager de Dieu ». « Et soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez ». « Il s’installera pour fondre et purifier », « il affinera comme l’or et l’argent », alors l’offrande « sera bien accueillie du Seigneur comme il en fut aux jours anciens ». C’est bien en écho à cette annonce que Syméon a pu dire que ses yeux ont vu le salut. Comme nous l’écrivions plus haut, Jésus arrive dans un monde préparé à le recevoir, et il ne vient pas pour rien, mais pour reprendre les choses en mains si l’on peut dire.

Le Seigneur est vu dans ce petit enfant, mais le psaume nous appelle à ne pas nous aveugler, il s’agit bien du roi de gloire (le terme « gloire » et associé à Dieu) :« Qui donc est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ; c’est lui, le roi de gloire. »

L’Epître aux Hébreux nous rappelle que pour « réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort » Jésus devait partager notre condition humaine. L’Incarnation n’est pas une simple image, « il lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères ». L’enfant présenté au Temple est le messager de Dieu vraiment homme, vraiment Juif dans le peuple Juif appelé à le recevoir.

 

Nous terminons ainsi le cycle de Noël. Comme le dit Luc, la grâce de Dieu était sur Jésus. Le Fils de Dieu est désormais parmi nous, inséré comme il se doit dans l’humanité. Son histoire, qui va être marquée du sceau de la contradiction et de la souffrance, va pouvoir commencer.

Marc Durand

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