A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

6eme dimanche du temps ordinaire 12/02/2023

Ben Sira 15, 15-20 ; Ps118 ; 1Cor 2, 6-10 ; Mt 5, 17-37

 

Est-ce un dimanche western avec la coupure entre les Bons et les Méchants ? Les textes divisent le monde en deux : l'eau et le feu, la vie ou la mort , la sagesse des hommes et la sagesse chrétienne. La fin du texte est radicale : « Si tu regardes une femme avec convoitise, tu as déjà commis l'adultère. Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le, jettes -le loin de toi ». Comment vivre dans ces conditions ? Ne serait-ce pas le meilleur moyen, d’après la psychanalyse moderne, pour bâtir une société de névrosés et de refoulés ? Pourquoi, si l’Évangile dit vrai, y a-t-il si peu de manchots ou de borgnes dans nos assemblées chrétiennes?

Et pourtant ces textes existent : Découvrons-les :

 

La première lecture est tirée du livre de Ben Sira le sage, sans doute un fonctionnaire vivant à Jérusalem autour de l'an 200 av. J.-C. Depuis 198, la Palestine est passée au pouvoir des Séleucides de Syrie avec Antiochus 3 très favorable aux juifs au nom de l'hellénisme. Esprit ouvert, ben Sira se veut accueillant à l'hellénisme. Mais il sent monter une opposition irréductible entre l'hellénisme et le judaïsme : l'heure des choix va bientôt sonner : D’où ce dernier avertissement : "il dépend de ton choix de rester fidèle  : tu as à choisir entre l'eau et le feu, entre la vie et la mort »(Sir,15,15).

 

Le psaume 118 proclame « heureux » les hommes intègres qui suivent la loi du Seigneur.

Dans sa 1ère lettre aux Corinthiens (2, 6-10), Paul vient d'être ridiculisé à Athènes en voulant annoncer Jésus-Christ mort et ressuscité avec les techniques de la sagesse grecque. Désormais il oppose radicalement les deux sagesses, la grecque et la chrétienne. Car seul l'Esprit de Dieu peut être à l'origine de la sagesse chrétienne.

 

Mathieu prolonge le sermon sur la montagne (5, 17 à 37 ).Mais nous sommes loin des « heureux les doux, car ils verront Dieu ». Dans le détail de la morale, Jésus montre un aspect radical, notamment par rapport au divorce toléré par la loi juive dans certaines conditions. Le tout se termine par une phrase absolue enlevant toute possibilité de diplomatie : « que votre oui soit oui, que votre non soit non ».

 

Comment les comprendre et les vivre aujourd’hui ?

Il y a dans la vie des situations ou pour rester un homme, il faut être radical : Ainsi, dans le domaine de la santé : quand, sous la menace d’un cancer, un chirurgien prescrit l’opération, il n’y a pas à tergiverser, sinon c’est la mort. En cas de guerre, il faut être clair : « pour ou contre l’ennemi ». Lors de persécutions religieuses, l’histoire a montré que, dans certains cas, sans chercher le martyr, il fallait, pour les chrétiens , choisir avec la même clarté radicale : confesser sa foi ou abjurer. Cette situation existe, hélas, encore aujourd'hui dans certains pays. Dans le domaine professionnel, certaines situations exigent la même clarté : un ami, chef de personnel a démissionné d’ un poste de responsabilité car sa direction exigeait de lui qu’il embauche du personnel uniquement pour obtenir des subventions, quitte à les licencier systématiquement peu de temps après. Sur le plan conjugal, la même radicalité est parfois nécessaire pour sauvegarder la fidélité conjugale : un ami me confiait : « c’est au moment où tu acceptes ou refuses de prendre un ticket de train pour rejoindre ton amie, que tout se joue ». Le service du prochain exige parfois la même radicalité : un couple, en 1940, a accepté d’héberger des voisins juifs : ils se sont toujours rappelés ces moments décisifs : «  quand ils sont venus frapper à notre porte nous avons répondu spontanément : bien sûr entrez !». Récemment encore, un riverain accueillait dans sa voiture des jeunes migrants sans papier rencontrés un soir d’hiver sur des routes de montagne. Il disait lors de son jugement : « il m'était impossible de fermer les yeux et de ne pas m'arrêter ». Quand la loi n’est plus au service de la vie, il faut savoir l’enfreindre.

Cette radicalité au service de l'amour et de la vie est rarement une donnée spontanée naturelle; elle est le fruit du travail de l'Esprit en nous. C'est Sa signature dans nos vies qui nous façonne à l'image du Fils. C'est le cri de l'Esprit qui crie en nous : « Abba, Papa », à l'adresse de Dieu Père. (Rom 8,15). Ce n'est pas d’abord une affaire de volonté, ni une sainteté acquise à la force des poignets, mais un abandon à l’Esprit qui nous configure à l'image de son Fils.

«Cette loi que je te prescris aujourd'hui, n'est pas au-delà des moyens, hors de ton atteinte. La parole est tout près toi ; elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique . » (Deutéronome 30 11,14)

Antoine Duprez

 

 

 

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