A l'écoute de la Parole de Dieu
Troisième Dimanche du Temps Ordinaire
Is. 8, 23b-9, 3 ; Ps 26 ; Cor 1, 10-13. 17 ; Mat 4, 12-23
Le texte d'Isaïe reprend le thème de la lumière de la nuit de Noël, cette grande lumière qui a été manifestée en premier aux bergers puis dans le texte à tout le peuple qui marchait dans les ténèbres. Or cette grande lumière s'est levée pour briller et persister jusqu'à nos jours et pas seulement pour nous chrétiens mais pour toute l'humanité. Elle est venue pour répandre la joie et l'espérance dans notre monde si malmené et dans toutes nos propres zones d'ombre.
Au début de son ministère , Jésus vient habiter Capharnaüm en Galilée dans les territoires de Zabulon et de Nephtali en faisant sienne la prophétie d'Isaïe. Dans sa détermination est-ce l'arrestation de Jean-Baptiste qui l'a ainsi motivé ou c'est dans le prolongement de sa rencontre avec lui ? L'un des premiers disciples, André était déjà disciple de Jean-Baptiste (Jn 1, 40), il introduit ainsi une reprise et une continuité de son œuvre avec Jésus. Le fait est que ces régions appelées pays de l'ombre ne sont pas très recommandables pour recruter des disciples du Seigneur. Jésus se sent-il déjà appelé pour les personnes les moins favorisées ?
Il semblerait que oui, que le renversement des valeurs se met en marche car il appelle en premier des gens très simples à partir de l'exercice de leur métier, ces quatre ouvriers de la pêche, en leur disant : « Je vous ferai pêcheurs d'hommes ».
Mais avant ce tout premier appel, il lance à tous son objectif, le motif de sa venue sur terre : « Convertissez-vous car le Royaume des cieux est tout proche » et cela va bien au-delà du choix des disciples et s'adresse à nous, à nos amis, à nos familles comme à nos adversaires, aux chrétiens comme aux non-chrétiens, aux croyants comme aux incroyants. Ainsi c'est la Loi qui va s'inscrire dans son accomplissement d'amour au-delà du simple devoir d'être respectée.
Matthieu dit qu'aussitôt ces pêcheurs le suivirent. Mais dans Jean 1, 39 les disciples demandent : « où demeures-tu ? » ce qui inclus une recherche de la connaissance et dans la fréquentation de Jésus, un « qui es-tu pour que je te suive ?» Et Jésus leur dira : « Venez et voyez » expression que Philippe reprendra pour Nathanaël.
Ainsi il y a pour chacun de nous un cheminement dans la foi pour suivre Jésus qui va nous faire quitter radicalement tout ce qui s'y oppose ; ces pêcheurs laissent tout, leurs filets, leur barque, tout ce qui faisait jusqu'ici le sens de leur vie.
D'après cet Évangile la première étape dans la foi c'est la rencontre, une rencontre qui va orienter différemment toute notre vie sans perdre toutefois notre identité, notre statut social, ces hommes suivront Jésus mais garderont leur métier de pêcheurs. Par cette parole nous sommes invités à poser un autre regard sur le monde, à nous convertir, cela explique que Jésus va lui-même à la rencontre de ses futurs disciples et ces disciples témoigneront à leur tour de leur rencontre.
Pour nous aujourd'hui la difficulté qui réside c'est comment témoigner ? Par nos paroles, par nos actes mais comment témoigner du lien entre nos actes de solidarité et notre foi en la Parole de Dieu ? J'avoue être assez démunie mais ne le sommes nous pas un peu tous ?
Dès l'établissement de la communauté des douze il y a eu des divergences entre eux par leur métier, leur comportement, leur manque de foi. Matthieu, ancien collecteur d'impôts pour les Romains ne devait pas être très aimé surtout par les quatre pêcheurs sur lesquels pesaient ces taxes. Les fils de Zébédée qui voulaient siéger l'un à droite, l'autre à gauche de Jésus dans le Royaume de Dieu, provoquent un tollé général d'indignation un peu par jalousie parce que les autres auraient bien voulu faire la même demande et qui sait ? Peut-être obtenir satisfaction. Aussi Jésus explique-t-il à tous que le Royaume de Dieu n'est pas géré comme les royaumes de la terre. Dans Jean, Philippe jusqu'à la fin du ministère de Jésus ne comprendra pas qui est vraiment Jésus et les autres disciples guère plus.
Saint-Paul s'apercevra très vite de ces divergences et leur dira de ne pas avoir de division entre eux, d'être en harmonie de pensées et d'opinions. Mais les différents n'ont fait que s'amplifier au cours des siècles au point d'avoir aujourd'hui des catholiques, des protestants, des orthodoxes, des traditionalistes, des Évangéliques et j'en oublie certainement. Il y a aussi des différences d'opinions quelquefois politiques à l'intérieur d'une même communauté chrétienne, untel est de droite, un autre est de gauche, qui vont jusqu'à la séparation. Cependant nous nous réclamons tous des Évangiles et du Christ (1) avec des pratiques un peu différentes. Mais Paul cible une seule personne : Apollos, Pierre, Paul et la division est beaucoup plus inquiétante car chacune de ces personnes a un avis différent et se fait sa propre opinion sur la vie et la mort du Christ et sur le salut ce qui débouchera sur la formation de sectes comme le gnosticisme et le pélagianisme (2) anciennes hérésies remises au goût du jour et dénoncées par le Pape François. Aussi l'unité doit se réaliser à l'intérieur de chaque Église. Or ce langage de la sagesse humaine dénoncé par Paul se multiplie dans notre monde de plus en plus sécularisé dans lequel même parmi les meilleurs chrétiens, beaucoup ne croient pas en la Vie Éternelle.
Comment réaliser l'unité sans tomber dans l'uniformité autour de la personne du Christ ? Il faut d'abord réaliser l'unité en soi, être cohérent avec ce que nous vivons et ce que nous croyons. Ne jamais perdre de vue ce qui est énoncé dans les Évangiles même si la rigueur de certains textes nous rebute. A l'extrémité de notre vie il y aura toujours la lumière de la miséricorde du Christ.
Concluons comme dit le psaume : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut de qui aurais-je crainte ? »
Nous n'avons en effet qu'une chose à demander : habiter la maison du Seigneur tous les jours de notre vie et ne pas se laisser s'éteindre la flamme de l'espérance.
Christiane Guès
(1)Dans le texte des Corinthiens, à mon avis, au lieu de lire : « ou bien, moi j'appartiens au Christ » il faudrait lire : « Mais moi, j'appartiens au Christ » car tout de suite après on dit : « le Christ est-il donc divisé ? » et Paul parle pour lui-même
(2) Le gnosticisme c'est acquérir le salut par une certaine connaissance intellectuelle
Le pélagianisme c'est acquérir le salut par les œuvres en se passant de la grâce de Dieu