A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Solennité du Christ Roi de l'Univers

Ez 34, 11-12. 15-17 ; Ps 22 (23) ; 1Co 15, 20-26.28 ; Mt25, 31-46

 

C'est le troisième texte d' évangile après ceux des 32ème et 33ème dimanches du temps ordinaire de l'année liturgique dans lequel il est question du jugement dernier. Rappelons les deux façons de vivre et d'agir passibles de ce jugement : Ne pas veiller, vivre sa vie superficiellement en ne se préoccupant pas du mal qui peut être fait  et être paresseux(ses) négliger de faire fructifier ses dons, le troisième, le 34ème dimanche, le dernier de l'année liturgique, la fête du Christ-Roi c'est se désintéresser des plus petits. Mais encore tout cela est-il fonction de la totalité de la vie de chacun. Un seul acte de compassion sauve la personne.

Ces mots de « roi » « royaume » sont un peu désuets aujourd'hui et ne parlent plus guère à nos compatriotes. Jésus lui-même ne s'est jamais donné ce titre de roi. Quand Pilate lui dit : « Alors tu es roi ? », il répondra par défaut « Tu le dis, je suis roi » qui signifie : C'est toi qui le dit, pas moi car il sait que le niveau de spiritualité de Pilate ne peut s'élever jusqu'à comprendre : « Mon Royaume n'est pas de ce monde ». Il dira cependant à Dieu le Père « que ton règne vienne ».

Jésus n'emploie jamais de définition qui le mette au-dessus des autres pour s'identifier. Il s'est toujours défini comme le Fils de l'Homme et encore emploie t'il cette expression à la troisième personne comme s'il se cachait derrière elle. Mais cet évangile bien choisi pour cette solennité le montre vraiment roi des plus petits, s'identifiant à eux, ce à quoi il s'est toujours attaché durant son ministère.

Un roi près de son peuple qui s'occupe de lui, qui le nourrit, qui le soigne, qui veille sur lui ça ne s'était jamais vu. Le roi symbolisait le pouvoir, la puissance, le système pyramidal qui va toujours de la base constituée par le peuple vers le Haut qui dirige, qui gouverne, qui condamne, qui accepte même les compromissions et l’Église non plus n'échappe pas à ce système. Mais Jésus dans son extrême humilité vient renverser la pyramide et se fait berger de ses brebis, un berger, la situation la moins valorisante de ce temps.

 

Déjà Yahvé s'adresse à Ézéchiel en l'appelant « Fils d'Homme » au début du chapitre 34. Jésus se donnera ce même titre et reprendra les paroles d’Ézéchiel à son profit. Comme un berger il veillera sur son troupeau, soignera la brebis malade. La brebis perdue, il la cherchera, l'égarée, il la ramènera. Il laissera même les 99 autres brebis du troupeau pour aller à la recherche de la 100ème égarée (Mt18, 12-14) « car il ne faut pas que les petits se perdent ».

 

Le psaume reprend aussi en partie les paroles d’Ézéchiel :  « C'est moi qui ferai paître mon troupeau, et c'est moi qui le ferai reposer ». C'est une ode aux soins pris par le berger envers son troupeau.

 

Dans cet évangile abordant le jugement dernier, c'est notre attitude envers les plus défavorisés, les malades, les prisonniers qui fera notre salut ou notre condamnation. Cet évangile, on l'aperçoit souvent imagé sur les frontons des églises : à droite les « brebis », les justes qui ont pratiqué la solidarité envers les plus petits, à gauche les « boucs » en quelque sorte les faux béliers, les mauvais pasteurs, certains dirigeants des peuples ou d'entreprises qui ont vécu sur leurs richesses matérielles sans se préoccuper ou pire en exploitant les plus démunis. Ou encore dans la classe moyenne par exemple ceux ou celles qui trafiquent leur feuille d'impôts pour ne pas en payer.

Ainsi ce jugement s'adresse à l'humanité entière, à toutes les classes de la société, croyants ou non-croyants, quelle que soit la religion ou encore à ceux dépourvus de religion. Jésus ne nous dira jamais « Aimez-moi » mais « Aimez-vous ».

On remarque dans ce texte d'évangile que l'opposition se fait entre les brebis et les boucs et non entre les béliers et les boucs, non entre personnes de même niveau social mais entre personnes très différentes par nature, celles tournées vers le bien et celles tournées vers le mal. Faire comme si les plus démunis n'existaient pas, la négligence, l'indifférence, voire le mépris sont un mal et conduisent à la radicalité de Matthieu qui est sans pitié car le jugement tombe comme un couperet. Malgré cette radicalité dont fait preuve Matthieu, j'ai appris sous peu, bien que je le sache déjà mais ça m'a été remis en mémoire, que ce n'est pas le Christ qui nous jugera mais nous qui nous jugerons face à l'immensité de l'amour de Dieu. Cependant notre jugement peut être pire si nous n'arrivons pas à demander pardon, que nous essayons au contraire de nous justifier au vu de la quantité de nos actes négatifs. Or la miséricorde de Dieu est infinie et peut accueillir même le pire des criminels à condition qu'il se repente de ses actes. Et cela nous fait entrevoir que ces paroles s'adressent à l'humanité entière.

Avec ce texte d’Évangile nous comprenons cependant que l'amour-compassion pour nos frères déshérités est l'unique voie pour aller vers les demeures éternelles. Nous possédons tous un potentiel d'amour-compassion venu de l'Esprit-Saint. Mais nous chrétiens, nous avons un plus, c'est le commandement d'amour de Jésus venu pour transformer ce monde. Et nous ne pouvons oublier que à celui ou à celle qui a beaucoup reçu il sera beaucoup demandé. Il ne suffit pas de dire : "le Seigneur est mon berger je ne manque de rien » quand autour de nous des personnes manquent de tout. Ce n'est pas toujours au repos que nous sommes invités mais quelquefois à traverser les ravins de la mort. Gardons toujours à l'esprit cette fidélité de Dieu dans nos vies, tentons de ne jamais nous en éloigner et « grâce et bonheur » nous accompagneront tous les jours de notre vie.

 

Christiane Guès

 

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