Notre Grand-Père qui es aux cieux...
Les images abondent pour essayer de qualifier l'amour de Dieu, celui qu'Il nous manifeste, celui que nous devons avoir à notre tour, à son image, pour aimer nos frères les hommes (et aussi nos sœurs…), un amour fidèle, désintéressé, qui laisse libre, qui aide à grandir.
À quoi ne l'a-t-on pas comparé cet amour divin ? À l'amour conjugal, à l'amour du Christ pour son Église, à celui qu'il a pour nous : aimez-vous comme je vous ai aimés… Il nous est parlé d'amour fraternel, d'amour paternel (la merveilleuse histoire du "fils prodigue"), d'entrailles de mère…
Et pourtant que d'infidélité, si ce n'est d'égoïsme souvent, dans l'amour conjugal, que de dureté, de violence parfois, dans l'amour fraternel (et les exemples bibliques abondent : Caïn et Abel, Ésaü et Jacob, Joseph et ses frères…), d'indifférence ou d'égoïsme dans l'amour paternel, d'injustice, l'Histoire nous l'apprend, dans l'amour de l'Église !
Un signe nous est donné, cependant, par la sagesse populaire, par l'iconographie traditionnelle. Quel est le modèle de Dieu ? Quelle en est la reproduction la plus courante ? Un vieillard bienfaisant à la chevelure et à la longue barbe blanches et bouclées… Et de qui est-ce la représentation ? D'un grand-père. Et voilà : la vraie image de Dieu, c'est un grand-père !
Tous ceux qui ont fait la bienheureuse expérience d'être grand-père ou grand-mère savent bien à quel point leur amour est totalement désintéressé, à quel point il laisse le petit-enfant libre, tout en étant toujours disponible, attentif. L'enfant vient, merveille, il repart, c'est normal. Pas de contrainte éducative, pas même de reconnaissance à attendre, l'amour des grands-parents est gratuit, tout retour merveilleusement gratifiant. Une longue absence sans donner signe de vie c'est normal, il doit faire sa vie, mais toute marque de tendresse donnée, de loin en loin, vaut réjouissance du cœur, tout succès du petit-enfant est bonheur total sans aucune idée de compétition ou crainte de remplacement.
Si nous voulons suivre "son commandement", c'est à une véritable conversion du cœur qu'il faut se livrer, non pas tant redevenir comme des petits enfants, mais comme des grands-pères.
Ne faudrait-il pas même changer le commencement de la prière que Jésus nous a donnée ?
Notre grand-père qui es aux cieux….
Pierre RASTOIN