A l'écoute de la Parole de Dieu
19ème dimanche du temps ordinaire 11/08/2024
1R19, 4-8 ; Ps 33(34) ; Ep 4, 30-5, 2 ; Jn 6, 41-51
Dimanche 11 Aout 2024 Un dimanche, pour quand rien ne va plus
Il y a des moments dans la vie où rien ne va plus, des jours où « y en a marre ! ». Cela n’arrive pas qu’à nous, mais aussi à des titans de la foi comme le prophète Élie, vers 850 avant J.C.
Dans la première lecture ( 1 R 19, 5-8), Élie est traqué par les pouvoirs politiques : après des règnes de rois fidèles à Yahvé, succède une dynastie qui ne croit plus en Yahvé ; mais à cette époque l’apostasie ne concernait pas seulement la foi ; la majorité des peuples environnants rendait un culte à un Baal local. C’était le cas pour le roi Achab (874- 853) et son épouse Jézabel qui imposaient, sous peine de mort, le culte idolâtrique de Baal à tous les sujets d’Israël.
Le prophète Élie est en plein dépression. Au bout du rouleau, il a perdu le goût de vivre et veut mourir. C’était un des rares à rester fidèle à Yahvé le dieu des Pères. Son expérience humaine est impressionnante : c’est au moment même où pour lui la vie ne semble plus avoir de sens, qu’il va trouver la force, avec l’aide de Dieu, de puiser en lui-même des ressources insoupçonnées pour continuer à avancer et rencontrer Dieu à l’Horeb
A la suite d’Élie, un croyant chante dans le psaume 33 toute sa relation de confiance avec Yahvé : C’est un authentique mystique :« Je bénirai le Seigneur en tout temps ; sa louange sans cesse à mes lèvres». Il n’est pas seul, mais appartient à une communauté de pauvres «magnifieurs du Seigneur». Certes, Il traverse des angoisses, mais Dieu le délivre de toutes ses frayeurs. Il fait l’expérience de la « saveur de Dieu » oui, pour lui, Dieu a du goût et lui a le goût de Dieu.
Le disciple de Paul, auteur de l’Épître aux Éphésiens (Ep 4, 30-5,2) analyse l’expérience chrétienne : Gravés par l’ Esprit, vivons de cette vie Divine en nous, qui nous habite et qui explosera le jour de « notre Délivrance » : cette vie divine est faite de générosité, de tendresse et de pardon ; Le Christ nous donne l’exemple d’une vie divine dans une vie humaine. Elle est aux antipodes des fourberies du « Malin » qui sont à l’inverse de la vie précédente : embrouilles, rancœurs, jalousies … Ce sont vraiment deux voies opposées.
Dans l’évangile (Jean 6,41-51) le chapitre sur le pain de vie, les contemporains de Jésus sont « scandalisés » par Jésus On les comprend. On peut imaginer les ragots concernant la carrière de Jésus : Normalement, un fils d’artisan reprenait le métier de son père ; Jésus aurait dû être charpentier, comme son père, un métier qui lui assurait une position sociale reconnue, comme artisan, même si elle n’était pas très élevée dans l’échelle sociale. Sans doute, Joseph lui apprit-il le travail du bois durant sa jeunesse. On parle de Jésus « le fils du charpentier ». Jésus aurait dû reprendre le métier de charpentier, or il ne semble pas en avoir été question pour la carrière de Jésus. On peut même imaginer les ragots évoqués dans ce texte de Jean : « vous savez, le fils de Joseph et de Marie, il déraille, non seulement il ne reprend pas le métier de son père, mais il quitte le village, sa famille et part sur les routes prêcher une soi-disant Bonne Nouvelle », alors qu’il n’a pas eu de formation reconnue pour cela, ni comme scribe ou prêtre. Certes, on raconte, qu’il fait des miracles, guérit des malades et même donne à manger à des foules ; mais de là, qu’il se prétende « pain descendu du ciel !". On comprend le scandale des voisins. Ce scandale est à creuser pour nous ; Nous sommes tellement habitués à dire Jésus Christ, Fils de Dieu, « Christ, mort et ressuscité » que l’énormité de sa « carrière », y compris sa mort et sa résurrection ne nous apparaît plus ; celle-ci risque de se banaliser, si nous ne la réveillons pas par la méditation collective dans des groupes de prières. Le texte nous dit que cet acte de foi en Jésus Christ ne vient pas de notre intelligence personnelle ou de nos traditions familiales. Elle est un don du Père : « (les croyants) sont instruits par Dieu lui-même ».
Les plus âgés d’entre nous qui ont connu la guerre, savent l’importance de la nourriture. Aujourd’hui encore, un nombre important de gens ne mangent pas à leur faim ; des enfants meurent de malnutrition. Qu’en est -il pour la nourriture spirituelle, la nourriture de notre foi ? Est-ce vraiment une préoccupation lancinante comme peut l’être la quête de la nourriture matérielle. Avons-nous réellement faim du pain de vie ? De même que la foi nous dit qu’en l’homme Jésus, vit le Fils de Dieu, sachons nous reconnaître dans l’Eucharistie le « Pain de Vie »?
Antoine Duprez,