« Chez nous » c’est le Paradis !
En guise de méditation pour le dimanche 25 août 2013, j’ai publié à propos de l’évangile Luc 13,22-30 le petit texte suivant :
Êtes-vous déjà allé à Paris en train ? Dans la gare, avez-vous pris le métro ou le RER ? Oui ?
Alors vous connaissez la joie du portillon de péage et vous savez ce que veut dire « passer par la porte étroite » avec une valise dans chaque main !
Plus sérieusement, cette petite « parabole » nous rappelle que nous trimballons tous nos « valises de la vie », qui nous rassurent, qui nous fatiguent, mais qui sont inséparables de notre être profond.
Et Jésus nous dit que si nous voulons entrer dans son Royaume il faut nous alléger. Il sait que c’est dur, puisqu’il parle de lutter (et non de s’efforcer) pour y entrer !
La lutte pour la vie, le struggle for life, est vraie aussi pour la vie éternelle ! Nos aïeux le savaient bien, eux qui parlaient de repos éternel…
Le 26 août on fête saint Césaire, évêque d’Arles, dont nous avons choisi une phrase pour l’exergue de notre blog, exergue qui résonne très fort avec l’évangile d’aujourd’hui : Nous qui sommes des voyageurs en ce siècle, nous devons nous rappeler continuellement que nous ne sommes pas encore arrivés chez nous.
Chez nous, c’est le Paradis !
o O o
Fanfan, une lectrice ô combien assidue de G&S m’a envoyé à ce sujet les remarques suivantes :
Bonjour René Guyon,
Je croyais que le Paradis commençait sur terre !
Un peu comme pour voyager par le train (par exemple) vous préparez votre voyage en achetant votre billet à l'avance
(c'est un peu moins cher) en bouclant le jour J vos valises... et en vous faisant conduire à la gare en taxi, ou par une tierce personne de votre connaissance si vous ne voulez pas
laisser votre voiture trop longtemps dans un parking surveillé ...
Personnellement je pense que le Paradis c'est la boucle bouclée... Je prie Saint Césaire, évêque d'Arles, de bien vouloir excuser l'outrecuidance de mon propos... Car lorsque j'étais enfant, on nous faisait chanter :
Chez nous soyez Reine, nous sommes à vous
Régnez en souveraine
Chez nous, Chez nous
Soyez la madone qu'on prie à genoux,
Qui sourit et pardonne,
Chez nous, Chez nous…
Alors c'est où "chez nous" cher René Guyon ?
Bon je vous l'accorde, avec mon exemple je joue une partition un peu fausse note pour ne pas écrire faux c... !
Car le dernier couplet est celui-ci :
À notre heure dernière
Accueillez dans les cieux
À la maison du Père
Notre retour joyeux...
Donc le chez nous ce serait la maison du Père ?
Allez les enfants, poussez pas il y en aura pour tout le monde.
Amicalement
Fanfan
o O o
Ce petit texte plein de vie et d’humour m’a donné envie de regarder de plus près cette expression
chez nous pour vérifier que je n’étais pas complètement dans
l’erreur !
Pour aller au plus facile en ces temps de canicule, j’ai donc regardé si le même Luc l’utilise dans son évangile… et je n’ai pas été déçu !
Je cite : « Entre nous et vous un grand abîme a été fixé, afin que ceux qui voudraient passer d'ici chez vous ne le puissent, et qu'on ne traverse pas non plus de là-bas chez nous. »
Vous avez sans doute (ou peut-être) reconnu le texte dit du pauvre Lazare (Luc 16,19-30), parabole d’un mendiant qui est à la porte d’un riche qui ne lui donne jamais rien. À leur mort le pauvre est emporté par les anges « dans le sein d’Abraham » et le riche va dans l’Hadès, où il est « en proie à des tortures ».
Le riche demande alors à Abraham de le délivrer de ses tourments en envoyant le pauvre Lazare auprès de lui pour lui rafraîchir la langue.
La réponse d’Abraham est bien connue : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement ses maux ; maintenant ici il est consolé, et toi tu es tourmenté. Ce n'est pas tout… » Suit la phrase reproduite ci-dessus sur l’impossibilité de passer du sein d’Abraham à l’Hadès et réciproquement.
Il est donc évident que dans cette parabole « chez nous » qualifie le « sein d’Abraham », lieu de félicité éternelle, par opposition au « chez vous » adressé à l’homme prisonnier de l’Hadès.
Je confirme : « Chez nous » c’est le Paradis, et je signe…
René Guyon