Éditorial

Publié le par G&S


Garrigues & Sentiers on the Net
Dossier n° 24

Image titreLe titre de ce 24e dossier de notre blog est en forme de clin d’œil. Car il suffit d’ajouter un E à « capital » pour reconnaître le slogan qui préside à tant de manifestations dans notre région en cette année 2013 où Marseille et la Provence sont « capitale européenne de la Culture. »

C’est là une façon de nous associer à notre modeste mesure à l’événement. D’inviter aussi à le prolonger car, une fois les lampions de la fête éteints, demeureront des « investissements culturels », comme on dit aujourd’hui, qui valent d’être visités et revisités : le MuCEM, le musée d’Histoire de la Ville et celui de Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille, le musée d’Arles antique agrandi et bien d’autres établissements culturels – la liste n’est pas limitative. Puissent-ils vous donner, amis lecteurs, le goût de les découvrir et d’emprunter pour cela, autrement que sur la toile, les sentiers de nos garrigues !

Mais puisqu’en ce mois de novembre est (presque) venu le temps du bilan, il convient aussi de se demander : Mais où est passée la Provence ? comme le fait Laurent-Sébastien Fournier dans un article où il s’interroge sur les raisons de la « quasi-invisibilité de la culture proprement provençale » dans les manifestations de « Marseille-Provence 2013 », et envisage les moyens pour éviter à l’avenir une telle carence. Ce qui passe notamment par l’école et l’engagement des enseignants comme le montrent deux contributions complémentaires.

L’une, de François Courtray, souligne que Parlar occitan a l’escòla est le fait quotidien de nombre d’écoliers des Bouches-du-Rhône grâce à une initiative originale, celle des Centres d’enseignement continu de la langue régionale. L’autre pointe combien un autre projet pédagogique – la découverte du passé de leur cité par des enfants d’immigrés des quartiers Nord de Marseille – a constitué pour eux « un facteur de stimulation dans la construction d’une culture commune », deux mots qui prennent dans le cas présent un relief particulier. Non seulement parce que la cité visée par le projet a été construite à l’emplacement d’un ancien couvent, mais aussi parce que ce sont des maîtres de l’école laïque qui en ont enseigné l’histoire à leurs élèves dont la plupart sont musulmans. De là le titre à première vue surprenant que Pierre Blache a donné à cette contribution : Et si nous parlions de laïcité ?. Rien d’étonnant pourtant à cela quand la laïcité, selon son étymologie qui la rattache au mot « peuple », est synonyme de « vivre ensemble » ?

En quoi elle participe pleinement de la culture, cette « manière dont un groupe conçoit et exprime ses relations internes et ses relations avec le monde », ainsi que la définit Alain Barthélemy-Vigouroux dans un article, Culture, civilisation, savoir qui constitue dans ce dossier un point nodal commandant deux autres contributions où sont illustrés les termes de cette définition.

S’agissant de la culture comme manière de relation avec le monde, l’article de Jacques Lefur, Le cinéma, reflet culturel d’une époque, prend appui sur trois films récents dont il nous livre une analyse en forme de ces « coups de cœur » qu’il nous fait partager régulièrement dans ce blog. Et pour l’expression de la culture comme relation interne – mais aussi rayonnement universel – d’un groupe, quel meilleur exemple imaginer que celui que nous offre Marcel Goldenberg qui nous a fait l’amitié de traiter de façon pénétrante des Cultures juives un terme qui ne saurait en ce cas qu’être pluriel. Comment douter après cela que « la culture, c’est capital » ?

Pourtant beaucoup de chrétiens, et singulièrement de catholiques, ont longtemps eu pour la culture de leur temps un sentiment que résumerait assez bien le « Je t’aime… moi non plus » de la chanson de S. Gainsbourg contre laquelle avait tonné en son temps l’Ossevatore romano. À preuve l’article de Marcel Bernos, Entre culture, foi et politique, qui traite du Dictionnaire pratique des connaissances religieuses, une encyclopédie culturelle pour « les clercs en charge d’âme disposant de moins de temps pour des études approfondies » publiée entre 1924 et 1933 sous la direction de l’abbé Bricout. Il nous donne le plaisir de feuilleter les pages un peu jaunies de cette dizaine de volumes et d’y découvrir leurs notices délicieusement « rétro » – ou « vintage », comme il est de mode de dire maintenant.

Pour autant, la tonalité de ces pages appartient-elle à un passé totalement révolu ? On aimerait en être sûr, d’autant que le début du pontificat du pape François invite les catholiques à porter sur la culture de leur temps un autre regard que leurs grands-parents. Chose qu’illustre un dernier article dû à Nathalie Gadea, Habiter notre culture et annoncer l’Évangile, que nous avons déjà mis en ligne sur notre blog comme « bonne feuille » de ce dossier. Retenons-en la fine pointe : « Quant aux chrétiens, qu’ils aient le goût d’habiter pleinement le monde et la culture qui est leur. Nous n’en avons pas d’autre à notre disposition. » Et surtout faisons nôtre l’ardente obligation qui ressort de ces quelques mots car ils expriment très précisément l’« ici et maintenant » de la mission à laquelle chaque fidèle est appelé par son baptême.

 G&S

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