Jésus le Nazaréen visage humain de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Effectivement, Jésus annonçait un Dieu proche et bienveillant envers les humains. Mais ceci était le résultat de son action de libération envers ceux que la religion de ce temps opprimait et aliénait avec ses nombreux rites de purification dont beaucoup étaient exclus. Jésus guérissait les malades dont les religieux croyaient qu’ils l’étaient à cause de leur péché, Jésus n’hésitait pas à se rendre impur lui-même en touchant et en se laissant toucher par des gens dont le livre du Lévitique ordonnait de s’en tenir écarté. Jésus partageait ses repas avec les pécheurs et les collecteurs d’impôts qui étaient méprisés par les bien-pensants et les hommes de religion. C’est ainsi que Jésus libérait les exclus afin qu’ils puissent avoir accès au Dieu bienveillant qui était le sien et accéder ainsi à une vie meilleure.

Un homme de Galilée

Il ne faut pas renverser le problème en partant de l’idée que le but de Jésus était, de toute éternité, de nous révéler un Dieu proche des hommes. Que savons-nous des intentions de Dieu ? En faisant cela, on déshumanise Jésus en faisant comme s’il avait connu sa mission avant même sa naissance dans sa préexistence de Fils éternel au sein de la Trinité. Durant sa vie cachée, il découvrit lui-même le sort injuste qui était réservé à certains membres de son peuple et on élimine la tension entre le Christ ressuscité et l’homme de Galilée qui mourut assassiné par les autorités religieuses du Temple de Jérusalem.
Jésus est déjà hors de l’histoire par la conscience divinement omnisciente que lui prête cette interprétation théologique. Non, l’homme de Nazareth a progressivement découvert sa mission en constatant l’état de servitude et d’aliénation qui était réservé aux pauvres de son temps. C’est d’abord par sa praxis libératrice que Jésus nous révèle un Dieu proche des humains. Sur la croix, Jésus ira jusqu’à être identifié à tous les rejetés et les parias du monde, car il va mourir comme « un maudit » ainsi que Paul l’affirme dans son épître aux Galates 3, 13 : « Maudit est celui qui est pendu au bois. »

 

Jésus n’est pas venu du ciel

Il ne faut pas faire de Jésus un être céleste descendu sur terre, car il fut un homme comme nous – porteur de l’Esprit de Dieu avec une intensité d’exception – qui eut à découvrir son chemin dans la contingence de son être et de son époque. Autrefois, on disait qu’il était venu souffrir et mourir pour sauver les hommes ; dire que sa mission était de nous révéler un Dieu aimant procède de la même théologie abstraite bien que le résultat soit plus en harmonie avec son action et sa prédication.

Je pense que cet oubli de l’épaisseur humaine de Jésus provient de ce que l’on a fait de lui le Fils Éternel descendu du ciel pour accomplir une mission conçue de toute éternité par Dieu, mission qu’il n’avait plus qu’à exécuter fidèlement et conformément à la volonté du Père. Il y a là un docétisme monophysite caché qui nie la véritable humanité de celui que ses disciples ont reconnu comme le Christ. Le Dieu transcendant est présent en nous comme il était présent en Jésus. C’est dans l’après-coup et la mémoire de ce que fut la vie et les choix de Jésus que les pèlerins d’Emmaüs ont pu reconnaître celui que Dieu avait ressuscité.

Michel Leconte

Sources : http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-libres-opinions/gl1731.htm

https://nsae.fr/2023/10/04/jesus-le-nazareen-visage-humain-de-dieu/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=newsletter-nsae_97

Publié dans Réflexions en chemin

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L
« Le Dieu transcendant est présent en nous comme il était présent en Jésus » : et si c’était là, effectivement, le seul article de foi à même de faire adhésion commune ? Celle qui se concentre sur la découverte initiale et exemplaire des pèlerins d’Emmaüs. Celle qui s’offre sur tous les sentiers parcourus en quête de lumières. <br /> L’article relie le Christ ressuscité et l’homme de Galilée. Cet homme qui, pour avoir progressivement découvert sa mission, mourut assassiné par les autorités religieuses du Temple de Jérusalem.<br /> En laissant une révélation dont on est tenté de se dire qu’elle aussi fut assassinée par toutes sortes d’autorités religieuses. Enterrée, non pas sous les pierres d’une lapidation, mais sous les dogmes émis par l’absolutisme de tous les prétendants à l’infaillibilité. <br /> Seul le D.ieu transcendant est infaillible. Et d’abord parce que l’amour qu’il donne est infaillible.
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P
Un livre intéressant sur une thématique voisine : <br /> LE DRAME INTERIEUR DE JESUS de Raymund Schwager, préface de Christoph Theobald, recensé par La Croix :<br /> La "mission" de Jésus, il la découvre progressivement au contact de l’Écriture de l'époque, l’Ancien Testament. Et sur l'auteur :<br /> <br /> "En réalité, sa méthode est théologique. Elle cherche à éclairer la vie de Jésus à la lumière de l’Ancien Testament. Pour justifier ce choix, Schwager invoque ce qu’il désigne comme « le principe de base inhérent à la grande tradition théologique », selon lequel tout l’Ancien Testament trouve son accomplissement dans le Christ. « Partant de ce présupposé, précise-il, il doit être fondamentalement légitime de retracer l’expérience, le message et le destin de Jésus sur l’arrière-plan des expériences de foi de l’Ancien Testament, et en confrontation avec elles. »<br /> <br /> Bonne lecture !
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H
Après avoir suivi le catéchisme des années 1950, et m'être un peu éloigné de la pratique à l'adolescence (comme beaucoup), j’ai retrouvé Jésus à 19 ans en lisant la "Vie de Jésus" d'Ernest Renan. Je recommande aussi le livre du Jésuite José-Antonio Pagola "Jésus, approche historique". Il est clair que Jésus a prioritairement annoncé la Bonne Nouvelle aux pauvres (et aux opprimés de toutes sortes). Il a dénoncé les inégalités de son temps et l'hypocrisie des puissants (prêtres et lévites) et des pharisiens, qu’il s'est mis à dos sciemment (comme nombre de prophètes avant lui). A la fin de son parcours, il s'est attaqué au "pognon" du Temple, en chassant les "marchands" : il a osé toucher au "grisbi" sur lequel les grands prêtres touchaient de confortables parts qui leur permettaient de vivre dans des palais. Cela a été la "goutte d'eau qui a fait déborder le vase" et décidé les Grands Prêtres à le condamner à mort, sous le faux prétexte de blasphème (utilisé encore facilement de nos jours quand on veut se débarrasser d'un gêneur).<br /> Quant à Dieu : qui sait exactement ce qu’il est ? Benoît XVI a écrit une encyclique intitulée « Dieu est Amour ». Pour moi, l’amour est l’essence même de Dieu : Dieu EST amour. Jésus est l’incarnation parfaite de cet amour : il a l’Esprit d’amour en lui (alias Saint Esprit). Toute sa vie le démontre. Et il nous laissé sa philosophie de l’Amour avec le Chemin de Vie à suivre pour le salut de l’Humanité : « Aimer Dieu et son prochain ». Aimer Dieu c’est placer l’amour comme principe suprême de notre vie. Aimer son prochain, cela se trouve partout dans l’Evangile : notamment les Béatitudes et le chapitre 25 de Mathieu.<br /> La foi vient de « fides » qui veut dire fidélité (et confiance) : en Jésus et à son enseignement. Ce n’est pas un catalogue de croyances, ni de dogmes (et encore moins de rites). Jésus ajoute : ce ne sont pas ceux qui DISENT « Seigneur, Seigneur » qui entreront dans le Royaume, mais ceux qui FONT la volonté de mos Père. Isaïe ( 1,11-17) et Amos (6,21-24) disaient à peu près la même chose des siècles auparavant.<br /> Le Christianisme est facile à comprendre (les petits l’ont compris), mais plus difficile à mettre en pratique… (surtout pour les « riches »).
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G
Voici un texte bien hétérodoxe...<br /> Votre Jesus est tres humain et bien peu divin
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