Les premières réponses à notre questionnaire : Que dire, comme chrétiens, face à la montée des partis nationalistes ?

Publié le par Garrigues et Sentiers

Dès la mise en ligne de notre appel à nous interroger sur la réponse que nous pouvons donner comme chrétiens à la progression des paris nationalistes, nous avons reçu par retour de courriel trois réponses que nous vous partageons aussitôt. 
La première provient d’un internaute qui collabore occasionnellement à notre blog ; les deux autres sont le fait de lectrices qui, apportant un témoignage sur des réflexions menées au sein de petits groupes auxquels elles participent, ont souhaité de ce fait rester anonymes.
Par avance merci, amis internautes, d’apporter vous aussi vos contributions au débat qui s’est ouvert entre nous.
G & S

1.
Les réactions extrêmes sont toujours néfastes et parfois dangereuses. Ceci étant, on peut quelquefois les COMPRENDRE, situées dans leur contexte.

Chrétiens ou pas, nous avons tous le devoir de protéger un avenir harmonieux pour nous et nos petits enfants.

La progression exponentielle de la population africaine met en péril son avenir, ses réactions de survie et par là-même notre propre avenir européen.
L’absence de politique concertée et cohérente européenne est un sujet d’inquiétude.
Le wokisme actuel, véritable gangrène du monde universitaire occidental, ajoute à la déstabilisation de nos convictions traditionnelles.
Flagellation et auto-flagellation impriment un sentiment de fausse culpabilité et d’injustice…

Et puis l’exaspération :
Tous les colonisateurs n'ont pas été des négriers, pilleurs des richesses tropicales. L’occultation actuelle de l’importation de dispensaires, d’écoles, d’universités, d’hôpitaux, d’ingénieurs agronomes, d’enseignants, de milliards de Francs et de Livres investis pour l’aménagement des infrastructures portuaires et ferroviaires…Tout cela entraine un sentiment de passé historique manipulé, d’humiliation imméritée.
Cela lié au sentiment inattendu d’insécurité dû au terrorisme islamique fait monter depuis déjà quelque temps un besoin, justifié ou pas, de repli sur soi et du besoin d’un Etat fort et déterminé.
Force est de constater que les situations vécues ces dernières années n’allaient pas dans ce sens et que l’Eglise, comme souvent, a fait preuve d’angélisme. Notamment, le rapprochement hasardeux entre l’« accueil de l’Etranger » au temps de Jésus avec la situation en Méditerranée ou sur les 6 000 km de la frontière entre le Mexique et les USA au XXe siècle…

Alors, quelle alternative ?…
Si on veut éviter de se barricader en Europe, il parait urgent que les pays riches se concertent et se mobilisent pour apporter et suivre une aide massive à l’auto- développement de Afrique. De l’aide à la régulation des naissances, du développement de l’Enseignement, du développement industriel et agricole, de la santé, de la créativité.

Grâce au cadeau divin du libre arbitre et du don partagé de créativité, l’avenir de l’Homme est entre ses mains.

Robert Kaufmann

2.
Dans la campagne Lotoise très tranquille où les étrangers sont invisibles, le score du RN est très élevé.
Les partisans du RN veulent une France qui garde ses racines, qui soit bien identitaire.
Beaucoup montent en épingle un ou deux faits divers lointains. 
Les gens parlent tous d'insécurité. Ils veulent un régime autoritaire sans le dire expressément.
Beaucoup disent que le RN va résoudre leurs problèmes de fin de mois. Que les immigrés ont un régime social de faveur.

Les cathos d’ici défendent avant tout une France soucieuse de ses « valeurs », une France qui lutte contre les lois concernant la fin de vie et garantissant l’avortement, la PMA, le mariage et la bénédiction des couples homosexuels... Notre évêque avec qui nous avons parlé dernièrement s'accommode apparemment de la situation.
Veut-on sauver d'abord un certain catholicisme ?

Pour moi, l'idéologie sous-jacente du RN derrière un discours qui se veut rassurant est incompatible avec le message du Christ qui est un message d'accueil de l'autre, en particulier de celui qui ne nous ressemble pas.
Quand nous disons le Notre Père, et « que ton règne vienne » on se demande de quel règne il s'agit, et à quelle tentation nous pensons.

Heureusement que des responsables religieux parlent, je pense en particulier aux Protestants.

3.
Je réponds d’autant plus à cette interrogation qu’elle correspond à un questionnement permanent qui nourrit les échanges de ces chrétiens qui étudient les textes bibliques avec les outils d’analyse de notre temps et s’efforcent de décrypter les « signes du temps » ; je tiens donc à préciser que je ne le fais pas en mon nom personnel, raison pour laquelle mon nom n’a pas à figurer dans la transmission de ce témoignage.

Par ailleurs, il me semble utile de préciser que nos réflexions sont celles de personnes « senior » ayant reçu l’éducation du « monde d’avant », dans laquelle il était tenu compte de repères, de nuances et du respect d’autrui, éléments qui permettent des échanges bien souvent fructueux.

Nous avons donc remarqué que les textes de Sagesse contenus dans la Bible contiennent des principes fondamentaux, destinés à être transmis aux « générations futures ».
Notre société « cartésienne et rationnelle » ne nous permettant pas un « accès direct » au sens de ces textes, nous nous efforçons de travailler en groupe et ainsi de bénéficier des « approches plurielles » et de partager nos connaissances.
La réactivité, si prisée de nos jours, étant souvent manifestée au détriment de la réflexion, nous prenons en compte le « rapport au temps » de notre société, en remarquant à ce sujet qu’il a tout de même fallu plus de vingt siècles aux chrétiens pour reconnaître que les Juifs sont nos « frères aînés dans la Foi ».
Ainsi, une lecture « au plus près du texte » de la Genèse révèle que nos capacités de discernement risquent fort d’être perturbées par trois éléments : la confusion du Don avec le « dû » ; le refus des limites ; la convoitise. Nous pouvons d’ailleurs remarquer que la publicité active ces éléments en permanence (cf. « Parce que JE le vaux bien » !…).

Nous sommes conscients que notre compréhension des choses s’affine au cours du temps, grâce à nos lectures, nos échanges, et les enseignements que nous pouvons tirer de nos expériences et de nos erreurs (à condition de les reconnaître). 
La prise en compte du « temps long » permet de reconnaître dans toute épreuve une opportunité de transformation.
L’épreuve majeure que nous connaissons risque de peser plus lourd sur ceux et celles de nos concitoyens qui étant en souffrance se sont laissé gagner par la peur (cette « mangeuse de liberté intérieure » ainsi nommée par Anne Lécu).

Les chrétiens que nous sommes sont donc, plus que d’autres, rappelés à l’exercice de leur responsabilité personnelle, en se fondant sur le verset du Livre de Qohélet (l’Ecclésiaste 9, 10, soit « Tout ce que ta main se trouve capable de faire, fais-le par tes propres forces »).

P. S. :
« Mon seul désir, en témoignant, c'est que vous trouviez confiance en vous-même, que vous soyez capable de vous engager en personne libre.
Restez fidèle à vous-même, ne vous désertez pas en croyant répondre à l'attente d'autrui sur vous, ou par peur d'être moins aimé.
Je vous invite à résister aux influences extérieures, à choisir vos sources d'information. N'avalez pas tout ce qu'on vous raconte comme vérité. Lorsque vous êtes témoins d'une situation que vous ressentez comme inacceptable, humainement injuste, faites-vous confiance. Discernez, choisissez et devenez responsables de vos choix. Transformez l'indifférence et l'ignorance – qui sont, pour moi, la mort de l'homme, la mort de l'humanité – en solidarité, en vie. (…)
Il vous reste maintenant, à imaginer, à œuvrer ensemble, à cultiver de vrais liens, avec moins de peur, pour retrouver l'espérance en l'humanité de l'homme, pour devenir des témoins vigilants, aujourd'hui, là où vous êtes. Vous êtes bâtisseurs et responsables de votre devenir. »

Ce texte de Magda Hollander-Lafon a été distribué lors de ses rencontres avec les quelques 50 000 lycéens ou collégiens auprès desquels elle a témoigné. A lire également dans Quatre petits bouts de pain, Albin Michel, 2012.

Marie Balmary relève d’autre part avec pertinence, dans son dernier livre publié, que la « faute », dans le texte de la Genèse, a été commise sous influence :

  • la femme (Ève) sous influence du serpent, qui a travesti la Parole d’origine (en l’interprétant de manière fautive) ;
  • l’homme, sous l’influence de la femme : « elle m’a dit de manger, j’ai mangé.. »

L’invitation de Magda Lafon adressée aux jeunes est plus que jamais d’actualité, le rôle des « influenceurs » sur les réseaux dits « sociaux » prenant des proportions inquiétantes.

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