A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

2ème dimanche ordinaire 14/01/2023

1 Samuel 3, 3b-10. 19 ; Ps 39 (40) ; Cor 6, 13c-15a. 17-20 ; Jn 1, 35-42

 Ce dimanche raconte des rencontres avec le Seigneur.

La 1ère lecture (1 Sam 1-4,18)  raconte  la mise à l’écart d’Eli et la montée du tout jeune  Samuel. La trajectoire d’Eli est tragique ; Il était prêtre au grand sanctuaire de Silo où on le voit accueillir et réconforter Anne qui se désole de ne pas avoir d’enfant. Pour donner suite à cette rencontre, « le Seigneur se souvint d’elle » (I Sam 1,19) et elle donnera naissance à Samuel le prophète. Eli était un bon prêtre, mais ses fils étaient des « vauriens » qui piquaient pour eux-mêmes les meilleures offrandes des sacrifices. Leur père leur fit des remontrances, mais n’eut pas le courage de rompre avec eux. Aussi un « homme de Dieu » lui annonce que Dieu va se retirer de la maison d’Eli et que ses deux fils mourront. Ce qui arriva. Néanmoins, Eli, même trahissant sa mission à cause de ses fils, sera le guide spirituel de Samuel, le jeune lévite qui va le remplacer. Il va faire preuve de discernement spirituel et comprendre et faire comprendre que la nuit, c’est Dieu qui appelle Samuel. Aussi va-t-il l’inciter à répondre à Yahvé. Belle leçon, notamment pour les personnes âgées qui ont pu être infidèles à leur mission du fait des compromissions de la vie, mais qui peuvent continuer à jouer un rôle de guide spirituel envers des plus jeunes.

Dans l’Épître, Paul (1 Cor 6,13-20) crie à ses corinthiens chéris que : « non tout n’est pas permis, y compris la débauche ». Depuis la résurrection de Jésus, la rencontre avec le Seigneur se fait dans nos corps par l’Esprit et non pas seulement dans les « âmes », comme le pensaient les Grecs pour qui, du même coup, la débauche avec le corps n’avait pas d’importance. « Le Seigneur est pour le corps, Dieu par sa puissance a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera nous aussi. Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint »  

L’Évangile évoque une cascade de mouvements et de rencontres, de regards et de paroles : Jean Baptiste est avec deux de ses disciples ; Jésus va et vient. Jean Baptiste le regarde et le désigne comme l’Agneau de Dieu ; ses disciples le quittent et suivent Jésus : « se retournant, il vit qu’ils le suivaient ; ils lui demandent : « que cherchez-vous ?» (On s’attendrait à « qui »). Ils le désignent comme « rabbi ». Jean, ou un disciple, traduit le terme araméen en grec. En traduisant « Maître », la liturgie infléchit le sens littéral du mot (1) mais respecte davantage celui du premier terme « Rabbi ». Le dialogue qui s’ensuit est étrange : « Où demeures-tu » ? : C’est la première parole de Jésus dans l’Évangile de Jean, « demeurer » est un thème essentiellement johannique (2). Jésus n’a pas de demeure terrestre ; mais Jean Baptiste atteste qu’il a vu l’Esprit demeurer sur lui (Jn 1,32). La foi suppose  une combinaison des jambes et des yeux, avec une dialectique du mouvement et de la demeure. «Ils vinrent et ils virent où il demeurait et ils restèrent »,
De même qu’André avait été « évangélisé » (amené au Seigneur) par Jean Baptiste, à son tour, il sera missionnaire pour Simon, son propre frère. Il l’est devenu par ce qu’il a entendu la parole de Jean Baptiste et suivi Jésus. Il va le devenir pour son frère Simon : il témoigne : « nous avons trouvé le Messie », il l’amène à Jésus et c’est la rencontre avec Jésus qui le regarde et lui donne un nouveau nom, « Pierre » nom qui évoque la solidité sur laquelle on peut bâtir. Ce changement de nom (3)
 est signe que cette rencontre est décisive, avec une nouvelle mission. Rien n’est dit du contenu de l’entretien. Seul le résultat est raconté ; ils demeurent là où Jésus lui-même demeure. La dixième heure serait d’après des exégètes l’heure de l’accomplissement. Dans les synoptiques, André et Pierre rencontrent ensemble Jésus ; dans Jean, Pierre rencontre Jésus par l’intermédiaire d’André, ce qui ne nuira en rien au rôle de premier plan qu’il jouera parmi ses disciples. La rencontre avec le Seigneur se fait dans la vie courante, par l’intermédiaire des « prochains », proches du Seigneur, proches des autres. Ce n’est pas une rencontre que l’on peut garder pour soi ; mais cela signifie à la fois d’avoir ce discernement spirituel pour reconnaître le Seigneur, avec le courage et la simplicité de dire aux proches  la  bonne nouvelle de  cette rencontre. Ces deux qualités ne sont pas évidentes dans la vie moderne, mais constituent une fonction essentielle des communautés chrétiennes : se partager la bonne nouvelle de la rencontre du Seigneur.

Antoine Duprez

(1) « didaskale » insiste plus sur la transmission d’un savoir (« enseignant) ; Certes, le rabbin enseignait la loi mais le disciple qui le suivait cherchait aussi tout un mode de vie, une «  sagesse » et pas seulement des connaissances.

(2)  3 fois chez Mt, 2 chez Mc , 7 chez Luc, 40 fois chez Jean., surtout au sens de demeurer en quelqu’un, notamment demeurer en Jésus ou la parole qui demeure en quelqu’un. C’est la suite du thème du Temple qui pour les Juifs signifiait la « demeure de Dieu ». Jésus , pour les chrétiens a pris le relais : c’est en lui que demeure le Père et en lui que nous demeurons.

(2) Chez les sémites, le nom indique l’essence du personnage. Le changement de nom  a une signification importante et désigne une nouvelle fonction : cf Abram changé en Abraham, «  le père de nombreux ».

(3) 16 heures : l’heure après la sieste en Palestine et où l’on commence à reprendre des activités !


 

 

 


 



 

 


 

 

 

 


 



 

 

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