A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

2ème dimanche de l'Avent 10/12/2023

Is 40, 1-5. 9-11 ; Ps 84 (85) ; 2P 3, 8-14 ; Mc 1, 1-8

 

Ce deuxième dimanche de l’Avent est encore centré sur l’Adventus, l’avènement : il faut bien cinq semaines, la durée de l’Avent, pour préparer des événements de cette importance. Car « adventus » ne se traduit pas par « attente » mais par « advenue », de la même racine que le mot « avènement ». L’ Adventus signifiait, dans la civilisation gréco-romaine, la venue du Roi dans une ville. C’était une fête grandiose ; ainsi la ville d’Aix-en-Provence avait fait construire un magnifique beffroi pour fêter la venue de Louis XIV dans la ville. Des fêtes fastueuses eurent lieu en son honneur. C’est d'une fête de cette importance qu’il s’agit pour l’ « Adventus » puisqu’il s’agit de la venue de Dieu sur terre : cinq semaines de préparation, sur un plan personnel et collectif, ne sont pas de trop pour accueillir la venue du Seigneur ! Les festivités commerciales qui commencent dès fin novembre dans les villes sont une survivance profane de cette préparation de Noël pour les croyants.

 

La 1ère lecture (Is 40, 1-5. 9-11) est tirée du deuxième Isaïe (Is 40-55). Ce prophète ou plutôt cette école prophétique annonce, grâce à la victoire perse de Cyrus, la fin de l’oppresseur babylonien : l’exil à Babylone allait se terminer. Il avait duré de 587 à 538, près de cinquante ans pour certains exilés. Beaucoup de ceux-ci étaient morts en captivité. Les survivants allaient pouvoir enfin retourner chez eux. Ceux qui, comme moi, ont vécu la défaite de 1940 et la libération de 1945 ont connu au plus profond d’eux-mêmes la joie extraordinaire qui nous a envahis, individuellement et collectivement, lors de la Libération et du retour des prisonniers. Un peuple en fête est une expérience qui laisse des traces avec la victoire alliée, la Libération en 1945, cet Adventus attendu pendant cinq ans (1).

Le psaume 84(85), 9ss continue à célébrer Dieu qui vient sauver son peuple. La terre elle-même est transformée par cette rencontre du Dieu qui vient : « Amour et vérité se rencontrent. Justice et paix s’embrassent ». Paul en 1Cor 15 annoncera que, lors du salut final, la « Création, elle-même sera transformée ».

 

L’épître tirée de la 2e Lettre de Pierre (2P 3,8-14) parle du « Jour du Seigneur » qui doit revenir à la fin des temps. Contrairement à ce que prétendent de mauvaises langues, il viendra : s’il tarde, c’est pour nous permettre de nous convertir. Utilisant les images apocalyptiques de son époque, Pierre essaie de décrire cette fin des temps comme la disparition, la « dissolution » des cieux et de la terre anciennes. Ce qui l’intéresse n’est pas tant le « comment » que  personne ne connaît, pas même le Fils, mais le fait que ce jour arrivera. Pour le « comment », on ne peut que reprendre les imageries et scénarios de l’époque. En conclusion, soyez prêts pour être sans défaut et sans tache quand arriveront le ciel et la terre nouvelles promises.

 

L’Évangile est emprunté au début de l’évangile de Marc (1, 1-8) : « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu ». D’emblée, Marc affirme sa foi en Jésus Christ Seigneur. Il n’emploie que rarement le terme Fils de Dieu au sens fort : ici dans le début de l’Évangile, en 1, 2 lors du baptême 1, 11, lors de la transfiguration (Mc 9, 7), et à la fin dans la bouche du centurion païen ( Mc 15, 9) : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu ». Tout l’éclairage du texte est centré ici sur Jean Baptiste, le dernier prophète de l’Ancien Testament qui précède Jésus. Les rapports entre Jésus et Jean Baptiste sont complexes et surtout, plus tardivement, entre leurs disciples respectifs. Car Jésus a bien été disciple de Jean Baptiste et baptisé par lui ; mais il s’est démarqué de lui, car son évangile n’était pas d’abord un évangile de pénitence mais de pardon et d’amour. Au début du christianisme, les premières communautés chrétiennes ont dû se distinguer des nombreuses sectes baptistes existantes. Mais Jean Baptiste, pour les communautés primitives, est toujours resté le dernier prophète qui a annoncé et fait reconnaître Jésus : « Moi je vous ai baptisés avec de l’eau, lui vous baptisera avec l’ Esprit (Lc 3,4-6) ».

 

Tous les textes de ce deuxième dimanche ont pour but de réveiller notre attente : l’événement que vous attendez, la venue du Seigneur va arriver et transformer votre vie. Ne dormons pas : le chrétien est celui qui ne vit qu’à travers notre existence actuelle mais se déroule un enjeu beaucoup plus important : derrière elle, se vit une vie qui vient de bien plus loin et va beaucoup plus loin que ce que l’on peut en saisir, la vie même de Dieu qui se joue aujourd’hui mais contient en elle un futur déjà présent : le veilleur est encore dans la nuit, mais il annonce l’aurore.

Antoine Duprez,

 

(1) Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de connaître cette joie, la ferveur qui saisit une foule lors d’une coupe du monde de football ou de rugby peut évoquer un peu cette joie collective partagée par tous les participants.

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