Les quatre « D »

Publié le par Garrigues et Sentiers

Photo Lil Artsy sur Pexels

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Droits de l’homme
Bientôt les soixante-quinze ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948. Un cri fut lancé, après l’horreur des soixante millions de morts de la Shoah, de la bombe atomique : « La méconnaissance des droits de l’homme a conduit à des actes de barbarie ». Un programme fondé sur un « acte de foi en la dignité de la personne ». Des droits et devoirs furent codifiés, des institutions mondiales et nationales créées, un droit de la guerre promulgué ; même une Cour Pénale pour juger les crimes les plus graves. Pas un remède miracle mais un garde-fou contre la tentation de déshumanisation qui nous guette.

Dérisoire
Tout cela semble aujourd’hui dérisoire parce que largement inefficace. Les guerres ravagent nombre de pays et les actes terroristes se multiplient. Un gouvernement bombarde et tue des civils jusque dans un hôpital. La faim progresse ainsi que les inégalités. Les équilibres écologiques s’effondrent à cause de la quête du profit maximal. Les appels à un peu d’humanité ne sont pas entendus. Pire, ils sont jugés lâches. Comment mesurer les dégâts que cause cette dérision vis-à-vis de la promesse d’un minimum de respect de l’autre, aussi ennemi soit-il ? C’est la conscience humaine qui est gravement atteinte.

Désespoir
L’un des symptômes de cette maladie : le désespoir qui explose ouvertement ou discrètement. Les candidats les plus démagogues sont élus, consacrant le dévoiement de l’acte dans le « Sauve qui peut ! » généralisé. Les groupes d’action ou de pensée, les familles spirituelles peinent à résister au repli identitaire plus « sûr » dans un monde en « plein désordre ».

Dignité
Au cœur de tels bouleversements, faisons, ensemble, le choix de la dignité pour construire la vie de la communauté universelle. Non grâce à nos capacités mais au courage de ceux et celles qui choisissent la dignité de la personne. Ils, elles résistent et interdisent la dérision destructrice, comme le désespoir infécond. Faisons ce choix avec les larmes des enfants de Gaza et d’Israël, la frêle ténacité des résistants ukrainiens ou ouïghours, le sourire blessé des femmes afghanes ou iraniennes, la volonté des paysans africains qui « inventent », l’espoir désespéré des migrants, le courage fragile de la société civile, de certains responsables politiques et des artisans de paix, la volonté de tant d’exclus aidant plus pauvres qu’eux.
Ils incarnent le choix prometteur de la dignité humaine, fait il y a soixante-quinze ans. Oui, cet « idéal à atteindre » par toute l’humanité est en construction. Rejoignons le chantier… tels des « ouvriers de la dernière heure ». Il (ils) nous « embauche(nt) » !

Guy Aurenche

Source : https://saintmerry-hors-les-murs.com/2023/11/22/les-quatre-d/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=saint-merry-hors-les-murs-lettre-d-info-n-18

Publié dans Réflexions en chemin

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M
Comment ne pas suivre Guy Aurenche confirmé par Monsieur Levy ? Se pose alors la pertinence de l’espérance chrétienne. Que signifie notre espérance ?<br /> <br /> Deux voies d’espoir sont décelables. La première : grâce à nous le monde va de mieux en mieux, l’avenir est radieux, même s’il est caché. Ce sont des idéologies des 19ème et 20ème siècles qui, à force de vouloir imposer cet avenir aux pauvres hommes sceptiques, ont fini en horreurs. C’est encore l’idéologie du « néo-libéralisme », des chantres de la technologie. Ces utopies sont nécessaires pour avancer, mais à condition de les concevoir comme des utopies. C’est quand elles deviennent le culte de « Saint Prométhée » qu’elles nous trompent. En face, la seconde voie, le mythe de Sisyphe, le désespoir, il n’y aurait plus qu’à se sauver comme on peut, à survivre, sans illusions. Utopie aussi, qui a l’avantage de nous éclairer, mais qui doit être traitée comme une utopie.<br /> L’espérance chrétienne est-elle une utopie aussi ? A quoi mène-t-elle ? Elle est la confiance en la fidélité du « Dieu de la Promesse ». Promesse faite à Abraham et répétée concrètement dans la personne du Christ. La Promesse ouvre une autre Histoire qui se terminera à la Parousie. Nous sommes dans le temps de « l’avant-dernière Histoire » (réalités « avant-dernières » de D. Bonhoeffer). Tout n’est pas achevé par la Résurrection du Christ. Sa Résurrection est l’origine de la vie ressuscitée de tous les croyants (et non un simple premier cas de résurrection finale). Elle est le début d’un processus, pas la fin. Le Christ ad-vient, il n’est pas présence éternelle et immobile parmi nous. Nous sommes plongés dans l’histoire humaine d’aujourd’hui, mais nous savons que tout n’est pas dit.<br /> L’identité du Ressuscité et du Crucifié est le cœur de notre espérance. La Révélation ne se trouve pas dans la vie de Jésus ou sa destinée, elle est dans le lien entre le Crucifié et le Ressuscité, dans l’identité de Jésus au sein de la différence entre la Croix et la Résurrection. Ce passage de l’une à l’autre est la confirmation de la Promesse de Dieu réalisant la « nouvelle création » de toutes choses.<br /> La Promesse n’est pas un éclairage sur le monde (qui ne serait vraiment pas crédible), elle vient en contradiction avec la réalité présente pour inaugurer un processus en vue de l’avenir du Christ pour le monde.<br /> La révélation de la promesse ne fait pas abstraction du négatif. La vie qu’elle inaugure ne recule pas devant la souffrance et la mort, elle ne se conçoit pas hors de la dévastation que nous vivons, elle supporte la mort. C’est une vie ici et maintenant, tendue par « l’ad-vènement » du Christ.<br /> Notre espérance devient alors le moteur de notre action parmi les hommes pour les sauver de la souffrance et de la mort, sachant que c’est au cœur de cette réalité que Dieu agit pour attirer tout en Lui.
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L
Merci à Guy Aurenche et à Garrigues & Sentiers pour ce balisage de ce qui est sans doute, dans l'explosion d'horreur et de haine qui étourdit et terrorise le monde, le seul chemin du "garder l'espoir". Un tracé dont les panneaux indicateurs ne pouvaient aboutir qu'à la conclusion de l'article en forme d'appel aux solidarités humaines : " Faisons ce choix avec les larmes des enfants de Gaza et d’Israël, la frêle ténacité des résistants ukrainiens ou ouïghours, le sourire blessé des femmes afghanes ou iraniennes, la volonté des paysans africains qui « inventent », l’espoir désespéré des migrants, le courage fragile de la société civile, de certains responsables politiques et des artisans de paix, la volonté de tant d’exclus aidant plus pauvres qu’eux ".
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