Le pape met en garde les Pères synodaux contre les « batailles idéologiques » et la polarisation

Publié le par Garrigues et Sentiers

« Nous ne sommes pas ici pour tenir une réunion parlementaire ou un plan de réforme ».

« Nous ne sommes pas ici pour tenir une réunion parlementaire ou un plan de réforme ».

Unité, unité, unité. Tel est le souhait du pape pour l’Église, bien qu’il ait été une nouvelle fois critiqué par les conservateurs à la veille du synode. Mais François maintient le cap et, en ouvrant mercredi la réunion qui rassemblera des laïcs et des religieux du monde entier jusqu’au 29 octobre, il a une nouvelle fois rejeté les « batailles idéologiques » au sein de l’Église.

« Chers frères cardinaux, frères évêques, frères et sœurs, nous sommes à l’ouverture de l’Assemblée synodale. Et il ne nous sert à rien d’avoir une vision immanente, faite de stratégies humaines, de calculs politiques ou de batailles idéologiques », a déclaré mercredi le souverain pontife dans son homélie d’ouverture, ajoutant qu’« il ne s’agit pas de savoir si le Synode ouvrira telle ou telle porte ou donnera telle ou telle autorisation ».

« Nous ne sommes pas ici pour tenir une réunion parlementaire ou un plan de réforme », leur a-t-il dit, après avoir reçu cette semaine un message fort de la part de cinq cardinaux conservateurs qui critiquent les questions qui seront abordées par le Synode (1). L’encre est encore fraîche sur la lettre des « Cinq » qui, sous l’apparente neutralité théologique des « dubia », ont cherché à mettre le Pape au défi de polariser la rencontre, en vain.

Ainsi, il a demandé aux participants de se tenir à l’écart de « certaines tentations dangereuses : celle d’être une Église rigide, qui se protège du monde et se tourne vers le passé ; celle d’être une Église tiède, qui se soumet aux modes du monde ; celle d’être une Église fatiguée, repliée sur elle-même ».

Le Synode « n’est pas une réunion politique, mais une convocation dans l’Esprit ; pas un parlement polarisé, mais un lieu de grâce et de communion », a-t-il ajouté.

Dans son message aux participants et participantes qui prendront part à la réunion pour discuter, entre autres questions importantes, de l’accueil des homosexuels et de la communion pour les divorcés remariés, le pape a donné les grandes lignes du type d’Église qu’il envisage.

L’appel papal à l’unité ne pouvait être plus clair : « Une Église unie et fraternelle, qui écoute et dialogue ; une Église qui bénit et encourage, qui aide ceux qui cherchent le Seigneur, qui secoue sainement les indifférents, qui met en œuvre des itinéraires pour instruire les personnes dans la beauté de la foi. Une Église qui a Dieu au centre et qui, par conséquent, ne crée pas de divisions à l’intérieur et n’est pas dure à l’extérieur », a-t-il demandé.

Jorge Bergoglio a ainsi parlé d’une Église qui, « au milieu des vagues parfois rudes de notre époque, ne perd pas courage, ne cherche pas d’échappatoires idéologiques, ne se retranche pas derrière des convictions acquises, ne cède pas à des solutions confortables, ne se laisse pas dicter son agenda par le monde ».

Dans une homélie où il a appelé les participants au synode à rejeter « l’esprit de division et de conflit », le souverain pontife a également réitéré son appel à l’ouverture de l’institution « à tous », comme il l’avait fait lors d’un vol de retour du Portugal au mois d’août.

« Une Église qui accueille. En des temps complexes comme aujourd’hui, de nouveaux défis culturels et pastoraux surgissent, qui requièrent une attitude intérieure cordiale et amicale, afin de pouvoir se confronter sans crainte », a déclaré François.

Selon le souverain pontife, le synode devrait montrer une Église « qui n’impose pas de fardeaux et qui répète à tous : “Venez, vous tous qui êtes affligés et accablés, venez, vous qui vous êtes égarés ou qui vous sentez étrangers, venez, vous qui avez fermé la porte à l’espérance” ».

Pendant toute la durée du synode, les membres travailleront en groupes linguistiques, puis se diviseront en « cercles mineurs  » pour rechercher des réflexions communes sur les thèmes de la réunion.

Le Vatican a publié le mois dernier l’ Instrumentum laboris pour le Synode de la synodalité, qui comprend des questions aux participants sur le célibat facultatif, l’accès des femmes au diaconat, l’accueil des divorcés ou des LGTBQ+ dans l’Église, les changements profonds dans la structure institutionnelle de l’Église, le rôle de la primauté de Pierre, la manière d’apprendre des autres communautés chrétiennes et même la création d’un ministère spécifique pour la prise en charge des « laissés-pour-compte ».

La rencontre aura la particularité déjà annoncée par le Vatican que, par décision de François, il y aura 54 femmes ayant le droit de vote, chose réservée aux hommes jusqu’à cette année, parmi les 365 participants ayant la possibilité de suffrage.

Hernán Reyes Alcaide

  1. Il s'agit des cardinaux Walter Brandmüller (Allemagne), Raymond Leo Burke (Etats-Unis), Juan Sandoval Íñiguez (Mexique), Robert Sarah (Guinée) et Joseph Zen Ze-kiun (Chine). Cf. l'article que nous avons repris de Vatican News Le pape répond aux dubia de cinq cardinaux.

Sources : https://www.religiondigital.org/vaticano/Misa-inauguracion-Sinodo-Papa-Roma-Iglesia-Vaticano_0_2602839698.html

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Publié dans Réflexions en chemin

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