À l'écoute de la Parole de Dieu
Dimanche de la divine Miséricorde 16 avril 2023
Ac 2, 42-47 ; Ps 117 ; 1P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31
Ce dimanche est consacré à la Miséricorde divine, fête instituée par Jean-Paul II en 2000, selon les révélations de sainte Faustine († 1938). La miséricorde est «l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre». Elle est, si l’on peut dire, consubstantielle à Dieu, presque une définition de Dieu, et pas seulement pour les Chrétiens. Souvenons-nous dans l’Ancienne alliance : «Dieu est miséricordieux, compatissant, lent à la colère et riche en bonté» (Ex 34,6 et Ps 145,8) ; mais aussi pour les musulmans, dans la Fatiha, sourate d’ouverture du Coran : « … Louange à Dieu, Seigneur des univers, le Tout miséricorde, le très Miséricordieux» (trad. J. Berque, versets 2-3). Une curiosité dans la liturgie de ce jour : hormis l’entame de la première épître de Pierre, les textes ne parlent guère explicitement de cette miséricorde.
Le texte des Actes serait incompréhensible si on ne rappelait que la première génération de chrétiens vivait dans l’espérance d’une proche parousie. La vie communautaire est évidemment conforme à l’évangile, mais le livre ne donne aucun détail sur le « management » (1) de cette communauté. Bien mieux, ce qui peut correspondre à une Eucharistie se passe au cours d’un simple et vrai repas dans une intimité domestique : « ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur». Et cette «célébration» se déroulait dans une joie que beaucoup de nos «cérémonies» pourraient lui envier.
Pressés par le temps, car on ne sait ni le jour ni l’heure du «retour» du Christ, et en l’attendant, les disciples vendent ce qu’ils ont et en partagent le prix «en fonction des besoins de chacun». Ce communisme primitif sera repris par les socialistes utopiques du XIXe siècle et même par Karl Marx, mais tel quel il était humainement un peu «imprévoyant», puisqu’une fois les fruits de la vente consommés, il ne resterait plus de sources de revenus pour vivre. Ce qui n’est pas un souci si le monde s’arrête aussitôt et que le Royaume arrive, «même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore» (1P 1,6), mais pas s’il dure. Et il dure toujours. En fait, cette immédiateté n’a de sens que si elle rend compte d’une confiance sans limite dans la rapide venue du Royaume, et dans l’attention prévenante de Dieu pour son peuple, autrement dit de sa «miséricorde».
Ce qui est intéressant, c’est ce que vivent les «Chrétiens» de ce temps -là :« ils fréquentaient assidûment le Temple». La rupture avec le judaïsme originel n’était donc pas consommée. Elle ne le sera que ,progressivement, au cours du IIe siècle.
Pour nos esprits animés (contaminés ?) par une logique rationaliste, la résistance de Thomas à admettre la résurrection est heureuse. Elle nous offre un témoin «objectif» : il n’a pas cru aveuglément, Jésus le lui reproche d’ailleurs ; mais il a pu voir de ses yeux, il a pu toucher de ses doigts les plaies du ressuscité. Il participe ainsi à authentifier le «signe», et cette expérience semble avoir été intégrée par les fidèles puisque Pierre peut nous dire aujourd’hui : « [Jésus Christ], vous l’aimez sans l’avoir vu ; en lui, sans le voir encore, vous mettez votre foi…» (1P 1,8). Et la Résurrection de Jésus-Christ est devenu l’ancrage fondamental de notre foi, car «Si Jésus n’est pas ressuscité, notre foi est vaine» (1 Cor 15,14).
Marcel Bernos
P. S. : Inquiétude du croyant sur l’exploitation de la «Miséricorde divine» par les marchands du temple. Cf. cette annonce vue sur internet : «Bonnes affaires sur la miséricorde divine dans livres sur Amazon. Petits prix sur la miséricorde divine. Livraison gratuite (voir cond.)».
(1) « Organisation des moyens humains et gestion matérielle en vue de la réalisation des projets d’un groupe ».