In memoriam Jacques Gaillot
Hasard ou clin d’œil providentiel ? Jacques Gaillot est entré dans la demeure du Père au cœur de la semaine in albis baignée par la lumière de la Résurrection du Christ que nous avons célébrée samedi dernier.
Nous avons à plusieurs reprises publié ses billets dans notre blog, de sorte qu’il était pour nous une sorte de « compagnon de route » dont la perte nous touche profondément.
Pour saluer sa mémoire, Golias a rédigé un court billet si ajusté que nous le faisons nôtre, amis lecteurs, ne doutant pas que vous le ferez vôtre vous aussi.
G & S
Nous avons appris avec beaucoup de tristesse la disparition de Jacques Gaillot.
Depuis plus de vingt ans, il était évêque de Partenia, après avoir subi les foudres de Rome l’obligeant à démissionner du siège d’Evreux. En 1990, nous avions qualifié Mgr Gaillot dans le premier Trombinoscope pour épiscopes d’ultra-conciliaire : « Le seul évêque que sa mission a converti. L’évêque qui a compris la modernité dans son essence même. Met en pratique une liberté d’esprit que nombre d’évêques s’interdisent du fait de leur fonction. A du courage dans un environnement ecclésial et épiscopal pas très tendre avec lui. Trouve du réconfort à l’extérieur, ce qui suffit à son bonheur de pasteur et d’homme. Profond, bon théologien, tendre, vit sans trop d’état d’âme la dialectique pasteur-prophète. N’est pas si naïf et maladroit qu’on le dit, mais il risque de « griller ses batteries » à cause d’un plan média mal ficelé ou trop dispersé »…
Jacques un évêque de plein vent
Jacques Gaillot est resté cet évêque de « plein vent », attentif aux plus pauvres. Il invitait à penser autrement. Sur le monde pour rappeler l’impératif de fraternité. Sur l’Église aussi : « J’ai le sentiment, nous confie-t-il, que l’Église qui est en France a perdu son souffle. Les évêques dépensent beaucoup d’énergie à restructurer. Ils restent méfiants à l’égard de la modernité. Certains regardent en arrière pour remettre au goût du jour des cérémonies pompeuses et des liturgies sacralisées. Apparemment, il ne se passe pas grand-chose de nouveau. Ont-ils l’audace de préparer l’avenir des communautés chrétiennes ? De proposer de nouveaux ministères hommes-femmes, mariés ou pas ? Ont-ils la liberté, collectivement, d’ouvrir des chemins pour les divorcés remariés et les couples homosexuels ? Trouveront-ils enfin le courage de s’opposer avec force aux armes nucléaires ? Et de manifester leur solidarité à des peuples opprimés comme le peuple palestinien ? Une Église authentique est une Église crédible. »