A l'écoute de la Parole de Dieu
6ème dimanche de Pâques.
Ac 10, 25-26.34-35.44-48 - Ps97 (98) - 1Jn 4, 7-10 – Jn 15, 9-17.
Dans la première lecture, du livre des Actes, Luc continue, comme les dimanches précédents, à nous raconter les premiers pas de la communauté « christique ». La Résurrection fonde un monde nouveau dans lequel Luc veut nous introduire. Les disciples ne sont pas encore séparés des Juifs, ils sont originellement des Juifs qui ont voulu suivre Jésus, comme d’autres suivaient d’autres prophètes. Mais une première différence est la pleine acceptation de païens alors que dans le judaïsme les païens acceptés étaient de « seconde zone », les prosélytes. Cette acceptation d’ailleurs n’ira pas tellement de soi et les Actes nous montreront les discussions et dissensions sur ce sujet. Il a fallu du temps pour que soit accepté l’envoi de Jésus « jusqu’aux extrémités de la Terre » (Ac 1, 7). Ce sera essentiellement Paul qui mènera les disciples à cette ouverture universelle. Aujourd’hui nous en avons déjà, dès les débuts, l’affirmation par Pierre :
« Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. »
Puis il nous est dit que « l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole ». La Parole de Dieu est créatrice. Elle fait de nous le Corps du Christ qui vit de l’Esprit. La venue de l’Esprit nous fait entrer dans l’Église. Pierre n’a plus qu’à l’entériner en donnant le baptême, rite d’entrée qui est de fait précédé par la véritable entrée dans le Corps du Christ, la réception de l’Esprit. Celui qui reçoit l’Esprit est déjà membre du Corps du Christ.
A monde nouveau, chant nouveau. « La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. » Psaume d’acclamation dans le bonheur de ce qui nous est annoncé depuis Pâques.
Et Jean, dans sa lettre, revient sur ce qui a été le leit-motiv de Jésus le soir du Jeudi Saint, couronnement de tout son enseignement :
« aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. »
L’amour de Dieu et celui des autres sont identiques, on ne peut pas l’un sans l’autre. C’est Dieu qui nous a aimés en premier, nous ne sommes que réponse, en aimant tous nos frères. Mais peut-on aimer des gens que nous ne connaissons pas ? C’est qu’il ne s’agit pas de sentiment, mais de vouloir (et faire si possible) du bien à l’autre, de le regarder comme un frère avec le regard que Dieu porte sur lui. Pas de sensiblerie mais un regard et des actions qui manifestent l’amour de Dieu pour chacun. Comme humain, je ne peux aimer en vérité que peu de personnes, mais comme disciple je permets au Christ d’aimer tous les hommes à travers moi.
Quant-à l’Évangile, il est une partie du discours au moment de la Cène, le testament de Jésus dont « l’Heure » est enfin venue. Cette Heure qu’il a tant attendue, combien de fois n’a-t-il pas dit qu’elle n’était pas encore venue! L’Heure pour laquelle il est venu parmi nous, celle de notre salut. C’est lors de cette Heure qu’il donne son « commandement », qui est unique :
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »
On parle sans cesse des « commandements », or il n’y en a qu’un : aimer. C’est cela le monde nouveau qui donne la Vie. Jusqu’où va notre amour du prochain que nous ne choisissons pas ? Qui aimons-nous ? Rappelons-nous le Samaritain : l’inconnu au bord du chemin, c’est celui-là auprès duquel nous sommes appelés. Pour qui sommes-nous disponibles ? Je ne sais plus qui a écrit : « Le Messie aime ce qu’il y a de disponible en nous à notre insu ». Le Christ cogne à chaque porte, d’une façon qu’il choisit. Ses demandes sont toujours nouvelles et inattendues.
Quant à lui, il a appris ce qu’est le risque d’aimer son prochain...il en est mort... « pour que notre joie soit parfaite. »
En ce temps pascal, n’oublions pas que le but de tout cela est que nous ayons la joie.
Marc Durand