La vaccination, une obligation détournée

Publié le par Garrigues et Sentiers

En réponse à l'article La vaccination comme lieu de revendication libertaire

 

Je suis en plein accord avec le caractère moral cet article de J.-B. Désert. Remarquons cependant qu’il s’agit d’une obligation de fait de se faire vacciner quand on instaure l’usage du « pass », le refus du « pass » est de fait le refus de se faire vacciner. Je voudrais ajouter quelques considérations sur la vaccination des soignants, sur les raisons du refus de se faire vacciner et aussi un problème de Droit qui me semble sérieux.


Je pense qu’imposer la vaccination aux soignants n’est pas abusif, au contraire, même si on ne l’impose pas aux autres. Comment laisser la possibilité de transmettre la maladie aux personnes qu’on soigne ? Ce serait totalement contraire au rôle d’un soignant. Que dirait-on d’un pompier qui éviterait le risque de se brûler en renonçant à sauver quelqu’un dans un incendie ou au guide de montagne qui ne voudrait pas se risquer à sauver quelqu’un en perdition ? Il existe des métiers avec des risques dont il faut tirer les conséquences, se faire vacciner est un risque qu’il me semble nécessaire de prendre pour ne pas risquer de transmettre le virus aux patients dont on s’occupe. Je suis très choqué (mais là, c’est de la morale) que des soignants acceptent ces risques pour leurs patients en se protégeant des risques dus au vaccin.


Je pense que la faible vaccination dans certains départements ou quartiers n’est pas due seulement au manque d’efforts pour la faciliter. Elle est due principalement au manque de confiance dans la parole gouvernementale...ou médicale (ce qui me semble plus grave pour l’avenir). D’une part, avec l’affaiblissement programmé depuis des lustres des associations (celles qui ont un but social ou politique, pas celles de joueurs de boules!) et des syndicats, les pouvoirs publics manquent de relais pour persuader et informer la population, pour l’aider à avoir un avis éclairé. Par ailleurs les politiques ont perdu tout crédit à force de mépriser le peuple, ses aspirations, ses avis. L’abstention récente en est une illustration remarquable. Ils ont poussé plus loin en refusant toute transparence (voire en mentant assez souvent) dans la gestion de la pandémie. Leurs décisions étaient-elles les bonnes ? Peut-être oui, ou non, nous ne pouvons pas en juger car les vrais arguments étaient secrets et débattus entre « experts » plus ou moins auto-désignés (sur les plateaux télé) ou désignés par le « Président » selon ses critères que personne ne connaît. Ce « jeu politique » voulu par le pouvoir pour se renforcer a obtenu les résultats actuels : plus personne ne croit dans la « parole présidentielle ». Ajoutons, et c’est très grave, que la loghorrée médicale qui perdure depuis plus d’un an sur les antennes, a fait perdre aussi toute crédibilité aux instances dirigeantes du corps médical. Heureusement restent nos médecins personnels, mais cela ne suffit pas pour changer globalement le vent de la défiance.


Par ailleurs que reste-t-il des journalistes ? L’immense majorité d’entre eux (ceux qu’on entend ou lit dans les tirages nationaux) sont devenus des « communicants » au service de leurs mandants qui sont presque tous au service des pouvoirs en place (politique ou économique). Ils ont perdu toute crédibilité, sur quelque sujet que ce soit. Et ils continuent à nous abreuver de leurs certitudes en parlant de ce qu’ils ignorent, l’ignorance de leur sujet ne leur fait plus peur, leur but n’est ni d’informer ou donner des clés de compréhension, mais d’imposer la vérité de leurs patrons. Ils ne se rendent même plus compte qu’ils sont devenus incompétents tant ils sont habitués à asséner des « vérités » qu’ils n’ont pas vérifiées, on a même vu cela chez certains qui pourtant semblent plus libres.

 

Enfin il y a un problème de Droit, problème que je pense ignoré (dans le meilleur des cas) ou caché par l’ensemble des médias qui n’en parlent pas. Imposer la vaccination à tous est un recul de droit faramineux sur la question des libertés. Il existe un droit de la santé qui a mis plus d’un siècle à se forger, qui est devenu en grande partie européen, et qui entre autres a retiré le pouvoir de décider au corps médical qui doit rester dans son rôle de conseiller (on croit rêver quand on voit la pratique). Dans ce droit, il est totalement interdit d’inoculer quelque produit que ce soit à quiconque ne l’a pas explicitement accepté, tant que ce produit est « expérimental ». Et ce dernier terme est défini. En particulier pour les vaccins, sans entrer dans les détails, le produit est expérimental tant qu’un certain nombre d’études n’ont pas été terminées (pour aucun des vaccins actuels elles ne le sont, qui en a parlé?) et qu’un certain nombre d’années ne s’est pas écoulé permettant de connaître les risques à long terme. Ce nombre est d’environ une dizaine d’années. Quand les autres vaccins ont été rendus obligatoires, il y avait longtemps qu’ils n’étaient plus expérimentaux. Donc la comparaison avec les autres vaccins n’est pas pertinente.


Alors peut-on rendre obligatoire le vaccin ? « Nous sommes en guerre » a dit le président, acceptons-nous ce terme ? Ce n’est pas évident. Si nous l’acceptons, alors on peut faire une loi, fortement régressive, pour sauver la population. Quand on envoyait les conscrits au front, on leur imposait des risques « illégaux ». C’est ce qui est en train de se mettre en place (rendre la vie impossible aux non vaccinés est une façon détournée d’imposer le vaccin en jouant sur les mots). Mais il faut dire clairement ce qu’on fait, en quoi c’est une loi régressive de circonstance qui ne peut s’inscrire dans la durée. Devant l’incapacité du pouvoir à se faire entendre, par sa faute insistons-nous, et donc à persuader la population de se faire vacciner, devant cet échec patent, il peut devenir indispensable de décider de cette régression. Quand est-ce que les journalistes expliqueront cette situation, avec clarté, pour la justifier ? Pour le moment, il s’agit plutôt d’un bruit de bottes, d’injonctions envers le peuple récalcitrant, et d’instaurer une régression du droit qui s’inscrit dans le marbre, en apprenant au peuple à se soumettre sans avoir droit à la connaissance ou à l’information. Il est impossible de ne pas corréler cette attitude avec tous les textes votés ces dernières années pour limiter ou annuler des droits qui étaient établis depuis des années.

Enfin, d’un point de vue moral, ou éthique, je ne sais, il me semble que nous devons tous se faire vacciner par solidarité, il ne peut être question de sauver notre petite vie au risque de celle des autres. De même les conséquences économiques, catastrophiques surtout pour les plus faibles, sont là pour inciter tous à se faire vacciner. Il ne suffisait pas d’applaudir aux fenêtres les soignants (ce que je n’ai jamais fait, cela sentait trop la manipulation du peuple), de montrer des gestes de solidarité qui ont été remarquables, surtout pendant le premier confinement, pour finir en se repliant chacun sur sa petite personne qui n’a « qu’une âme qu’il faut sauver » !

 

Marc Durand

 

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F
La question de fond est : la santé est-elle un bien individuel ou un bien collectif ?<br /> Si l'on opte de manière exclusive pour l'alternative "bien individuel", il faut sortir de la sécurité sociale, ne plus être"taxé" de cotisations pour la branche maladie et payer les soins reçus et les médicaments que l'on prend, "quoi qu'il en coute"..<br /> Si on considère que la santé est un bien collectif, il faut se soumettre volontairement (comme on se soumet à l’impôt et au code de la route) aux décisions prises par les autorités.<br /> Une question demeure quand même, celle du rapport entre la démocratie et les autorités de santé.<br /> Et quand je repense aux sondages qui demandaient aux français s'ils pensaient que la chloroquine était efficace, je m'aperçois du chemin qui reste à parcourir dans le domaine de la santé et de la science. La terre est sphérique : une vérité ou une opinion ?
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