A l'écoute de la Parole de Dieu
5eme dimanche de Carême année B 17/03/2024
Jr 31, 31-34 ; Ps 50 (51) ; He 5, 7-9 ; Jn 12, 20-33
«Voici venir des jours … où je conclurai avec la maison d’Israël … une alliance nouvelle» (Jr 31,31). Au cours de l’«Histoire sainte», Dieu a conclu sept alliances avec les hommes, spécifiquement à travers Israël : après Adam, avec Noé, Abraham, Moïse … jusqu’à cette «nouvelle alliance» annoncée par le prophète Jérémie. Cette fois, ce n’est pas seulement avec un peuple «anonyme», même s’il est «élu», mais en chaque homme que la Loi de Dieu sera inscrite «au cœur», c’est à dire au plus profond, au plus intime de chaque personne. Dieu rendra pur le pécheur pardonné ainsi que le souhaite le psalmiste (Ps. 50, 12). Cette alliance rêvée et établie par Dieu, c’est l’homme qui l’avait chaque fois rompue. En bout de course, les Chrétiens ont vu en Jésus-Christ celui qui accomplit définitivement la promesse d’alliance de Dieu (Mt 5,17).
De la manière dont le vigneron procéda à l’égard de ses gérants qui ne réglaient pas leur dû après la récolte (Mc 12,1-9), Dieu a d’abord envoyé ses serviteurs, les prophètes. Ceux-ci étant mal reçus, il envoya alors son propre Fils, que sa mission a fait périr, comme périssent les prophètes à Jérusalem : «Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu !» (Mt 23,37 ; idem en Luc 13,34). A noter que cette mort, Jésus ne l’a pas «voulue», il l’a même crainte ; il dit lui-même : «Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? Mais non…» (Jn 12, 27). Il a accepté la croix par obéissance (Hé 5,7-8). Il nous invite à faire de même. Et c’est un engagement difficile.
Comme les Grecs montés à Jérusalem pour les fêtes de la Pâque, nous voudrions «voir» Jésus, ça (r)assurerait notre foi toujours vacillante, comme ces «signes» que les Juifs demandaient incessamment. Mais Jésus-Christ n’est pas un spectacle, il est un modèle à suivre. Sa leçon, en réponse à notre désir de le voir «sans peine», est simple et terrible : «si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle» (Jn, 12,24-25). Sommes-nous capable de mettre notre vie en jeu pour «porter du fruit», ce qu’ont fait les saints et que nous sommes appelés à faire ? Bonne question à se poser pendant ce temps de Carême, afin que notre «foi» ne reste pas une simple «croyance».
Marcel Bernos