A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

14eme dimanche du Temps Ordinaire 9/07/2023

Za 9, 9-10 ; Ps 144 ; Rm 8, 9.11-13 ; Mt 11, 25-30

 

Dans ce dimanche, deux logiques s’affrontent : celle de la violence et celle de l’Esprit. La première lecture est tirée du prophète Zacharie. A cette période vers 520 av. J.C, le peuple attend l’ère messianique avec la construction d’un nouveau temple qui remplacerait celui détruit en 587. Le prophète Zacharie déconstruit l’image classique du roi : les populations se déplaçaient pour voir défiler un conquérant monté sur un destrier caparaçonné ou sur un char de guerre, entouré de son état-major chamarré, avec drapeaux et au son des trompettes. Le nouveau roi messianique est « un pauvre monté sur un ânon. Disparus, les chars de guerre et chevaux de combat, brisés les arcs de guerre : la paix est proclamée aux nations. Et pourtant ce nouveau roi est victorieux et sa domination mondiale. Délire ou réalité ?

 

Dans la même logique, le psaume 144 affirme un «  Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère », contrairement aux dieux tout puissants, exterminant leurs adversaires.

 

Paul, au cœur de son épître aux Romains (Rom 8, 9-13), explicite cette double logique : celle de la chair (« sarx ») vise l’homme s’enfermant dans sa seule suffisance, son ego tout puissant. Dans cette « sarx », l’homme vit d’une vie tronquée qui le condamne à la mort. L’Esprit (pneuma) au contraire, celui de Dieu, qui a ressuscité Jésus Christ, habite en nous et nous donnera aussi la vie à nos corps mortels. Mais cet appel à la Vie, l’homme peut le refuser et retomber dans une logique de mort.

 

L’Évangile contient un des joyaux de l’évangile de Matthieu (11, 25-30) Le début est commun à Matthieu (Mt 11, 25-27) et à Luc (Lc 10, 21-22) Dieu s’est révélé aux tout petits. Il s’agit vraiment d’une « apocalypse, » d’une révélation aux tout petits et à l’inverse d’ un langage crypté caché aux sages et aux intelligents : de même que le roi guerrier flamboyant de Zacharie fait place à un pauvre sur un ânon, les disciples de Jésus sont, non des sages ou des savants, mais des gens qui ne savent pas parler (nepioi), ces pauvres qui n’ont rien à dire et dont on ne demande jamais l’avis, qui sont « écrasés par la vie » ( pephorizomenoi, terme rare pour parler des écrasés sous le fardeau).

Le cœur de Dieu, ses entrailles, ses « tripes », (littéralement en hébreu, la « vulve », organe maternel par excellence) vibre pour les petits ; c’est un thème marquant chez Luc, autour des pauvres de Yahvé. L’exégète protestant Marguerat explique la « vibration » de Jésus pour les petits avec sa propre situation ; selon lui, Jésus était lui-même un « bâtard ». Les apocryphes colportent ces rumeurs infamantes concernant la naissance de Jésus. Or de simples rumeurs suffisaient à faire entrer dans la catégorie des « bâtards », semblables aux « intouchables » en Inde.

Les savants « savent » mais la vie n’est pas de l’ordre d’une connaissance acquise par notre seule intelligence ; elle est de l’ordre de la « révélation » : « car personne ne connaît le Père , si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler ». Cela ne veut pas dire que pour les juifs contemporains de Jésus, comme pour nous aujourd’hui, il n’y ait pas une « quête de Dieu à entreprendre avec son intelligence, mais que l’essentiel, comme en ce qui concerne l’amour, est un don et non un dû.

Vivre selon la chair, enfermés dans notre ego, c’est en fait mourir ; vivre selon l’ Esprit, accueillir un don qui vient de bien plus loin que de notre petite personne, là est la Vie. A nous de choisir.

Antoine Duprez


 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article