A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Treizième dimanche du temps ordinaire.

 

Quel est ce Monde Nouveau inauguré par la vie de Jésus-Christ?

 

Le texte proposé de l'Ancien Testament nous l'explique déjà. Une riche Sunamite reçoit le prophète Élisée. Ce dernier s'informe alors de son désir profond, avoir un fils, et le lui annonce pour l'année suivante. La Sunamite est riche, elle a un serviteur, cela ne lui coûtait pas trop d'inviter le prophète et de le loger quand il était de passage, là n'est donc pas son mérite. Mais ce qui apparaît, c'est l'ouverture de cette femme au besoin de l'autre et de Dieu. Elle a été attentive à l'homme Élisée, à sa fonction aussi, il est un homme de Dieu en mission. Alors elle a proposé de l'aider dans sa mission en le nourrissant et en lui offrant une "chambre haute" dans laquelle il puisse se retirer (sous-entendu pour prier). Elle n'a donc aucun mérite, mais une attitude d'ouverture, d'attente, ce qui permet à Élisée de lui envoyer le don de Dieu : un fils alors que son mari est déjà âgé. A cette époque, donner naissance à un fils était essentiel, c'était pénétrer dans la vie (qui se donnait par la descendance mâle). La réponse de Dieu à l'attitude d'accueil de la Sunamite est le don le plus précieux, celui de la vie.

 

L'épître qui suit nous introduit directement dans cette Vie (1) nouvelle offerte par Dieu :"Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une Vie nouvelle".

Nous sommes associés à la mort du Christ, nous sommes morts au péché pour vivre d'une Vie nouvelle. Qu'est-ce à dire? arrêtons de nous morfondre dans nos péchés (la plupart doivent faire sourire le Père quand il nous voit ainsi empêtrés dans nos petits calculs). La mort au péché opérée par Jésus est le fruit de toute sa vie, le péché est la fermeture du monde sur soi, l'exclusion de Dieu. Dans l'Eucharistie nous faisons mémoire de la Cène, sommet du chemin de Jésus parmi nous, symbole du passage du monde enfermé sur lui-même à un monde nouveau tourné vers le Père. L'Eucharistie célèbre notre passage de fils d'Adam, fils de cette terre, à notre résurrection actuelle en fils de Dieu. Nous restons sur cette terre, avec toutes nos actions, nos engagements, nos responsabilités, mais dans un contexte nouveau, celui du Royaume inauguré par le Christ. Dans l'Eucharistie, c'est notre vie entière qui est happée dans la Vie nouvelle que Jésus est venu instaurer.

"Pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ."

 

L'Évangile enfonce le clou.

"Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi."

Ces déclarations sont insupportables pour celui qui ignore l'appel de Dieu. Dans le Royaume, nous sommes avec Jésus fils du Père, nous vivons au sein de la Trinité. C'est tout notre être qui est ainsi transformé. Dans ce Royaume, défini par l'Amour infini que Dieu partage avec nous, évidemment nous aimons notre père, notre mère, nos fils et filles. Cet amour est naturel, qui n'aime pas son fils? Mais en vérité il est le fruit de l'Esprit qui vit en nous. Ce n'est plus seulement un amour charnel (au sens de Paul), d'ici-bas, c'est un amour qui participe de l'amour trinitaire. Alors il n'a plus à se mesurer avec l'amour du Christ, il lui est intimement lié. Celui qui limite son amour à sa vie de fils d'Adam rejette l'Amour dans lequel nous avons été introduits par le Christ, il n'est alors pas digne de Jésus qui nous a appelés.

 

" Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche, à l’un de ces petits en sa qualité de disciple ...ne perdra pas sa récompense."

Pourquoi cette restriction, "en sa qualité de disciple"? Parce que nous sommes dans le Royaume, tous nous sommes disciples et c'est dans ce monde-là que nous vivons désormais. Nous n'aimons pas nos frères seulement parce qu'ils nous plaisent mais parce que nous sommes frères comme fils de Dieu, ce qui fait de nous des disciples.

 

Ainsi ces textes, tant le premier qui évoque le don de la vie par Dieu à celui qui lui est ouvert, que le second affirmant que nous sommes passés d'un monde à un autre, sont complétés par ces phrases dérangeantes de Jésus nous appelant à nous ouvrir à l'économie du Royaume. Toute sa vie a été marquée par ce travail pour instaurer le Royaume, c'est de cette Vie que nous faisons mémoire dans l'Eucharistie: notre communion au Corps est notre acte d'entrée (à renouveler sans cesse) dans ce Monde Nouveau.

 

Marc Durand

 

(1) Nous mettons une majuscule à "Vie" lorsqu'il s'agit de la Vie dans le Royaume, la Vie éternelle, différente du souffle de vie qui nous anime ici-bas. Jean et Paul sont attentifs à utiliser un mot différent pour ces deux notions. Nous pouvons rappeler ainsi l'affirmation de Jésus : "qui hait sa vie en ce monde la conservera en Vie éternelle" (Jn 12, 25).

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