A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

6eme dimanche de Pâques

Ac 8, 5-8. 14-17 ; Ps 65 ; 1P3, 15-18 ; Jn 14, 23

 

Ce dimanche après Pâques, avant l'Ascension et la Pentecôte insiste sur l'Esprit.

La première lecture tirée des Actes des Apôtres, (Ac 8,5ss) poursuit le récit des hauts faits de l'Esprit ; après la lapidation d’Étienne, une « violente persécution éclata ». Paradoxalement, elle servit à la diffusion du christianisme en dispersant les chrétiens qui annonçaient la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans leur nouveau lieu de vie. Philippe, grec, est en Samarie. Comme Jésus, il annonce la Bonne Nouvelle et fait guérisons et exorcismes. A la différence de la Judée, la Samarie, selon l’Évangile de Jean ch 4, a bien accueilli Jésus. Les samaritains se convertissent et composèrent une partie de la communauté johannique. Les Apôtres informés, envoient de Jérusalem Pierre et Jean. A l'origine, les Sept, dont fait partie Philippe étaient prévus pour le service des tables, les Apôtres se gardant pour le service de la Parole. Avec le cas de Philippe, ces derniers n’en ont plus l’exclusivité. Mais ils gardent une double mission : annoncer la Parole et assurer l'unité de l’Église en veillant à ce que chaque communauté tout en gardant sa spécificité propre, ne devienne pas une secte. Ce sera un souci permanent chez Paul. Ici Pierre et Jean ne viennent pas pour interdire mais au contraire pour apporter l'Esprit et ainsi permettre à chaque communauté son plein épanouissement.

 

Le psaume 65 « acclame Dieu, terre entière » rappelle l’Exode : « Dieu changea la mer en terre ferme » ce signe se réalise aujourd’hui avec la diffusion rapide de la Bonne Nouvelle dans le monde grec

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La deuxième lecture, tirée la première lettre de Saint-Pierre (1P 3,15-18) s’adresse à des communautés chrétiennes d’origine grecque disséminées dans l’Asie Mineure. Dans sa lettre, lui ou un disciple  demande (aux chrétiens)  « de rendre raison de leur espérance à quiconque le leur demanderait » et de le faire « avec douceur et respect ». A l’exemple du Christ qui a souffert, « lui le juste pour les injustes », le chrétien ne doit pas faire de mal à ceux qui s’opposent à lui ; il ne s’agit pas encore de persécutions au sens fort du mot qui séviront plus tardivement (1), mais de critiques et de railleries que subissent les nouveaux chrétiens.

 

L’Évangile prolonge la lecture de l’évangile de Jean inaugurée la semaine dernière (Jn 14,15-21). Avant de quitter ses disciples, Jésus les rassure : il ne les laissera pas orphelins mais leur enverra son Esprit. Il définit ce qui est à la racine de la foi chrétienne et de la vie mystique offerte pour chaque croyant : (Par l'Esprit ) « vous me verrez vivant et vous vivrez aussi. En ce jour-là vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous... Celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; moi aussi je l'aimerai et je me manifesterai à lui ».

 

Ce dimanche évoque trois étapes dans la vie du peuple de Dieu : le temps de Jésus qui, avant de quitter ses disciples, leur dit ce qui lui tient le plus à cœur, son testament en quelque sorte : son amour pour son Père et pour ses frères, sa vie avec le Père qu’il va communiquer par l’Esprit à ses frères. La première lecture montre comment cette vie de l’Esprit travaille les premières communautés chrétiennes et leur fait annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile, non plus seulement aux juifs mais aux samaritains et aux Grecs. La deuxième lecture montre comment une communauté chrétienne un peu plus tardive peut s’identifier au Christ, sa mort et sa résurrection dans les difficultés rencontrées comme chrétiens dans un monde qui ne reçoit pas bien cette foi nouvelle.

Pour nous, le message est riche : la source de toute vie chrétienne personnelle et collective est cet amour et cette vie réciproques du Père pour son Fils offerte à chaque chrétien. Le chrétien participe en Jésus à la vie même du Père. Pratiquer les commandements n'est pas appliquer un catalogue de comportements moraux, mais consiste à se laisser habiter par la vie même de Dieu .

À l’occasion de problèmes très concrets rencontrés dans nos communautés chrétiennes (dans les Actes, le traitement inégal des veuves juives ou grecques), aidons nos communautés à découvrir des Philippe qui, poussés par l’Esprit, iront annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile en terre inconnue. Les difficultés que nous rencontrerons à cette occasion peuvent être une façon concrète de nous identifier au Christ mort et ressuscité. Entendons l’appel de Pierre : sachons rendre compte de la l’espérance qui est en nous. Autant la prédication d’une doctrine est mal reçue, autant le témoignage personnel de ce qui anime quelqu’un, si cela sonne juste, est respecté et peut amener les grecs et samaritains d’aujourd’hui à s’interroger et pourquoi pas à découvrir la foi au Christ

Antoine Duprez

1 Sous Domitien (81-96), or Pierre est mort en 64 ou 67

 

 

 

 

 

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