Les publicains et nous
Évangile entendu hier 21 septembre (Mt 9, 9-13) : après avoir appelé Mathieu Jésus va festoyer avec lui et ses amis, ce qui scandalise l’entourage : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Nous connaissons bien ce passage, et évidemment nous nous souvenons de la réponse de Jésus, venu pour les pécheurs et non les « bien-portants ». Les pécheurs, c’est-à-dire nous, nos amis, nos voisins, etc. Nous qui vivons ce que nous pouvons, pas toujours dans la droite ligne de ce qu’il faudrait…
Imaginons que cet événement se passe aujourd’hui, qui seraient les publicains que côtoie Jésus ce jour-là ? Ce ne seraient pas les petites gens, ou nous-mêmes, qui nous consolons d’être « un peu » pécheurs ! Les publicains étaient les collecteurs d’impôts, la classe des riches qui obtenaient (par quels subterfuges ?) des postes hautement lucratifs, inféodés au pouvoir, aux puissants, qui méprisaient le peuple et le pressuraient (Zachée avait les moyens de rendre le quadruple de ce qu’il avait volé !). Comment réagirions-nous si Jésus, aujourd’hui, après nous avoir invités à vivre les béatitudes, allait festoyer comme un certain président au Fouquet’s avec les capitaines d’industrie, les « premiers de cordée » comme il peut être dit ? Que penserions-nous en le voyant banqueter avec les Bouygues, Bolloré, Arnault, Tapie, Balkany et autres, ajoutons Gaudin et Joissains pour faire bonne mesure locale ? Ils sont les successeurs des publicains de la Palestine !
Alors ce texte est loin d’être anodin, il nous donne une sacrée gifle en exigeant de corriger quelque peu le regard que nous portons sur les autres. Ils sont tous appelés au Royaume, même les Bouygues, Bolloré et autres, ne l’oublions pas quand nous les évoquons. Et Jésus, lui, ne les laisse pas de côté…
Marc Durand