A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

21e Dimanche du Temps Ordinaire (année B) 22/08/2021

Jos 24 ; Ps 33 (34) ; Ep 5, 21-32 ; Jn 6, 60-69

Le passage de l’Épître aux Éphésiens de ce jour est l’un des plus connus de Paul, et l’un des plus controversés. Il hérisse les femmes, semblant assignées à la soumission, soucieuses de leur juste place dans l’Église. Or il n’est que l’expression d’une idée — banale il y a deux mille ans et répandue dans à peu près toutes les civilisations — les femmes étaient considérées comme plus «faibles» physiquement et moralement, et se retrouvaient donc dans la dépendance des mâles censément protecteurs, souvent exploiteurs ! Analysons le texte dans cette perspective et dans son contexte daté.

Les femmes devraient, au nom du «respect», être soumises à leur mari, comme l’Église au Christ. Dure contrainte, surtout à une époque où les maris ne sont pas forcément bienveillants ni doux. Voyons la suite.

«Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il sest livré lui-même pour elle…» (Ep 5,25). Il ne s’agit plus ici de simple respect, d’une distanciation de préséance, mais d’amour, le cœur de notre foi. Certes, l’assimilation de l’homme au Christ et de la femme à l’Église a pesé lourd sur la conception du rapport entre les sexes, celles du mariage chrétien et de la situation des femme dans la dite Église.

L’image devient forte et rigoureuse lorsque cet amour du mari doit prendre exemple sur celui du Christ. En effet, celui-ci est mort pour «son» Église. Aimer jusqu’à en mourir, ça ferait un beau titre de film ; plus chrétiennement, c’est un thème courant chez les mystiques, chez sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, par exemple… Mais combien de maris seraient-ils prêts à «vivre» un tel amour ? Donc, si l’on applique strictement le principe énoncé par Paul, le privilège théorique de l’homme «respecté» comporte en regard une bien grande exigence. On pourrait même répéter en l’occurrence ce que les disciples disaient à Jésus, après un enseignement donné à la synagogue de Capharnaüm : «Cette parole est rude, qui peut l’entendre ?» Beaucoup de «suiveurs» s’étaient séparés de Jésus à ce moment-là. Alors Jésus met les disciples devant le choix décisif : «Voulez-vous partir aussi ?» (Jn 6,67).

Cette question, il nous la pose aussi chaque fois que notre peu de foi butte sur les difficultés réelles ou des drames douloureux de notre vie, surtout si nous sommes, par ailleurs, capables de visées altruistes sur le monde. Pierre a répondu en deux temps. D’abord un constat : «A qui irions-nous ?». Puis, il s’engage plus profondément, plus personnellement : « nous croyons, nous savons que tu es le Saint de Dieu» (Jn 6,69). On retrouve cette expression en Mc 1,24 et en Lc 4,34 présentant Jésus comme une personne ayant un rapport direct à la divinité. Une fois de plus se pose la question de notre relation avec celui que nous sommes censés suivre, au message duquel nous avons adhéré. Finalement, que croyons-nous de Jésus-Christ ? Qui est-il «pour nous», et surtout quel est son impact réel, s’il y en a un, dans nos vies ? «S’il vous plaît de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui» (d’après Josué 24,15).

Marcel Bernos

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