A Marignane, l'incendie d'un bidonville de Roms

Publié le par Garrigues et Sentiers

Le dimanche 12 mai vers 17 heures, un violent incendie a ravagé en quelques heures un campement de Roms à Marignane. Rien n’est resté. Ils ont à peu près tout perdu, vêtements, papiers, matériels, même leur argent qu’ils ont sur place plus souvent que sur des comptes bancaires.

 

La Provence du lendemain déclarait que le feu, d’après le maire, était parti d’une voiture brûlant au milieu du terrain. Cela permettait de leur imputer la faute, alors qu’en fin d’après-midi, lorsque parlait le maire, il était évidemment impossible de savoir, le feu a été circonscrit à 20 heures. Depuis, quelques renseignements indiqueraient que le feu est parti hors du camp, poussé par un fort mistral. C’était déjà arrivé une fois, mais le mistral, cette fois-ci, a fait son œuvre. L’origine du feu ? Il ne semble pas que cela intéresse beaucoup les autorités puisque le maire savait ce qu’il en était…

 

Il dit aussi avoir fait le nécessaire pour le relogement des familles en liaison avec les autorités de l’État : une quinzaine de nuits d’hôtel environ offertes par la préfecture, en priorité aux femmes enceintes. Il oublie d’ajouter qu’il a fait procéder aussitôt au dépôt d’un monticule de terre et au creusement d’un fossé pour garantir que « ces gens » ne reviendraient pas. Et il a chargé sa police de les repousser de tout lieu où ils s’arrêteraient, jusqu’à l’extérieur de sa ville… après leur avoir conseillé de s’installer sur un terrain qu’ils trouveraient certainement dans les parages.

 

Depuis qui se préoccupe d’eux ? (1) Une douzaine de familles, des femmes près d’accoucher, des enfants en nombre (scolarisés alors que le journal ne parle que de déscolarisation, mais l’article, aussi négatif que long, est discrètement signé entre autres par un « très proche » du maire). Où sont-ils ? Comment vivent-ils ? Comment dorment-ils ? Les nuits étaient encore froides, toutes les literies avaient brûlé comme tous les vêtements. Que mangent-ils ? Comment vont les enfants ?

 

Il vaut mieux être expulsé d’un immeuble en péril que d’un terrain démuni de tout... et pourtant les premiers auraient aussi beaucoup à dire !

 

Je croyais que les Roms, même eux, sont des êtres humains. Doux rêveur !

 

Marc Durand

 

1 – « Médecins du Monde », divers membres de quelques associations, ont paré au plus pressé dès le lendemain et suivent les familles, dans l’indifférence générale.

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