Seigneur, Tu nous as dit...
Seigneur,
Tu nous as dit : « Je suis la lumière du monde ».
Dans la léthargie de la nuit
où trouver les yeux qui cherchent Ton regard,
les oreilles qui écoutent Ta Voix,
les gestes qui trahissent Ta Présence ?
Dans la monotonie et le silence des jours sans saveur,
Nous guettons des murmures,
Des pas sur une route,
Un cri à Ton appel,
Des signaux vers Ta Lumière.
Mais comment saisir les mains qui ne se tendent plus,
plonger chacun notre regard dans le regard qui se détourne ?
devenir réponse aux questions qui ne se posent plus ?
Dans ce désert du monde où les signes disparaissent,
où Ta Parole s’enlise dans le bavardage du quotidien,
où Ta Lumière pâlit sous les projecteurs des nouveaux apprentis-sorciers,
sommes-nous toujours « sel de la terre » ?
Mais la terre a-t-elle encore besoin de sel ?
Au milieu de cette solitude figée
que la curiosité ne touche même plus
sommes-nous condamnés à garder ce qui ne peut plus être répandu
sans être systématiquement rejeté
et veiller comme on attend l’aurore
au regard qui ne s’ouvrira même plus ?
Comment, sur une terre qui tourne en traînant sa boule,
sur ces sentiers où toutes les morts se sont faufilées,
comment garder et vivre Ton Espérance, Ta réalité éternelle ?
Christiane Guès
(écrit les années 80)