Famille : François consultera le monde
Divorcés remariés, homosexualité, contraception…
À travers 39 questions ouvertes, l'Église veut évaluer son enseignement doctrinal
François veut trouver une solution pour mieux accueillir les divorcés remariés dans l'Église catholique.
Il a convoqué pour cela un synode, c'est-à-dire une réunion mondiale d'évêques et d'experts sur le thème général de « la famille » qui se tiendra en deux temps :
- octobre 2014 où seuls des évêques siégeront pour dresser l'état de la situation ;
- octobre 2015, une session élargie à des experts et à des laïcs avancera des solutions concrètes.
Mais il faudra attendre 2016 pour voir d'éventuelles réformes de la doctrine de l'Église dans le domaine de la sexualité, du couple et de la famille.
D'ici là, et selon une méthode classique de préparation de tous les synodes romains, une enquête mondiale a été lancée mardi vers tous les pays du monde où l'Église catholique est présente.
Objectif : évaluer l'influence de l'enseignement doctrinal sur ces sujets chez les catholiques mais aussi percevoir l'image qu'il donne à l'extérieur de la communauté. L'idée directrice, une fois que cet inventaire sera réalisé, est d'adapter si nécessaire cet enseignement mais surtout de l'expliquer avec davantage de pertinence tant aux fidèles qu'à ceux qui se tiennent « aux marges », selon une idée chère au pape François.
Dans cette optique, le dossier des divorcés remariés – qui n'est pas une idée fixe du Pape mais une commande des cardinaux électeurs avant son élection – pour prioritaire qu'il soit, n'épuise pas la substance des 39 questions précises posées par le Vatican.
Tout y passe en effet, et sans tabou, autre marque du pape actuel.
Ainsi de la contraception, ainsi de l'homosexualité où quatre questions explicites sont posées à propos des « unions de personnes du même sexe », tête de chapitre de l'enquête, au même titre, par exemple, que « le mariage selon la loi naturelle ».
- La première question porte sur l'état des lois civiles sur les unions homosexuelles dans le monde.
- La seconde, sur « l'attitude de l'Église » vis-à-vis des homosexuels.
- La troisième demande « quelles attentions pastorales est-il possible d'avoir vis-à-vis des personnes qui ont choisi de vivre selon ce type d'unions ? »
- Quant à la dernière elle donne l'impression d'une reconnaissance de fait de ce contre quoi l'Église s'est frontalement opposée jusque-là : l'adoption pour les couples homosexuels : « Dans les cas d'unions de personnes du même sexe qui ont adopté des enfants, comment se comporter pastoralement en vue de la transmission de la foi ? »
Même ouverture pour les sept questions touchant les divorcés remariés.
Le chapitre est intitulé « les situations matrimoniales difficiles ».
- Après une enquête sur l'ampleur du phénomène, Rome demande si les couples concernés ont «conscience» de leur « irrégularité » ?
- En « souffrent »-ils ou le vivent-ils dans « l'indifférence » ?
- Interrogations également sur les « demandes » précises que ces couples adresseraient à l'Église.
- Et, question clé pour savoir si « l'allégement » et « l'accélération » des procédures de « déclaration de nullité » du lien du mariage – une idée du pape François – apporteraient une « réelle contribution positive » à ce problème.
Jean-Marie Trénois
pour Lefigaro.fr