Ils n’assassinent pas seulement les Palestiniens, ils tuent aussi le judaïsme !
Nous reproduisons le communiqué que la Coordination nationale de l’Union juive française pour la paix (UJFP) a publié le 6 janvier 2024
G & S
En trois mois de guerre, il y a eu plus de 30 000 morts ou disparus à Gaza, soit 1,5 % de la population. C’est-à-dire en pourcentage autant que le nombre de Français tués en cinq ans pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
75 % des morts sont des femmes, des enfants, des vieillards. Le prétexte « d’éradiquer » le Hamas est grotesque, il s’agit clairement d’une guerre d’extermination de la population de Gaza.
La quasi-totalité des infrastructures ont été détruites, y compris les hôpitaux et les écoles. La population, massivement déplacée et bombardée, est sans abri et affamée.
Les déclarations des dirigeants israéliens sont sans ambiguïté : ce sont des paroles d’assassins qui se vantent de leurs crimes : « Les Palestiniens sont des animaux humains », « Nous avons renvoyé Gaza à l’âge de pierre », « Larguer une bombe atomique sur Gaza, c’est une option », « Si nous encourageons l’émigration, s’il y a 200 000 Arabes à Gaza et non plus 2 millions, le discours d’après sera complètement différent », « J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie, je ne vois pas où est le problème »… la liste serait longue.
Ces déclarations d’assassins sont suivies d’actes : les images de quartiers pulvérisés, de milliers d’enfants massacrés, de familles entières annihilées, de l’exode sans fin d’une population délibérément affamée, d’hôpitaux détruits… sont visibles partout. Le déni de ce qui est à l’œuvre est impossible. Cette destruction de Gaza s’accompagne d’autres tueries à Jénine ou Huwara et d’une généralisation de la torture des prisonniers.
En Israël, une large partie de l’opinion est sortie de l’humanité comme ça s’est déjà passé dans d’autres sociétés. Ces crimes sont applaudis. Les médias s’amusent de la souffrance palestinienne. La vie de l’autre n’a aucune importance. Le suprémacisme, l’inégalité des droits sont assumés.
L’État d’Israël se définit comme un État juif. Les colonies qui balafrent la Cisjordanie s’intitulent « colonies juives ». Les sionistes considèrent que tout Juif qui ne soutient pas Israël est un traître.
Ils tuent le judaïsme, qu’il soit laïque ou religieux. Comme minorité souvent opprimée, les Juifs se sont battus pour leur émancipation en la liant à celle de l’humanité. Ils ont souvent été porteurs de valeurs universelles. Pour les religieux, le peuple élu a le devoir de bien se conduire et il est interdit de porter atteinte à l’existence de son prochain.
Ce que l’État d’Israël inflige aux Palestiniens recopie sur bien des aspects ce que l’antisémitisme a infligé aux Juifs. Les dirigeants israéliens n’ont aucun droit de se réclamer de la mémoire des ghettos. Aujourd’hui Gaza est un ghetto. Ces mêmes dirigeants n’ont aucun droit à se réclamer de la mémoire du génocide nazi. Les Juifs exterminés étaient des dominés. Ils étaient considérés comme une population « surnuméraire ». Ils ont été les victimes d’une idéologie d’extrême droite. Aujourd’hui les Palestiniens sont traités comme « surnuméraires ».
En 1945, le régime nazi est tombé, mais pas ses idées. L’extrême droite raciste, colonialiste, suprémaciste, foulant aux pieds les droits fondamentaux est au pouvoir en Israël et elle est alliée à toutes les forces d’extrême droite dans le monde, y compris antisémites. Ils assassinent aussi la mémoire du génocide nazi.
L’UJFP s’adresse aux Juifs, en Israël, en France ou ailleurs. Il y a un droit international, il y a des droits humains hors desquels c’est la barbarie généralisée. L’État d’Israël a quitté la route. Soutenir ce que fait cet État, être complice du génocide en cours à Gaza, ce n’est pas seulement immoral. C’est totalement suicidaire. Qui peut penser que les Israéliens pourront éternellement s’imposer par la violence extrême et la négation de l’autre ? Qui peut penser que l’appui inconditionnel aux assassins qui commettent des crimes réitérés ne met pas en danger les Juifs ?
Terminons par ce que deux Juifs illustres ont déclaré :
Yeshayahou Leibowitz : « L’occupation détruit la moralité de l’occupant » et au moment de Sabra et Chatila (1982), il parlera de mentalité « judéo-nazie ».
Marek Edelman, commandant en second de l’insurrection du ghetto de Varsovie : « Être juif, c’est être toujours au côté des opprimés ».