A l'écoute de la Parole de Dieu
Dimanche de la Sainte Trinité*
Ex 34, 4b-6.8-9; Dn 3, 52-56; 2 Cor 13, 11-13; Jn 3, 16-18.
« La Trinité de Dieu est le mystère de sa beauté.
Si on la nie, on a aussitôt un Dieu sans éclat, sans joie,
un Dieu sans beauté. »
Karl Barth, Dogmatique 2, t. 1, p. 417
Dans un article paru le 3 septembre 2015 dans Garrigues et Sentiers, Joseph Moingt commençait par ces mots :
"Osons l’avouer à notre tour : on se contenterait assez facilement d’une Trinité à deux personnes; elle paraît facile à comprendre, elle est familière à notre prière, d’autant plus que l’une des deux ne va pas sans l’autre. Mais la troisième, on ne sait trop qu’en dire, ni surtout qu’en faire."
Autant dire que la fête de la Sainte Trinité n'attire pas tellement les chrétiens. Nous avons tendance à considérer que la notion trinitaire est l'effet de spéculations abstraites qui n'ont pas grand chose à voir avec notre foi.
Et si au contraire elle était primordiale, si l'expérience de la Trinité était première, le développement théologique arrivant bien après? Les disciples ont reçu l'Esprit qui les a mis en relation filiale avec le Père, devenus fils avec le Fils, ils ont plongé dès la Pentecôte dans la vie trinitaire.
Comment le Dieu unique pourrait-il exprimer ce qui le caractérise, l'amour, en restant seul ? Ainsi le Père engendre le Fils pour l'aimer, et le Fils rend cet amour au Père. Le Dieu chrétien est "Relation", il est "Communion". Dans le même dossier de Garrigues et Sentiers, Michel Rondet écrivait le 24 juillet 2015 :
« La véritable image de Dieu en notre monde, ce n'est pas le saint, mais la communion des saints."
L'Esprit Saint est essentiel, car cet amour entre le Père et le Fils ne peut pas être fusionnel, le Père n'est pas le Fils, le fils n'est pas le Père, "entre eux, il y a un amour sans mesure, fort et éternel qui les lie l'un à l'autre d'un lien indestructible" (M. Rondet), "c’est l’Esprit Saint qui forme le “nous” commun du Père et du Fils" (J. Moingt). L'Esprit élargit (il surabonde) l'unité du Père et du Fils, et nous fait entrer dans cette unité, il fait de l'Église (qui est le "nous" des chrétiens) "la demeure historique de la Trinité" (J. Moingt). Le Dieu de la Révélation n'est pas monolithique, mais relationnel, et l'Esprit, qui anime le Fils, fait de nous des fils du Père.
"Comme, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'ils soient en nous eux aussi...Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un; moi en eux et toi en moi..." (Jn 17, 21-23)
Sans la Trinité nous serions en face de Dieu, mais sans possible relation d'amour avec Lui ou en Lui. C'est l'Esprit trinitaire, le Saint Esprit, qui vit en nous et nous aspire dans la relation d'amour entre le Père et le Fils.
En nous souvenant de cela, nous pouvons alors méditer les textes de ce dimanche, très courts et très explicites.
Dans le livre de l'Exode, Moïse se trouve face à Dieu qui se fait connaître comme "le Seigneur", en ce jour nous sommes appelés à reconnaître la place de Dieu en face de l'humanité. Un Dieu "plein d'amour et de vérité", devant lequel nous avons trouvé grâce. Nous pouvons lui demander de marcher au milieu de nous et sachons qu'il "pardonnera nos fautes et nos péchés " pour faire de nous son "héritage". Le cantique de Daniel qui suit nous incite à chanter sa louange et sa gloire, c'est-à-dire à le reconnaître comme Dieu.
Puis Paul appelle sur nous la grâce de Jésus-Christ, l'amour du Père, la communion de l'Esprit, et peut alors dire : "soyez dans la joie" et dans l'amour mutuel, l'amour qui est celui de l'Esprit. La Trinité, qui nous aspire dans sa Vie, nous fait vivre dans la paix et la joie.
Jean nous rappelle l'amour de Dieu pour nous, qui nous donne son Fils, non pas pour nous juger, mais pour nous sauver. Il nous offre la "vie éternelle" (si nous en voulons, "celui qui ne croit pas est déjà jugé" par lui-même dans son refus), c'est-à-dire la vraie Vie, celle de la Trinité.
Nous avons médité sur la venue de l'Esprit pour la Pentecôte, avant de commencer le long cheminement des "dimanches du temps ordinaire" qui vont nous mener jusqu'à l'Avent, il est bon de nous arrêter ainsi pour célébrer Celui qui est le fondement de notre foi, le Dieu Père, Fils et Esprit, le Dieu trinitaire.
Marc Durand
A l'écoute de la Parole de Dieu(*) Je me suis inspiré de deux articles parus dans le dossier 28 de "Garrigues et Sentiers" publiés en été 2015, écrits par Joseph Moingt et Michel Rondet. Il vaut la peine de les relire à l'occasion de cette fête de la Sainte Trinité.