À l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Samedi-Saint 16/04/2022

 

Jésus ressuscite le troisième jour, alors qu’en fait sa mort et sa résurrection sont un seul et même acte. L’attente du 3ème jour est nécessaire pour affirmer que Jésus est bien mort (pour Lazare c’était le quatrième jour), sinon rien ne se passait. Quant à sa « descente aux enfers » annoncée dans le « symbole des Apôtres » mais pas dans les autres credos, elle signifie que Jésus a donné sa vie pour sauver toute l’humanité, y compris ceux qui le précédaient, qu’il est donc allé chercher (où ?, on est dans les images!) pour les ramener dans la Vie du Père. Sinon, sa descente aux enfers, c’est aussi cette descente de Dieu trinitaire dans les profondeurs du mal à travers le Fils.
Les apôtres et les femmes ont trouvé un tombeau vide. Nul n’est témoin direct de la Résurrection qui n’est pas un phénomène naturel. La Résurrection est réelle, mais pas matérielle. Les témoignages évangéliques qui suivent (Jésus avec Thomas, ou mangeant au bord de l’eau, etc.) sont destinés à affirmer qu’il ne s’agit pas d’un fantôme, qu’il s’agit bien de la personne de Jésus. En même temps ses disciples ne le reconnaissent pas (à Emmaüs, ce sera à la fraction du pain), il apparaît alors que toutes les issues sont fermées : là encore on veut faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un corps matériel. Ni fantôme, ni nouveau corps humain.

 

La Résurrection nous touche dans notre propre existence, dans notre relation aux autres. La mort passe de la négation de notre être à l’ouverture sur Dieu. C’est une réalité qui nous concerne tous et chacun, la « mort-résurrection » a vocation universelle :

« Par l’obéissance d’un seul, tous les autres sont constitués justes » (Rm 5, 19).

Un nouveau monde advient dans lequel tous les hommes sont appelés à constituer le Corps du Christ ressuscité :

« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis,eux aussi soient avec moi » (Jn 17, 24).

Le nouveau temps est orienté par l’avenir de la relation entre Dieu et les hommes, par la médiation du Christ. Cet à-venir de Dieu éclaire notre histoire, est créateur d’une nouvelle Histoire.

 

Paul, qui insiste sur la mort du Christ et la nôtre dans le baptême, n’a rien de morbide. La mort est utilisée par lui comme une métaphore de cet acte de salut que le Dieu trinitaire a effectué en venant s’enfouir par Jésus dans nos souffrances et notre péché afin de nous ramener à lui.

 

La Résurrection est la conséquence de la Promesse de Dieu envers les hommes, depuis celle faite à Abraham, renouvelée au Sinaï avec Moïse et répétée constamment par les prophètes. L’histoire de la Promesse remonte même à Adam avec la création, elle est relue de façon totalement nouvelle grâce à la mort et résurrection du Christ.

Le premier Testament ainsi que l’enseignement de Jésus sont alors relus à la lumière de cette Promesse (les évangiles ont été écrits à cette lumière, ce ne sont pas de simples relations de l’action d’un prophète nommé Jésus). Pour entrer dans cette méditation, on ne part pas d’une théorie philosophique (vision des Grecs) ou de l’anthropologie du monde actuel, mais de l’histoire contée dans la Bible. La Promesse du premier Testament est libérée de la Loi et du particularisme lié au peuple juif pour aller vers le salut universel offert à tous les hommes.

Jésus lui-même a pu douter au cours de sa Passion de la permanence de la Promesse quand il s’écrie

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »(Mt 27, 46).

Malgré les apparences, malgré la déréliction de Jésus au jardin des oliviers et sur la Croix, il n’était pas abandonné mais au cœur de la Trinité.
Le nouveau monde peut alors advenir, marqué par le déchirement en deux du voile du Temple évoqué le vendredi saint. La Croix est toujours présente avec la Résurrection. Elle n’est pas passée pour nous, elle nous ramène à la souffrance du monde qui est toujours parmi nous. Par le baptême nous sommes plongés dans la mort pour pouvoir avancer sur le chemin de notre résurrection.

 

Marc Durand

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