Mgr Pontier élu président de la Conférence des évêques de France
L’archevêque de Marseille a été élu, mercredi 17 avril, président de la Conférence des évêques de France. Il sera assisté de deux vice-présidents, Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis, et de Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier.
Ses années à Digne (1981-1996), La Rochelle (1996-2006) puis Marseille ne lui ont jamais fait perdre ce rocailleux accent tarnais qui fait sa marque de fabrique. À quinze jours de ses 70 ans, Mgr Georges Pontier, a été élu mercredi 17 avril président de la conférence des évêques de France (CEF). Cet homme affable et accessible, décrit par ses proches comme cultivant la discrétion, a fêté le mois dernier les 25 ans de son ordination épiscopale et son attachement à sa devise « La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Matthieu 11,5). Cette phrase rapportée par l’évangéliste Matthieu sonne comme un programme, pour l’archevêque passé par l’université pontificale grégorienne, à Rome, et par la faculté de Toulouse.
Membre de la fraternité sacerdotale Jésus-Caritas, qui vit la spiritualité Charles de Foucaud, il a été frappé, lors de son arrivée à Marseille en 2006 par la pauvreté de la cité phocéenne. Homme de terrain, il passe des mois à arpenter les rues de son nouveau diocèse, visite les entreprises, participe à une maraude du Secours catholique, écoute ses collaborateurs. Dans cette ville où les élus locaux renouvellent chaque année le « vœu des échevins », au cours d’une messe commémorant la consécration, en 1722, de Marseille au Sacré-Cœur de Jésus, Mgr Pontier est également rompu aux liens avec le monde politique.
L’« islamopholie de l’évêque de Marseille »
Le contexte marseillais l’amène également à découvrir le dialogue interreligieux, jusqu’à en devenir l’un des plus ardents défenseurs. Son engagement, particulièrement avec la communauté musulmane, lui vaut d’ailleurs d’être violemment attaqué en 2010 par des candidats d’extrême droite aux élections régionales, qui dénoncent l’« islamopholie de l’évêque de Marseille ». Une animosité d’autant plus vive que quatre ans plus tôt, encore évêque de La Rochelle, il prenait vivement position contre le projet de loi sur l’immigration et l’intégration présenté par le ministre de l’intérieur d’alors, Nicolas Sarkozy.
Plus récemment, sur l’ouverture du mariage aux personnes homosexuelles, il avait, comme beaucoup d’évêques, affirmé son opposition au projet gouvernemental, et invité les chrétiens de son diocèse à se « former, débattre, argumenter, parler autour de nous », à écrire aux élus, tout en s’opposant « à toute forme de mépris pour les personnes homosexuelles ». Jusqu’à aujourd’hui, il préside également le comité Études et projets de l’épiscopat, chargé d’examiner les questions d’actualité.
Ses amis d’Albi soulignent sa discrétion
Professeur et directeur du séminaire des jeunes de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) pendant treize ans, l’archevêque de Marseille a fait de l’attention aux jeunes l’un des fils rouges de l’action menée dans les trois diocèses où il exerça. À Marseille, trois fois par an, il continue de témoigner au cours de soirées « Évangile et prière » organisées pour eux dans l’église Saint-Ferréol, à deux pas du Vieux port.
« Il livre son expérience personnelle et sa vie de foi avec une facilité et une simplicité déconcertante », observe Remi Caucanas, l’un des permanents de l’Institut catholique pour la Méditerranée. Pourtant, ses amis d’Albi soulignent sa discrétion. « C’est un homme très discret, qui n’est pas du tout du genre à se mettre en avant », observe-t-on dans son diocèse d’origine, où il a gardé des liens amicaux très forts. Deux fois par an, il essaye de retourner dans sa cité natale pour célébrer la fête de sainte Claire au monastère des clarisses de Lavaur, où l’une de ses sœurs est religieuse.
Un ardent défenseur de la collégialité
Dès 1990, il reconnaissait ouvertement les divergences internes qui pouvaient exister au sein du collège épiscopal. « Qu’entre nous, il y ait des différences de sensibilité, c’est évident, admettait, dans un entretien à La Croix, celui qui était alors évêque de Digne. Mais que nous soyons perçus comme mus par des intentions machiavéliques, cela est insupportable », jugeait-il, se disant également « très agacé par cette manie que nous avons à compter les troupes ».
Dans la même interview, il y évoquait aussi la « solitude éprouvée par l’évêque » dans sa fonction. De fait, beaucoup voient en lui un ardent défenseur de la collégialité, renforcée à la CEF entre les années 2001 et 2007, alors qu’il était vice-président de la Conférence épiscopale, aux côtés du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux.
« L’évangélisation relève aujourd’hui d’une responsabilité collective. Il nous fait nous parler plus souvent, entre évêques, pour trouver ensemble des solutions », affirmait-il alors. Dans sa province, chacun se souvient aussi du rôle de médiateur joué entre Mgr Jean-Pierre Cattenoz, l’archevêque d’Avignon, qui fut un temps aux prises avec une partie de son presbyterium. « Ce qui nous a toujours frappés, c’est sa capacité d’écoute et d’attention, rapporte Jacques Cassan, ami de trente ans. Il est tout entier donné à la capacité d’écouter les gens qu’il a en face de lui. »
Loup Besmond Dd Senneville
pour La Croix.com