La Nature dans la Bible : une sacrée nature !

Publié le par G&S

Écrire un article sur le mot nature dans la Bible pour un dossier sur la loi naturelle paraît évident.

Mais cette évidence n’est pas évidente à l’usage car on s’aperçoit très vite que dans la Bible de Jérusalem le mot nature n’apparaît jamais dans l’Ancien Testament traduit de l’hébreu et qu’il n’y a que 17 occurrences de ce mot dans la traduction de la Bible en grec, dont 9 dans l’Ancien Testament (8 fois en Sagesse et une fois dans Esther) et 8 dans le Nouveau : Épîtres de Paul (5 occurrences), de Pierre (2) et de Jude (1).

Dans ces conditions une étude n’offre que peu d’intérêt, sauf à gloser sur le fameux passage de Romains 1 sur la colère de Dieu qui livre les hommes à des passions avilissantes, car leurs femmes ont échangé de rapports naturels pour des rapports contre nature ; pareillement les hommes, délaissant l’usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme à homme et recevant en leurs personnes l’inévitable salaire de leur égarement (26-27)… ou sur 1Corinthiens 11,14 : La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c'est une honte pour l'homme de porter les cheveux longs ?...

Je vous propose donc que nous parlions de la nature dans un texte où elle n’apparaît pas explicitement, ce qui donne un intérêt supplémentaire à la recherche !

Il s’agit du chapitre 1er du livre de la Genèse et plus précisément de ce qu’on appelle le Premier récit de la Création.

Je vous rappelle qu’il y a dans la Genèse deux descriptions de la création par Dieu de l’être humain et de l’univers : la première au chapitre 1er, la deuxième au chapitre 2! Chacun de ces récits correspond à une tradition, c’est-à-dire à une façon de réfléchir au rapport entre Dieu et sa création. On dit quelquefois qu’il y a deux récits différents de la Création, mais je préfère avancer l’hypothèse que ces deux récits sont en fait complémentaires, qu’ils sont deux lectures faites par l’homme d’une même réalité : l’apparition de l’être humain sur Terre. C’est aussi, semble-t-il, l’avis des lecteurs juifs, qui parlent en général DU récit de la Création.

Dieu crée

Le 1er récit commence en Genèse 1,1 par le fameux : Dans un commencement Élohim créa les (deux) cieux et la terre.

On n’entrera pas dans le débat sur la création ex nihilo 1, mais il semble que la création décrite ici ne l’est pas, puisqu’il y est question d’un tohu-bohu, en hébreu tohou vavohou, préexistant : on peut traduire par la terre était tohu-bohu, cette expression étant passée dans le langage courant. Mais – hélas ! – la Bible de Jérusalem traduit par la terre était vide et vague, alors que Chouraqui – évidemment ! – garde le tohu et bohu.

Y aurait-il un semblant de nature préexistante, une espèce de chaos originel plus ou moins indifférencié, dans lequel Dieu mettrait de l’ordre pour créer, en séparant ?

Peut-être bien qu’oui ! En effet, il est curieux de constater que la valeur de l’expression hébraïque tohou vavohou est 52 2, celle de Élohim, le nom de Dieu dans ce récit de la Création… et on pourrait imaginer qu’une tradition a « créé » ces monstres à partir du récit d’une création « ratée par Dieu ». Rien ne dit qu’ils ont été exterminés et il n’est pas absurde de penser qu’ils sont restés partie intégrante de la Terre, quand on voit comment cette Terre fonctionne à certaines époques.

On notera aussi qu’existent déjà la ténèbre, l’abîme, le vent et les eauxOn est donc en présence d’une espèce de pré-nature naissante dont l’origine n’est pas précisée.

Suivent les enchaînements des vayomer Élohim, les fameux Élohim dit et des Élohim vit que cela était bon… et le non moins fameux décompte des jours avec le refrain il y eut un soir, il y eut un matin, car pour les hébreux et maintenant les juifs les jours commencent le soir.

Dieu crée la lumière puis continue sa création en séparant : le ciel et la terre, les eaux et la terre, les luminaires du jour et ceux de la nuit, les animaux de l’eau et les animaux de l’air…

Dieu a horreur de la fusion, comme je le remarquais récemment dans l’article L’acte sexuel, brasure divine, où la liberté de l’être humain apparaissait clairement : Dieu refuse de tout faire tout seul et a décidé une fois pour toutes que la création, dès quelle existerait, participerait à la Création à venir !

On pourrait donc écrire que…

Dieu sous-traite une partie de la Création

Avez-vous remarqué que Dieu « ne fait pas tout » et qu’il « sous-traite » une partie de la création ? Le texte est clair sur ce point ; Dieu dit : « que les eaux s’amassent… que la terre verdisse de verdure… »

Dieu a confiance en la nature… Mais tout le monde sait que faire confiance c’est prendre des risques et le texte hébreu en apporte immédiatement la preuve (que la quasi totalité des traductions françaises ne voient pas ou ne veulent pas voir) : la nature désobéit ou – laissons lui le bénéfice du doute ! – ne comprend pas exactement ce qu’Élohim lui demande.

Lisons donc Genèse 1,11-12 dans l’excellente traduction de Chouraqui : Élohîms dit « La terre gazonnera du gazon, herbe semant semence, arbre-fruit faisant fruit pour son espèce, dont la semence est en lui sur la terre. » Et c’est ainsi.

Eh non ! Malheureusement, ce n’est pas ainsi que les choses se passent, comme on le lit tout de suite après : La terre fait sortir le gazon, herbe semant semence, pour son espèce et arbre faisant fruit, dont la semence est en lui, pour son espèce.

Pourtant le texte a affirmé : et c’est ainsi et ajoute : Élohîms voit : quel bien ! Peut-être faites-vous comme Lui, amis lecteurs, et ne voyez pas où le bât blesse.

La bonté de Dieu n’a pas de bornes, et Il semble très satisfait de cette œuvre… et vous aussi peut-être.

Mais lisons avec attention la traduction très fidèle de Chouraqui : le texte nous dit bien que Dieu demandait à la terre de faire « arbre-fruit faisant fruit » et que la terre a donné « arbre faisant fruit » ; un arbre « tout court », un bête arbre fruitier, quoi !

Aucun autre traducteur 3 n’a osé évoquer les « arbres-fruits » demandés par Dieu, car pour un traducteur très savant il est évident que cela est idiot. Eh bien, le plus idiot des deux n’est pas Dieu et je pense que malheureusement ces « traducteurs » n’ont en fait jamais vu cette fulgurance du texte hébreu !

Que penser de cela ? Que la nature commence son œuvre de création, ou plutôt d’à-peu-près… sa collaboration à l’œuvre d’Élohim, à sa demande, mais avec ce quelle est : une création de Dieu et non pas Dieu Lui-même.

Dieu fait confiance à sa création, à la nature, et lui laisse – déjà – sa liberté. Et Il va aller jusqu’au bout en disant (Genèse 1,26) :

« Faisons être humain à notre image… »

On a beaucoup cogité depuis des siècles sur ce « faisons » prononcé par Élohim et beaucoup de savants ont donné leur avis sur cette « anomalie ». Pour le vérifier il suffit de lire les notes des bibles catholiques ou de la TOB, nouvelle ou pas.

Comme nous commençons à nous connaître, amis lecteurs, et que vous m’avez déjà manifesté votre confiance malgré mes commentaires quelquefois un tantinet hurluberlus, je vous propose que nous fassions une folie en ce moment fondamental – au sens étymologique du terme – du récit de Genèse 1 !

Nous sommes en Genèse 1,26 et nous lisons : Élohim dit : « faisons être humain à notre image, comme notre ressemblance ». Notez que le mot que je traduis par être humain (’adam) n’est pas précédé d’un article défini.

Pour avancer dans notre réflexion, nous devons remarquer que dans le récit de Genèse 1 :

- les verbes régis par le mot pluriel Élohim sont à la troisième personne du singulier : Élohim dit, Élohim fit, Élohim vit, etc. ;

- à certains moments Élohim ordonne à la création d’évoluer elle-même : que la terre verdisse, que les eaux s’amassent

Or, dans le verset Genèse 1,26, celui de la création de l’être humain, on remarque que :

- le verbe marquant la création est à la première personne du pluriel : nous ferons être humain à notre image, comme notre ressemblance.

Ce verset est donc complètement différent, car :

- le verbe gouverné par le nom d’Élohim est subitement au pluriel et non plus au singulier comme c’était le cas depuis le début du texte.
après ce verset il n’y a plus d’ordre donné par Élohim à la création préexistante à laquelle il ordonnait d’évoluer toute seule après avoir été créée par Lui (que les eaux – déjà créées – grouillent, par exemple).

Pour la première de ces remarques, on a imaginé des interprétations diverses :

- Élohim, est un mot pluriel en hébreu et il est normal que le verbe le soit aussi. Le problème de cette interprétation est que – partout ailleurs et comme on l’a dit – le mot Élohim est utilisé avec un verbe au singulier.
- Dieu est – déjà – trinitaire au moment de la création, pensaient saint Hilaire et saint Augustin : « nous trouvons : ‘Dieu dit : faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance’ pour insinuer la pluralité des personnes, Père, Fils et Saint-Esprit. »

Peut-être, mais cela ne tient pas vraiment compte du fait que tout de suite après, Élohim (qui, on l’a vu, est un nom au pluriel ) crée (verbe au singulier, comme partout ailleurs) l’être humain (cette fois avec un article défini) à son (adjectif possessif au singulier ) image.

Le texte nous alerte en insistant lourdement : Élohim créa l’être humain à son image, à l’image d’Élohim il le créa. Aucun doute n’est possible : l’être humain est à l’image de Dieu et plutôt deux fois qu’une ! Mais pas à sa ressemblance

… Contrairement à ce que semblent penser Hilaire et Augustin, qui oublient au passage une « petite » chose : Élohim n’a pas satisfait sa propre volonté qu’il avait définie ainsi : créer être humain…

« Comme à notre ressemblance… »

Mais où est donc est passée la ressemblance ? Qu’en font les auteurs des explications ci-dessus qui la mettent dans le même sac que l’image alors que ce sont pourtant deux mots très différents – image est tselem ; ressemblance est demout – et qu’il ne peut pas s’agir d’un oubli ?

Je vous propose maintenant ma vision des choses, amis lecteurs, en vous signalant au passage que vous ne la trouverez actuellement nulle part, sauf erreur de ma part !

La ressemblance de dame Nature

Il ne me paraît pas interdit de penser que « nous ferons » – à la première personne du pluriel – indique que l’être humain est créé simultanément

par DIEU – à Son image (comme il est dit par deux fois dans le texte) et seulement à Son image – en tant qu’être humain « distinct et délimité » 4, individu unique (avec un article défini), c’est-à-dire en tant que personne 5.

ET                                                                                       

- par la CRÉATION préexistante, c’est-à-dire par la NATURE – à sa ressemblance – en tant qu’élément du genre humain.

Dieu s’adresse donc à la nature – dont a priori le tohu-bohu primitif fait toujours partie – et l’invite à collaborer à la confection du genre humain (en hébreu : ’adam, sans article) : « faisons être humain ».

La Bible étant un ouvrage cohérent, il n’est pas surprenant de retrouver dans le Second récit de la Création, avec des mots différents, cette double nature de l’être humain : Alors le Seigneur Dieu modela l'être humain avec la glaise du sol (la nature), il insuffla dans ses narines une haleine de vie (divine) et l'homme devint un être vivant. (Genèse 2,7)

En Genèse 1,27 l’homme est ’adam, c’est-à-dire en même temps

image – en hébreu tselem – de Dieu,
- et tiré de la glaise – en hébreu ’adamah – et donc à la ressemblance en hébreu demot – de la nature !

La glaise du sol est bien ce qu’on appelle communément la pâte humaine, indifférenciée ; l’haleine de vie est ce qui différencie fondamentalement chaque être humain d’un autre, ce qui en fait un individu unique.

L’être humain est donc – par nature, si j’ose dire ! – à la fois poussière du sol et souffle de Dieu, mélange indissociable de naturel et de spirituel.

Petit appendice

Si, de plus, on remarque qu’en guematria classique Dieu’élohiym – et la naturehatéva’’ 6 – ont la même valeur – 86 – on peut aller jusqu'à affirmer que l’être spirituel – de Dieu – et l’être naturel – de la poussière du sol – sont bien égaux dans l’homme, puisque Dieu et la nature sont à égalité dans cet acte de création

Il est curieux – et amusant ! – de noter que Freud, par un lapsus calami – révélateur ? volontaire ? – a ‘réinventé’ cette égalité de guematria quand, voulant citer Shakespeare (in Henri IV ) : « Tu dois une mort à Dieu », il a écrit (in L’interprétation des rêves) : « Tu dois une mort à la Nature ».

Cette hypothèse sur la participation de la Nature à la création montre que Dieu a ‘accouché’ d’un monde libre : dès le début de la Genèse, la nature n’en fait qu’à sa tête et ne donne pas exactement ce que Dieu souhaitait puisque les arbres ne sont pas fruits, mais se contentent d’en faire.

Dieu – comme il l’a voulu – ne maîtrise plus totalement la nature végétale ; comment pourrait-il maîtriser l’homme ?

Est constamment présente dans la pensée juive la notion d’un recul, d’un retrait (en hébreu moderne : tsimtsoum) de Dieu par rapport sa Création, d’une certaine impuissance de Dieu qu’il aurait lui-même décidée. Dieu aurait-il créé un monde qui devient indépendant de lui ou, en d’autres termes : Dieu, que beaucoup d’êtres humains estiment Tout-Puissant, pouvait-il créer un monde d’où il se serait retiré et où il ne pourrait pas agir ?

Alors, on comprendrait peut-être pourquoi Dieu n’a pas empêché l’intervention du serpent au Jardin des Délices… : il ne pouvait (ni ne voulait ?) intervenir contre les appels du tohu-bohu primitif à ses propres créatures…

L’homme que je suis en sait quelque chose.

Mais, dans ces conditions, Dieu pouvait-il quelque chose pour l’homme et la femme, pour les aider à vaincre leur désir après la visite du serpent (Genèse 3,6-7)… et devait-il les punir, comme on nous le raconte depuis des siècles ?

Nous en reparlerons peut-être un jour…

René Guyon

1 – ex nihilo signifie à partir de rien ; cette théorie est contraire à l’hypothèse que j’évoque dans la suite de l’article.
2 - Pour la valeur des mots dans la Bible, cf. l’article Déchiffrons les lettres hébraïques.
3 – Au risque de vous paraître extrêmement prétentieux, amis lecteurs, je dois vous « avouer » que j’avais vu cette nuance du texte hébreu avant de découvrir la traduction de ce verset dans Chouraqui
4 – C’est la définition de l’individu donnée par le Grand Usuel Larousse.
5 – Il est peut-être utile de rappeler qu’une personne est humaine par nature et que la précision « personne humaine » est un pléonasme…
6 – teva’’ est un mot de l’hébreu moderne – inconnu dans la Bible – qui est issu de la racine tv’’ de l’hébreu biblique, qui signifie imprimer, graver.

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D
Luc 17:6 Louis Segond Bible<br /> Et le Seigneur dit: Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce sycomore: Déracine-toi, et plante-toi dans la mer; et il vous obéirait.
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A
Sans polémiquer je voudrais juste montrer quelques aspects du Béréshit :<br /> <br /> Tévah טבע semble être une utilisation moderne du terme tséma צמח pour signifier la nature.<br /> <br /> mais il semble que la création décrite ici ne l’est pas, puisqu’il y est question d’un tohu-bohu, en hébreu tohou vavohou, préexistant –<br /> --- Exact – le tohou bohou n'est pas le vide mais la nature à l'état informel -<br /> <br /> Y aurait-il un semblant de nature préexistante, une espèce de chaos originel plus ou moins indifférencié, dans lequel Dieu mettrait de l’ordre pour créer, en séparant ? ---<br /> -- Oui en ce qui concerne les mondes à aménager qu'il faut compléter par la création d'une atmosphère viable pour les êtres vivants.<br /> <br /> En effet, il est curieux de constater que la valeur de l’expression hébraïque tohou vavohou est 52 2, celle de Élohim, - ---<br /> -- Oui Elohim est dans la nature – Il participe en tant que nature naturé. C'est le premier Adan ( différent d'Adam ) dans l'univers comme l'est Jésus dans notre monde en tant qu'Etre accompli.<br /> <br /> ces monstres à partir du récit d’une création « ratée par Dieu »- -----<br /> --De quels monstres il s'agit ? Des cétacés "taninïm", les dinosaures, et mammouth qui sont eux-mêmes issus des reptiles tane de la mer.<br /> <br /> On notera aussi qu’existent déjà la ténèbre, l’abîme, le vent et les eaux….. <br /> -- Parce que le monde ou l'univers était déjà créé car Beth ( l'Univers ou la maison devance le réshit )– Il faudrait lire «  Dans le commencement a été créé Elohim, le ciel et la terre ? Le mystère c'est le nom YHWH qui n'est pas cité, car YHWH est le seul créateur.<br /> <br /> Suivent les enchaînements des vayomer Élohim, les fameux Élohim dit et des Élohim vit ---<br /> --- Là il faut tenir compte des verbes actifs au futur ( dans un à venir ) :  וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, יְהִי אוֹר; וַיְהִי-אוֹר – Et dit Elohim « sera lumière », et la lumière fut. Il y a un espace temps entre la Parole et l'action qui est terminée.<br /> <br /> Dieu refuse de tout faire tout seul et a décidé une fois pour toutes que la création, dès quelle existerait, participerait à la Création à venir ! <br /> --- La création n'a pas besoin de l'homme pour continuer sur sa lancée – Elohim a besoin de l'homme pour parfaire ce qu'il a fait et créer de la civilisation.<br /> <br /> Avez-vous remarqué que Dieu « ne fait pas tout » et qu’il « sous-traite » une partie de la création ? Le texte est clair sur ce point ; Dieu dit : « que les eaux s’amassent… que la terre verdisse de verdure----<br /> --- Dans cette suite Elohim poursuit le programme établi en gen 1/3 – Là également le verbe est au futur avec un passif -  וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים, יְהִי רָקִיעַ בְּתוֹךְ הַמָּיִם, וִיהִי מַבְדִּיל, בֵּין מַיִם לָמָיִם – Le verbe être יְהִי est au futur, le second est au ,passif וִיהִי.<br /> Je m'arrête ici.. merci de votre patience
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D
<br /> "Nous en reparlerons peut-être un jour…" dit René Guyon à la fin : et bien moi, j'attends la suite... car quelque hurluberlus que puissent sembler ses<br /> commentaires (c'est lui qui le dit), c'est comme ça qu'on les aime...<br /> <br /> <br /> Et merci aussi à Robert et Pierre pour leurs commentaires savants et éclairés quant à ceux de Caroline,<br /> j'ai plus de mal à "accrocher"...<br />
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F
<br /> "Notre vraie nature à laquelle nous sommes appelés à naître , à être . ..<br /> Icône trinitaire ?"<br /> <br /> <br /> Merci Caroline, pour cette magnifique appellation : Icône trinitaire.<br /> <br /> <br /> Augustin avait choisi de s'avancer dans cette voie de pleinitude. Sortir du monde de la dissembalnce et de la division,<br /> pour aller vers l'univers de l'harmonie créatrice, là où le Père nous attend, tout au fond de notre être, pour une re-création ; celle-ci : désirée et consentie par nous.<br /> <br /> <br /> Francine Bouichou-Orsini<br />
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C
<br /> <br /> <br /> En reliance avec vos réflexions des jours derniers ( un grand merci à vous tous ) je voulais partager avec vous ce passage d'un évangile apocryphe que je porte dans le  chaud de mon cœur et<br /> malheureusement encore si peu connu ,  l'Evangile de Marie ( Myriam de Magdala ) traduit et interprété par Jean Yves Leloup ...( Albin Michel spiritualités /poche )<br /> Je vous invite chaleureusement à en lire la richesse des nombreux  commentaires bien trop longs pour être retranscrits ici...<br /> Je suis très heureuse de vous apporter ce soir " ce regard féminin  " sur l'Enseigneur...<br /> <br /> L'Enseigneur dit :<br /> ><br /> Il continua et dit :<br /> >   Extrait ( pages 7  lignes 14 - 28 / page 8 lignes 1 - 14 ) <br /> <br /> Paix en nos cœurs ...Que cette paix qui vient de l'Être coule en nos corps et sur nos corps comme un baptême ...<br /> La Paix de l'Enseigneur c'est sa Présence en la profondeur de nos cœurs , c'est notre reliance permanente avec la Source de ses Enseignements et de son Souffle qu'il appelle son Père <br /> ...<br /> Présence trinitaire comme le dit si souvent Francine , être en Lui , par Lui , avec Lui comme l'amour , l'amant et l'aimé sont un...<br /> Notre vraie nature à laquelle nous sommes appelés à naître , à être . .. Icône trinitaire ?<br /> Apprendre à poser , déposer ( dans le souffle et la vigilance ) le Nom , le Saint Nom  sur<br /> toutes choses , joies et peines et être dans la paix engendrée , donnée par Yeshoua .... Quoi que le monde dise<br /> ou fasse autour de nous , se tenir dans le Nom ,  l'invocation du Nom  , et prier , demander ,  d'y être toujours , jour après jour , nuit après  nuit ...<br /> Caroline de Candia ...<br /> <br />
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A
<br /> Les précisions de Robert K, dans le commentaire n° 16, sont bienvenues ; et je me rallierais à ce point de vue sur cette " toute puissance ", qui semble poser tant de problèmes à nos<br /> contemporains. Mais comme dit Robert, s'il est créateur des mondes, ce n'est quand même pas (pas seulement) le " très-bas ". Il ne faudrait pas que le désir d'insister sur son " amour contitutif<br /> ", si j'ose dire, en fasse un ectoplasme romantique. S'il parle à Élie comme un léger zéphir, il se manifeste à Moïse dans un grandd éclat…<br />
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F
<br /> Je note cette nouvelle précision : Dieu A RENONCÉ A SA TOUTE PUISSANCE  pour laisser la nature évoluer selon son rythme, dans le cadre des lois"naturelles"(crées au départ) et à<br /> l'Homme la liberté d'exercer son libre arbitre.<br /> <br /> <br /> Entièrement d'accord , cher Robert.<br /> <br /> <br /> Francine Bouichou-Orsini<br />
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R
<br /> Non, chère Francine, ce n'est pas ce que je pense. Je crois même avoir écrit le contraire= Ne nous faisons pas un Dieu à l'image de l'Homme ! =<br /> <br /> <br /> Je ne pense pas non plus que Dieu dispose de "moyens limités et imparfaits".<br /> <br /> <br /> Je répète que si c'est Dieu qui a créé l'univers, la vie, nous ne pouvons même pas concevoir, à notre échelle humaine, l'étendue de sa toute puissance. Je m'interroge simplement sur CE QU'IL A<br /> VOULU FAIRE et je constate, sans être contesté aujourd'hui par la science ni la hièrarchie judéo-chrétienne, que la création et la vie n'ont cessé d'évoluer en fonction de mutations"naturelles"<br /> et des inititives dues à l'intelligence et la créativité de l'Homme.  Nous avons fabriqué des roses noires, des brugnons, au moyen de greffes; des molécules synthétiques pour guérir telle<br /> pathologie... D'où ma conclusion que si Dieu était tout puissant pour créer, IL A RENONCÉ A SA TOUTE PUISSANCE  pour laisser la nature évoluer selon son rythme, dans le cadre des<br /> lois"naturelles"(crées au départ) et à l'Homme la liberté d'exercer son libre arbitre.  D'ailleurs, n'y aurait-il pas un illogisme à voir Dieu intervenir à contre-sens des lois naturelles<br /> quIl a lui même créées? ...    Dans le cas contraire, nous en faisons effectivement un Monsieur tout puissant, installé dans son Dispatching,  avec une série de petits leviers,<br /> sensible à nos prières de demandes, pour détourner tel astéroïde de sa trajectoire dangereuse ou aider notre petit à réussir son Bac. Ce n'est pas ma conception.<br /> <br /> <br /> Je pense que C'EST LUI QUI NOUS PRIE, A TRAVERS LA TORAH ET L'EVANGILE DE JÉSUS de nous montrer fidèles et dignes de la liberté qu'il nous a accordée, cadeau gratuit et combien risqué !<br /> <br /> <br /> RK<br />
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F
<br /> Robert, tu affirmes : Dieu ne peut être tout puissant puisqu’il nous laisse notre part d’initiative et<br /> de responsabilité. Cela répond à ton idée, l’idée que tu te fais de la transcendance de Dieu ; une conception fondée sur des moyens limités et imparfaits, telles que sont  toutes nos représentations humaines. Car nous sommes<br /> incapables de maîtriser l’idée de Dieu.<br /> <br /> <br /> De plus,  le Dieu des chrétiens a bouleversé<br /> toutes  les représentations religieuses de la divinité et de la transcendance, fondées le plus souvent sur des anthropomorphismes  ou<br /> des formules magiques.                                   <br /> - le Dieu chrétien est Amour. Dieu unique et cependant communion de trois personnes distinctes...                                                <br />   - Il a crée l’homme à son image ; l’homme inachevé et libre d’accomplir, dans le temps, l’offre divine.                                       <br />           - Pour venir à la rencontre de l’homme, IL a choisit de prendre les traits d’un enfant pour, ensuite, subir la<br /> violence abusives des puissances civiles de l’époque.<br /> <br /> <br /> Oui, nous avons du chemin à parcourir pour contempler, dans la lumière, ce que nous pouvons seulement pressentir ou évoquer,  aujourd’hui.<br /> <br /> <br /> Francine Bouichou-Orsini<br />
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R
<br /> Pour StVictor, j'oubliais LA GRAINE !!!<br /> <br /> <br /> Le grain de sénévé, c'est toi et moi !<br /> <br /> <br /> RK<br />
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R
<br /> Dans la mesure où Dieu accorde le LIBRE ARBITRE à l'homme, il ne peut être puisqu'il nous laisse notre part d'initiatives et de responsabilités.<br /> <br /> <br /> Dieu n'aurait fait que la moitié de son travail? Laissons à Mme Balmary la responsabilité de son trait d'humour. Mais, de la même façon, comme je l'ai dit aussi il y a quelques jours, comment<br /> aurait-il FINI son travail dans la mesure où il a voulu que la création, la nature, l'Homme, soient en constante évolution??  Si Dieu existe, Il est l'Alpha et l'Omega. Nous, nous ne sommes<br /> que quelque part sur cette trajectoire entre début et fin. Et peut-être pas vers la fin comme on a tendance à le penser, mais dans les balbutiements de l'histoire humaine. Voir le prophète<br /> d'aujourd'hui : Theillard de Chardin.<br /> <br /> <br /> Autre petit détail=nous savons que l'Evolution n'est pas un mouvement régulier et continu mais qu'elle s'appuie sur un incident"naturel"(le battement d'une aile de papillon ? )  pour amorcer<br /> une mutation majeure.  D'où le sentiment d'un certain "désordre naturel".<br /> <br /> <br /> Quand à notre sympathique amie Fanfan qui dit avoir du mal à discerner la "loi naturelle", c'est peut-être qu'elle la cherche plus loin qu'elle n'est. Apprendre à reconnaitre ?? Sans doute<br /> suffit-il de voir éclore ce bouton de rose sur son balcon; se transformer en cette fleur au velouté, à la couleur, à l'odeur,  inimitables; puis, progressivement, se faner et mourir...ou<br /> encore écouter le miaulement des chats le soir à l'approche du printemps...<br /> <br /> <br /> En passant au pied de St Victor, en pleine ville polluée, je songe parfois à la parano de cerains Ecolos, en regardant une jolie plante surgie d'une anfractuosité de la roche, à plusieurs metres<br /> de hauteur, là où le vent a apporté une poignée de terre, quelques gouttes d'eau et le soleil son rayon. LA FORCE DE LA VIE !<br /> <br /> <br /> RK<br />
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F
<br /> Voilà quelques jours , depuis que j'ai découvert la contribution de René Guyon"La Nature dans la Bible:une sacrée nature!"au dossier si fourni de "la Loi naturelle", quelques jours donc que je<br /> cherche des idées afin d'apporter aux échanges des uns et des autres mes réflexions et naturellement , rien ne me vient à l'esprit!<br /> <br /> <br /> Par nature je suis plutôt expansive...et bien dans ce cas de figure ma nature me fait défaut!j'ai beau me pencher avec l'air le plus naturel du monde sur cette Grand Question:<br /> <br /> <br /> "la Loi naturelle" et sur une de ses annexes qui touche le domaine biblique...qu'elle soit sacrée ou profane la Nature me demeure hermétique!!!<br /> seule encore pourrait" m'aiguillonner" la nature des anges...mais là n'est pas le propos.<br /> je clos ces quelques mots en promettant que je vais combattre  sacrément ma nature indolente pour avoir à la fin le ton le plus naturel du monde afin de m'accorder avec toutes les natures<br /> fortes et éclairées que je devine dans ces participations.<br /> fanfan<br />
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P
<br />  <br /> <br /> <br /> "Pourquoi la moitié de son travail", écrit Robert Kaufmann.<br /> <br /> <br /> Ci-dessous ce que j'écrivais il y a 5 jours :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Par contre, là où je rejoins René GUYON, c’est sur<br /> letsimtsoumde la tradition juive. Effectivement, ce texte de la Genèse nous<br /> fait entrevoir un Dieu qui n'est pas tout-puissant, un Dieu qui crée mais pas complétement (un Dieu qui ne fait que la moitié de son travail, dit malicieusement Marie BALMARY), un Dieu qui se retire pour<br /> laisser place à l'homme, comme l'a très bien exprimé le poète allemand Hölderlin :<br /> <br /> <br /> "Dieu a créé l'homme comme l'océan crée la terre, en se retirant".<br /> <br /> <br /> Pierre Locher<br />
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R
<br /> Pourquoi ?....Chacun fait le travail qu'il a à faire.<br /> <br /> <br /> Rien n'est "fini" dans la création; tout évolue. Il n'y a que Dieu qui est fini. Le Créateur n'est pas matière. Il n'y a pas ressemblance entre matière et Esprit. Mettons pour faire simple qu'il<br /> est créateur de matière et souffle d'Esprit. L'Homme est matière et Esprit. Matière à travers  les mutations successives( lumière>eau>terre>vie végétale>vie animale>animal<br /> humain portant l'héritage indirect de Dieu à travers ces mutations de la nature) et aussi miroir qui réfléchit l'Image que Dieu lui a soufflé directement.<br /> <br /> <br /> Pour ce qui est de sa descendance, il transmet directement  à travers ses gènes et, plus tard, par l'éducation, la matière et l'Esprit. Ressemblance et miroir.<br /> <br /> <br /> Non ??<br /> <br /> <br /> RK<br />
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P
<br />  <br /> <br /> <br /> Robert Kaufmann écrit : "Dans le premier cas, il s'agit de ressemblance entre Dieu et l'Homme. Dans le second, de celle d'un homme avec un autre homme".<br /> <br /> <br /> Tout à fait d'accord pour dire que l'écrivain biblique a voulu mettre en évidence une différence , mais laquelle ?<br /> <br /> <br /> Dieu crée à son image, mais sans la ressemblance, Il semble accomplir un acte incomplet (la moitié du travail...), l'homme engendre à son image et à sa ressemblance, le résultat semble devoir<br /> être plus achevé...l'auteur doit bien vouloir nous dire quelque chose ?<br /> <br /> <br /> Une hypothèse : l'acte incomplet de création par Dieu laisse une place au pouvoir créateur de l'homme, à sa liberté. L'homme, lorsqu’il engendre, a tendance à vouloir façonner complétement,<br /> enfermer celui qui vient au monde dans une image-ressemblance toute faite et l’empêcher ainsi d'être créateur, d'être libre. Il ne laisse pas cet espace de respiration qu'est la ressemblance à<br /> combler.<br /> <br /> <br /> Ce n'est qu'une hypothèse...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pierre Locher<br />
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R
<br /> Pour répondre à P.Locher, en attendant que notre distingué bibliste donne éventuellement sa réponse, toujours éclairée et documentée, comme à son habitude, je peux tenter la mienne, comme déjà<br /> annoncé étant celle d'un paysan du Danube teinté d'un léger vernis scientifique, en recherche de compatibilité entre Bible et Science.<br /> <br /> <br /> Tout d'abord, de quelle ressemblance parle t-on ? <br /> <br /> <br /> Dans le premier cas, il sagit de ressemblance entre Dieu et l'Homme. Dans le second, de celle d'un homme avec un autre homme.<br /> <br /> <br /> Ensuite, un mot de la théorie de l'Evolution, qu'aucune personne raisonnable ne conteste aujourd'hui, y compris nos Papes :  Si la nature a été voulue et créée par Dieu et si celle-ci est<br /> évolutive, c'est qu'elle a été autorisée, programmée, pour évoluer.<br /> <br /> <br /> Dieu et l'Homme n'étant pas de même nature, la ressemblance ne peut porter sur des facteurs matériels, biologiques, mais sur des facteurs spirituels : conscience d'être; intelligence(comprendre;<br /> juger), créer..... Le fait est "vérouillé". Mais il est clair que Dieu n'a pas voulu faire des clones d'Adam.  Pour la ressemblance d'homme à homme, nous savons bien que notre descendance ne<br /> nous est pas identique, ni physiquement ni moralement. Il y a des mutations génétiques.  Chaque Etre est unique. Mais il y a des similitudes, des ressemblances.<br /> <br /> <br /> La découverte de l'ADN, qui prouve la filiation, a été une remarquable (et peu remarquée ??) découverte qui éclaire singuliérement notre foi en l'identité unique de chacun d'entre nous...à la<br /> RESSEMBLANCE de nos parents.<br /> <br /> <br /> Les agrégés en Biologie nous expliquent très simplement à travers les Lois de Mendel que nous avons 2 fois plus de chances de ressembler à nos grands parents qu'à nos parents et 3 fois plus à nos<br /> arrières grands parents....  Est-ce le signe qu'à travers les mutations génétiques, nous nous rapprochons progressivement de notre Abba??....<br /> <br /> <br /> RK<br />
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P
<br />  <br /> <br /> <br /> Ma question à René GUYON est restée en partie bloquée<br /> dans un labyrinthe informatique (...), je la redonne dans son intégralité :<br /> <br /> <br /> Il ne lui aura pas échappé que la suite du livre de<br /> la Genèse parle encore de ressemblance et d'imagelorsqu’Adam a un 3° fils Seth :<br /> <br /> <br /> "Voici l’acte des enfantements d’Adâm : au jour où Elohîms crée Adâm, à la ressemblance<br /> d’Elohîms, il les fait.[...] Adâm vit cent trente ans, fait enfanter à sa ressemblance, selon sa réplique et crie son nom, Shét." Gn 5,1-3 (traduction CHOURAQUI).<br /> <br /> <br /> Dieu crée cette fois à<br /> saressemblanceseulement, Adam<br /> engendre à sa ressemblance et selon son image : pourquoi les rédacteurs semblent-ils se contredire (voir Gn 1,26-27) et surtout pourquoi cette différence entre la création de Dieu et l'engendrement de<br /> l'homme ?<br /> <br /> <br /> Pierre Locher<br />
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R
<br /> Moi, cette image de Hölderlin me convient bien.<br /> <br /> <br /> Gardons-nous de créer un Dieu à l'image de l'Homme...<br /> <br /> <br /> Si ce n'est le hasard, si c'est une intelligence créatrice, si c'est Dieu qui est à l'origine de la Création, alors il s'agit de la connaissance parfaite;  de l'intelligence (comprendre)<br /> parfaite;  de la logique parfaite;  de la conscience parfaite de ce qu'Il crée.  <br /> <br /> <br /> Si les choses ne sont pas "finies", c'est qu'Il a voulu laisser la liberté d'évoluer à la Nature et la liberté de" sculter la glaise" à l'Homme...   Sinon, quel serait le sens de notre<br /> volonté pour réfléchir et agir ?...<br /> <br /> <br /> RK<br />
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P
<br />  <br /> <br /> <br /> (suite de l'article)<br /> <br /> <br /> Mais ce nouspeut avoir un autre sens que celle d'une<br /> co-création par Dieu etpar la nature, dans laquelle<br /> je vois poindre (mais je peux me tromper) une interprétation se rapprochant du panthéisme que l'on a reproché à Spinoza, et qui en tous cas, laisse "l'homme en dehors du coup", c'est ce qui me<br /> gène le plus. Plutôt qu'une co-création entre Dieu et la nature, ce nousne fait-il pas allusion à une co-création<br /> entre Dieu et l'homme ?<br /> <br /> <br /> C'est ce qu'on suggéré deux autres Pères de l’Église pas moins respectables que ceux cités plus haut, Origène et Basile de<br /> Césarée. Je cite ces deux grands personnages dans leur commentaire sur Gn 1,26-27 :<br /> <br /> <br /> "« Il le fit à l'image de Dieu, ne parlant pas de la ressemblance, il montre que l'homme a reçu, dans sa première création, la<br /> dignité de l'image, mais que la perfection de la ressemblance est réservée pour la fin […]<br /> <br /> <br /> (Origène)<br /> <br /> <br /> Origène entend par là que c'est à l'homme, avec l'aide de Dieu, d'acquérir ou plutôt de construire cette<br /> ressemblance.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> «Créons l'homme à notre image et notre ressemblance. Nous possédons l'un par la<br /> création, nous acquérons l'autre par la volonté . Dans la première structure, il nous est donnés d'être nés à l'image de Dieu ; par la volonté se forme en nous l'être à la ressemblance de Dieu<br /> […] voilà qu'il nous a créés en puissance capables de ressemblerà Dieu, il a permis que nous soyons les artisansde la ressemblance à Dieu... ». (Basile de Césarée)<br /> <br /> <br /> C'est particulièrement clair dans le second texte, pour ces Pères de l’Église, par l’acquisition de la ressemblance à<br /> Dieu, nous sommes appelés à être co-créateurs de notre propre humanité, et j'aurai un léger différent avec notre blog-mestre, une personne n'est pas humaine par définition et par essence :<br /> son humanité se construit, son humanité est une œuvre de création.<br /> <br /> <br /> Par contre, là où je rejoins René GUYON, c’est sur<br /> le tsimtsoum de la tradition juive. Effectivement, ce texte de la Genèse nous<br /> fait entrevoir un Dieu qui n'est pas tout-puissant, un Dieu qui crée mais pas complétement (un Dieu qui ne fait que la moitié de son travail, dit malicieusement Marie BALMARY), un Dieu qui se retire pour laisser place à l'homme, comme l'a très<br /> bien exprimé le poète allemand Hölderlin :<br /> <br /> <br /> "Dieu a créé l'homme comme l'océan crée la terre, en se retirant".<br /> <br /> <br /> Dernier point en forme de question à René GUYON. Il<br /> ne lui aura pas échappé que la suite du livre de la Genèse parle encore de ressemblance et d'imagelorsqu’Adam a un 3° fils Seth :<br /> <br /> <br /> "Voici l’acte des enfantements d’Adâm : au jour où Elohîms crée Adâm, à la ressemblance<br /> d’Elohîms, il les fait.[...] Adâm vit cent trente ans, fait enfanter à sa ressemblance, selon sa réplique et crie son nom, Shét." Gn 5,1-3 (traduction CHOURAQUI).<br /> <br /> <br /> Dieu crée cette fois à saressemblanceseulement, Adam<br /> engendre<br />
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P
<br />  <br /> <br /> <br /> L'article de René GUYON est à la fois riche et stimulant, d'où ma réaction en complétant et en faisant d'autre<br /> propositions, en particulier sur le "faisons être humain à notre image"(Gn 1,26). Je sors un peu de la thématique nature, mais le premier chapitre de la Genèse<br /> mérite bien ce "hors-sujet".<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tout d'abord, et René GUYON ne s'en offusquera pas, les traductions du texte biblique, même chez des spécialistes de<br /> l'hébreu – je n'en suis malheureusement pas - , sont multiples et variées, pour la simple raison - on l'a déjà évoqué à G&S - que l'hébreu est une langue polysémique (les mots ou expressions<br /> y ont plusieurs sens). Je prends un exemple sur le passage en question.<br /> <br /> <br /> CHOURAQUI, que notre blog-mestre apprécie beaucoup, traduit le verset 1,26 par :<br /> <br /> <br /> "Nous ferons Adâm ­le Glébeux ­ à notre réplique, selon notre ressemblance"<br /> <br /> <br /> Marie BALMARY, qui pratique aussi l'hébreu, écrit quant à elle :<br /> <br /> <br /> "Nous ferons Adam en image de nous, comme ressemblance de nous".<br /> <br /> <br /> Je note que ces deux hébraïsants utilisent le nom propre<br /> Adamet non l'expression être humain, peut-être pour différencier cette création de celle des simples plantes et animaux, auxquels on<br /> affecte des noms communs.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> René GUYON a raison de souligner le passage du singulier au pluriel, lorsqu'Elohim passe de la création de la nature à la<br /> création de l'homme et effectivement les deux explications qu'il évoque (Elohim nom pluriel, puis la Sainte-Trinité... !) ne résistent pas à un examen sérieux. Je me permets d'ajouter que<br /> les Pères de l’Église respectables que sont Hilaire de Poitiers et Augustin d'Hippone, en trouvant la Trinité dans l'AT, faisaient sans doute de l'apologétique, aujourd'hui, on dirait plutôt de<br /> la récupération : les rédacteurs du Premier Testament ne lisaient pas dans le marc de café pour affirmer que le Dieu des chrétiens serait un jour trinitaire...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> (à suivre)<br /> <br /> <br />  <br />
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R
<br /> Je me demande si les différences de sensibilité qui accueillent ces propos ne viennent pas du fait des différences de formation subie.<br /> <br /> <br /> Un regard philosophique, théologique, littéraire, d'un côté et, de l'autre, une tentation permanente de confronter  la Bible avec une logique,  des données et des avancées<br /> scientifiques.<br /> <br /> <br /> "Une nature dotée de liberté"??    Et alors ?   <br /> <br /> <br /> D'une part, que Dieu ait laissé une liberté à l'Homme et aurait totalement soumis la nature, je ne vois pas bien là de suite logique.<br /> <br /> <br /> En outre, si le "Grand Architecte" comme disent les agnostiques, celui qui a créé les lois physiques, chimiques, biologiques qui organisent l'univers et permettent l'émergence de la vie; s'Il<br /> avait voulu soumettre totalement la nature, aurait-il eu la cruauté d'organiser la possibilité de tremblements de terre, de sunamis, de taches solaires, de formation quotidiennes d'anticyclones<br /> et de dépressions météorologiques dificilement prévisibles ...??<br /> <br /> <br /> A obsever "vivre" cette nature, on a bien le sentiment qu'elle est soumise à des caprices, comme la nature humaine. Ce qui implique ce qu'on peut appeler une forme de liberté. <br /> <br /> <br /> Moi, je pense que si Dieu existe,c'est comme ça qu'il l'a voulu.<br /> <br /> <br /> Robert Kaufmann<br />
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F
<br />  <br /> <br /> <br /> A la réflexion, je te propose, René, le terme d’indéterminisme pour caractériser la nature, moins chargé de sens que ton expression :<br /> « elle n’en fait qu’à se tête », ce qui induisait l’idée d’une liberté effective et  réfléchie.<br /> <br /> <br /> Francine Bouichou-Orsini<br />
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F
<br /> « L’être humain est donc (…)  à la fois poussière du sol  et souffle de Dieu,  mélange indissociable de naturel et  spirituel ». Oui, cela renvoie à cette dualité qui<br /> caractérise l’homme durant sa vie terrestre : fini et dépendant au niveau de la nature, ouvert et libre au niveau spirituel. De plus, l’homme a été crée à l’image d’un Dieu trinitaire, c’est à dire que<br /> chaque personne  humaine possède, en elle-même, cette possibilité d’altérité (reflet me semble-t-il de sa liberté ; liberté non illimitée mais<br /> liberté quand même).<br /> <br /> <br /> Par contre, je ne comprends pas du tout cette idée d’une nature dotée de liberté… Alors qu’elle est soumise à son Dieu créateur et aussi à l’homme, co-créateur avec Dieu. Cela me choque, même,<br /> dans la mesure où l’homme redescendrait, en partie,  au niveau de la nature…  Ni logique, ni satisfaisant…<br /> <br /> <br /> Francine Bouichou-Orsini<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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