La Circoncision de Jésus : une alliance cachée par l’Église !
Chers amis Internautes, si j’écris aujourd’hui cet article c’est parce qu’en ouvrant mon mensuel Magnificat je viens d’être pris soudain d’une sainte colère à la vue d'un fait que j'avais oublié. Le voici…
Le 1er janvier, soit 8 jours après Noël dans le décompte ancien, l’Église Catholique Romaine célébrait jusqu’en 1974 la fête de la Circoncision de Jésus. Hélas, trois fois hélas, le pape Paul VI la remplaça alors par la célébration de Sainte Marie, Mère de Dieu 1.
Exit la manifestation fondamentale de la judéité de Jésus au profit d’une énième fête de la Vierge… 2
Pourtant, Luc (seul évangéliste à le faire, hélas !) écrit dans son Évangile : « Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l’ange avant sa conception », car les juifs ne donnaient – et ne donnent aujourd’hui encore – le nom à leur fils qu’au bout de ce délai de huit jours.
Paul de Tarse (saint Paul), juif aussi, parle plusieurs fois de la circoncision, sujet délicat et fort débattu dans les premiers temps de ce qui n’était pas encore l’Église, où les premiers païens convertis se faisaient circoncire. Il développe en particulier le concept de circoncision du cœur (Romains 2,29), mais il « clôt le débat » avec sa proclamation magnifique (Colossiens 3,11) : « Là, il n'est plus question de Grec ou de Juif, de circoncision ou d'incirconcision, de Barbare, de Scythe, d'esclave, d'homme libre ; il n'y a que le Christ, qui est tout et en tout. »
Un autre texte particulièrement important se trouve en Actes 15, 5…21s :
Certaines gens du parti des Pharisiens qui étaient devenus croyants intervinrent pour déclarer qu'il fallait circoncire les païens et leur enjoindre d'observer la Loi de Moïse. Alors les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner cette question. Après une longue discussion, Pierre se leva et dit : « Frères, vous le savez : dès les premiers jours, Dieu m'a choisi parmi vous pour que les païens entendent de ma bouche la parole de la Bonne Nouvelle et embrassent la foi. Et Dieu, qui connaît les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant l'Esprit Saint tout comme à nous. Et il n'a fait aucune distinction entre eux et nous, puisqu'il a purifié leur cœur par la foi. Pourquoi donc maintenant tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug (la loi de Moïse - NDLR) que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons eu la force de porter ? D'ailleurs, c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, exactement comme eux. » Alors toute l'assemblée fit silence. On écoutait Barnabé et Paul exposer tout ce que Dieu avait accompli par eux de signes et prodiges parmi les païens. Quand ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole et dit : « Frères, écoutez-moi (…) je juge, moi, qu'il ne faut pas tracasser ceux des païens qui se convertissent à Dieu. Qu'on leur demande seulement de s'abstenir de ce qui a été souillé par les idoles, des unions illégitimes, des chairs étouffées et du sang. Car depuis les temps anciens Moïse a dans chaque ville ses prédicateurs qui le lisent dans les synagogues tous les jours de sabbat. »
Mais pourquoi l’Église semble-t-elle vouloir tellement faire oublier aux catholiques que leur Messie est né, a vécu et est mort juif ?
Mais pourquoi, par surcroît, veut-elle solenniser à la place de cet événement la fête de Marie Mère de Dieu, un concept déclaré dogme par 150 évêques à Éphèse (un « bastion marial » où Marie est censée avoir vécu avec l’apôtre Jean) en 431 et parfaitement inadmissible pour un juif ?
Inadmissible pour la plupart des chrétiens protestants ce concept l’est aussi pour un certain nombre de catholiques inquiets de l’interminable enflure des qualificatifs mariaux depuis des siècles ; cf. l’article Tous les catholiques sont-ils monothéistes ?.
Cela étant posé, venons-en enfin à la « vision de Dieu » sur le sujet !
La circoncision apparaît en Genèse 17. Abram est âgé de 99 ans, le Seigneur lui apparaît et lui dit : « Je suis El Shaddaï, marche en ma présence et sois parfait. J'institue mon alliance entre moi et toi », puis il change son nom en Abraham (cf. l’article L’aventure du yod).
Viennent alors les versets 10-12, fondamentaux (au sens plein du terme !) : Dieu dit à Abraham : « Et toi, tu observeras mon alliance, toi et ta race après toi, de génération en génération. Et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, c'est-à-dire ta race après toi : que tous vos mâles soient circoncis. Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l'alliance entre moi et vous. Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération. »
Tout homme juif est donc circoncis ! Mais tout homme circoncis n’est pas forcément juif, puisque dans bien des peuples on pratique la circoncision pour des raisons d’hygiène ou de tradition, en particulier chez les musulmans, les peuples d’Afrique (où sévit aussi l’excision des femmes qui n'est pas religieuse mais est, elle, une vraie mutilation) et bien d’autres sans doute… sans parler de la circoncision médicale en cas de phimosis.
Revenons à la circoncision juive, dont le nom est בְּרִית מִילָה , beriyt miylah, littéralement : Alliance de la circoncision, expression où on entend le verbe barah, créer, du 1er verset de la Genèse…
Dans la circoncision, Dieu fait alliance avec l’homme, crée un être nouveau.
Bien sûr il ne faut pas oublier la première alliance manifestée par l’arc-en-ciel à la fin du Déluge (Genèse 9,11-12), mais ici l’alliance implique infiniment plus l’homme que ne le fit le phénomène naturel, aussi beau fût-il !
Le symbole de cette alliance nouvelle est l’anneau de chair… Oui, j’ai dit anneau de chair… Anneau bénit du mariage de l’homme avec Dieu, comme est bénit dans nos églises l’anneau de mariage de l’homme avec la femme, appelés à faire chair une (Genèse 2,24).
Anneau que l’Église ne fête plus…
Alliance devenue marginale dans la liturgie catholique…
Alliance brisée…
Après avoir, il y a très longtemps, supprimé le texte en grec et en hébreu du titulus de la croix du Christ (cf. l’article Du INRI de nos églises au titulus de YHWH-Dieu), quelques monsignori célibataires coincés du Vatican ont eu la peau, il y a 40 ans, d’une des dernières traces de la religion de Jésus dans la liturgie, et non la moindre !
C’est à pleurer !
René Guyon
1 – Le missel Magnificat a beau voler au secours de la hiérarchie catholique romaine en nous expliquant que « l’hommage rendu à Marie ne relègue pas dans l’ombre les autres aspects de ce jour [et que] la diversité des thèmes (Marie, Circoncision, Nouvel an, journée mondiale de la paix) n’est pas dispersion, tout nous ram[enant] au Christ et à sa mère », il n’en reste pas moins que l’année commence sous l’égide de Marie et non de Jésus, le Christ, enfant juif.
2 – Le site de l’Église catholique de France donne la liste des 14 fêtes mariales annuelles et rappelle que, de surcroît, tous les samedis de l’année sont consacrés à la Vierge Marie :
8 décembre : Solennité de
l’Immaculée Conception de Marie
1er janvier : Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu
11 février : Mémoire facultative de Notre Dame de Lourdes
25 mars : Solennité de l’Annonciation du Seigneur à Marie
31 mai : Fête de la Visitation de la Marie
Samedi de la troisième semaine après la Pentecôte : Mémoire facultative du Cœur Immaculé de Marie
16 juillet : Mémoire facultative de Notre Dame du Mont Carmel
5 août : Mémoire facultative de la dédicace de la basilique Sainte-Marie Majeure à Rome
15 août : Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie
22 août : Mémoire de la Vierge Marie, Reine
8 septembre : Fête de la Nativité de la Vierge Marie
15 septembre :
Mémoire de Notre Dame des Douleurs
7 octobre : Mémoire de Notre Dame du Rosaire
21 novembre : Mémoire de la Présentation de la Vierge Marie…
Sans compter l’Annonciation et la Présentation de Jésus eu Temple qui ont été rattachées au cycle de fêtes du Seigneur (comme l’indique le journal La Croix) et les fêtes
« typiquement françaises », comme Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse (rue du Bac, à Paris) le 27 novembre.