Levée des excommunications : jusqu’à l’insupportable…

Publié le par Garrigues

Un événement grave s’est produit, alors que notre n° 10 – cherchant à discerner le poids de l’institution dans les problèmes actuels de l’Église – venait d’être “bouclé”. Il justifie la poursuite d’une réflexion sérieuse sur l’avenir de ce ”corps” comme demeure de l’Esprit ou bastion de la Loi.

Décret publié, à Rome, le 24 janvier 2009 : « … Sa Sainteté Benoît XVI – sensible comme le serait un père au malaise spirituel manifesté par les intéressés à cause de la sanction d’excommunication, et confiant en leur volonté, exprimée dans la lettre [de Mgr Bernard Fellay datée du 15 décembre 2008] de ne ménager aucun effort pour approfondir, via des colloques nécessaires avec les autorités du Saint Siège, les questions qui restent en suspens afin de pouvoir parvenir rapidement (à) une pleine et satisfaisante solution au problème qui s’est posé à l’origine – a décidé de reconsidérer la situation canonique des évêques, Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta qui avait suivi leur consécration épiscopale.

Avec cet acte on désire consolider les relations réciproques de confiance, intensifier et stabiliser les rapports de la Fraternité Saint Pie X avec le Siège Apostolique. Ce don de paix, au terme des célébrations de Noël, veut être aussi une preuve pour promouvoir l’unité dans la charité de l’Église universelle et arriver à supprimer le scandale de la division.

On espère que ce pas sera suivi de réalisation rapide de la pleine communion avec l’Église de toute la Fraternité de Saint Pie X, témoignant ainsi de la vraie fidélité et de la vraie reconnaissance du Magistère et de l’Autorité du Pape avec la preuve de l’unité visible … » [Suit la notification de la levée d’excommunication]

Card. G.-B. Re, Préfet de la Congrégation pour les évêques

 

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À G&S, nous ne sommes pas très portés sur les excommunications. Et nous ne pourrions que nous réjouir lorsque des “frères séparés” veulent se retrouver en communion. Mais qu’en est-il en ce cas ? On sait que ce qui a rejeté ceux que l’on appelle “intégristes”, ce ne sont pas seulement des questions de discipline ecclésiastique (ordination d’évêques en dépit de l’interdiction du pape), ni des choix liturgiques (on peut discuter sur l’opportunité de certaines réalisations postconciliaires), mais bien le refus profond, délibéré, irrémissible des décrets du concile Vatican II, en particulier ce qui touche à l’ouverture au monde et à la liberté religieuse. Un document du 3 avril 2004, émanant de la FSSPX, trouvé sur internet, ne laisse aucun doute sur une totale hostilité envers l’œcuménisme considéré comme une «apostasie silencieuse et (qui) dissuade les non-catholiques d’entrer dans l’unique arche de salut […] L’œcuménisme a fait de cette cité sainte qu’est l’Église une ville en ruine. Marchant à la suite d’une utopie —l’unité du genre humain— ce pape n’a pas réalisé combien l’œcuménisme qu’il poursuivait était proprement et tristement révolutionnaire : il renverse l’ordre voulu par Dieu

Les “schismatiques” en voie de réunion (avec, il est vrai, des tempéraments et une agressivité variés) ne brillent souvent pas par leur esprit de réconciliation. Le site Virgo-Maria.org nommait, pas plus tard que le 25 janvier 2009, l’irénique pape actuel l’« abbé apostat Ratzinger-Benoît XVI » ; et vous chercheriez en vain la présence d’un quelconque esprit de paix (et de l’Esprit tout court) sur le site Internet qui s’intitule la Paix liturgique, dont le contenu oscille entre haine, délation et triomphalisme, et dont le seul but apparent, en fait de mission, semble d’obtenir le plus de lieux possibles où la messe soit dite en latin, en oubliant que Jésus parlait l’araméen et que la première langue liturgique a été le grec, langue dans laquelle les évangiles ont été rédigés.

Comment réagit le clergé français à la levée de l'excommunication des quatre évêques de la Fraternité Saint Pie X, ordonnés le 30 juin 1988 par Mgr Lefebvre ? Dans une interview radiophonique antérieure de quelques jours à la promulgation du Décret du Cardinal Re, Mgr Di Falco, évêque de Gap, a passé son temps à “botter en touche” par des réponses en parfaite “langue d’encens” : tantôt affirmant que « rien n’était encore sûr », tantôt constatant qu’« il n’était pas le pape ». Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris, parlant lui aussi avant la publication officielle, manifestait une grande compréhension, mais précisait utilement que la levée des excommunications ne signifiait pas qu'il fût possible d'être catholique en faisant un tri dans l'enseignement de l'Église, dans la doctrine et la Tradition de l'Église. « Des gens qui, pour la plupart, se présentent sincèrement comme des défenseurs de la Tradition, se donnent le pouvoir magistériel de distinguer la bonne Tradition de la mauvaise Tradition. Mais un tel acte de discernement ne peut être qu'un acte de l'Église et pas celui d'un groupe particulier dans l'Église. »

Quant au cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et membre de la Commission Pontificale Ecclesia, il a fait une déclaration lucide, le 24 janvier :

« Le pape Benoît XVI a voulu aller jusqu’au bout de ce qu’il pouvait faire comme main tendue, comme invitation à une réconciliation. Le pape, théologien et historien de la théologie, sait le drame que représente un schisme dans l’Église. Il entend la question qui est souvent posée dans cette histoire des schismes : a-t-on pris vraiment tous les moyens pour éviter ce schisme ? Lui-même s’est senti investi de la mission de tout faire pour retisser les fils déchirés de l’unité ecclésiale. […] La levée de l’excommunication n’est pas une fin mais le début d’un processus de dialogue. Elle ne règle pas deux questions fondamentales : la structure juridique de la Fraternité Saint Pie X dans l’Église et un accord sur les questions dogmatiques et ecclésiologiques. Mais elle ouvre un chemin à parcourir ensemble. Ce chemin sera sans doute long. Il demandera meilleure connaissance mutuelle et estime. A un moment, la question du texte même du Concile Vatican II comme document magistériel de première importance devra être posée. Elle est fondamentale. Mais toutes les difficultés ne seront pas forcément de type doctrinal. D’autres, de type culturel et politique, peuvent aussi émerger. Les derniers propos, inacceptables, de Mgr Williamson, niant le drame de l’extermination des Juifs, en sont un exemple. »

Les réactions des autorités religieuses non catholiques et de nombreux médias sont moins conciliantes que celles de nos prélats. Souvent d’ailleurs à propos de ce “négationnisme” de Mgr Williamson, qui, notons le, n’est pas directement un problème d’Église, car celle-ci ne pourra jamais empêcher un de ses membres, fût-il participant de sa hiérarchie, à faire des déclarations hors du domaine religieux, aussi ineptes, inacceptables et choquantes soient-elles.

Que les intentions du Souverain Pontife soient de ramener à la “maison du Père”, les “brebis égarées”, il n’y a aucune raison d’en douter. Mais se pose alors la question d’une “miséricorde à deux vitesses”. Pour quoi laisser hors du corps ecclésial les prêtres et militants d’Action catholiques, brisés par des diktats de Rome depuis un demi siècle et sortis à petits pas ou avec éclat ; pour quoi gâcher la vocation de prêtres, qui, en se mariant se sont placés en rupture disciplinaire, (souvent d’ailleurs à la suite de leurs engagements sociaux), mais ne sont pas à proprement parler des “schismatiques”. On préfère dans ces cas de rupture du célibat cacher d’éventuelles unions libres, “pourvu que ça ne se sache pas”. De même, les “divorcés remariés” sont privés de sacrements, alors qu’ils peuvent avoir été la partie victime de la séparation, avoir réussi à rebâtir, sur un authentique amour, un vrai couple, et être des personnes profondément croyantes, pratiquantes et engagées dans leur paroisse ou des mouvements. On répond à leur douleur par des phrases convenues. Là encore, Mgr Di Falco a réussi, dans une interview radiophonique, à faire de la voltige théologique pour expliquer qu’ils ne pouvaient pas communier, certes, mais n’étaient pas excommuniés (sic) !

Voilà une nouvelle cause de désarroi pour bien des chrétiens qui s’interrogent sur les orientations de leur Église de moins en moins lisibles, à moins qu’elles le soient trop…

Albert OLIVIER


Publié dans Signes des temps

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A
A ti'hamo Je n’ai pu reprendre le débat plus tôt, faute de temps, et cette réponse à votre second commentaire de mon article sera la dernière, car je crains que cette joute ne soit stérile. <br /> Je rends hommage à votre talent rhétorique, car on peut difficilement répondre à vos critiques qui n’abordent pas des questions de fond que j’ai essayé, peut-être maladroitement, de soulever. En outre, vous revenez souvent sur mon ignorance. Sans doute est-elle grande sur le “langage technique” dont nous reparlerons. L’important est de savoir si ces questions soulevées engagent ou non l’avenir de l’Église, considérée autrement que comme une forteresse, où on devrait enfouir —pour mieux le protéger— le “dépôt de la foi” (Attention, voir Mt 25,14-30).<br /> Je crois indispensable, dans un groupe humain, une hiérarchie. Elle n’a pas toujours présenté, à travers l’histoire, la rigidité qu’elle a prise depuis la réforme grégorienne jusqu’à Vatican I. Mais je crois aussi à la Parole de Jésus : “l’Esprit souffle où il veut …” (Jn 3,8), et pourquoi pas chez des “militants de base”, que vous semblez tenir dans un certain mépris. Pourtant, Catherine de Sienne, simple tertiaire dominicaine, a ramené le pape Grégoire XI à ses devoirs ; et elle a été proclamée “Docteur de l’Église” en 1970 (tout en ignorant le latin !).<br /> Il n’est pas question, dans mon texte, de rejeter l’autorité de l’Église hiérarchique, mais le “peuple de Dieu” est aussi l’Église. [Non, le terme n’est pas une invention de Vatican II, on le trouve chez de très orthodoxes prédicateurs des XVIIe et XVIIIe siècles (par ex. J. D. Cochin (1726-1783, prône pour le IXe dimanche après la Pentecôte)]. Et le concept apparaît même dans les Écritures (A.T. : Israël ; N. T. : le peuple des différentes Églises visitées par Paul). Mon trouble porte sur le fait de savoir si cette autorité ne peut jamais être interrogée, respectueusement, mais fermement, sur ce qui pourrait paraître non-évangélique. Après tout même les monarchies absolues acceptaient les “Remontrances”, lorsqu’on supposait une possible erreur du pouvoir, ou tout simplement faisait un recours de l’”autorité mal informée à une autorité mieux informée”, surtout sur des matière ne relevant pas de l’infaillibilité, qui porte d’abord sur le domaine de la foi, et doit, traditionnellement, s’accorder avec le sensus Ecclesiæ.<br /> Une autre question est éludée dans votre charge : l’Église doit-elle s’exprimer toujours dans son langage technique (théologique ou canonique) auquel elle a bien entendu droit, comme le rappelle Mgr Simon dans sa lettre ouverte du 29 janvier 2009 ? Si elle l’emploie pour s’adresser au “peuple de Dieu” et qu’elle est mal comprise, il faut peut-être se demander qui a tort. Jacques Lacan aussi utilisait un langage technique …<br /> Je connais assez bien la question du “sacrement de pénitence” (j’en ai étudié l’histoire pendant près de 30 ans). Dans la forme “juridique”, ce que vous dites à propos des divorcés-remariés n’est pas inexact : ils peuvent se confesser, et même recevoir le “sacrement des malades” (que j’ai étudié aussi). Mais enfin, ne nous répéte-t-on pas, dans l’Église catholique, que le sacrement le plus important est l’Eucharistie ? Ce que je crois. C’est donc une vie sacramentelle bien appauvrie que vous offrez à ces hommes et à ces femmes, dont une bonne partie quoique victimes sont frappés d’une “incapacité d’aimer de nouveau”, à moins de vivre en concubinage et d’aller se confesser chaque fois qu’ils voudraient communier, non comme un “dû”, comme vous dites, mais comme le cœur et la nourriture de leur foi.<br /> Qu’il y ait bien “rupture du sacrement” de mariage, sans doute. Mais un prêtre “réduit à l’état laïc” (NB. expression traditionnelle mais toujours aussi choquante) peut communier, et même se marier en toute légalité. Le sacrement de l’ordre est-il inférieur en dignité au mariage ?<br /> J’ai lu le site “Liberté politique” que vous recommandiez. J’ai trouvé une phrase qui m’a bien plu  et à laquelle je souscris. Elle aurait pu empêcher les schismes d’Orient et de Luther :<br /> « Bien sûr, à la racine de tout échec comme de tout mal il y a l'orgueil dont nul n’est exempt. Interviennent également les maladresses psychologiques ou comportementales qui ruinent en un instant des années d’effort.  Albert OLIVIER 
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C
3 questions :- les 3 évêques ( j'ose faire l'impasse sur williamson) seraient ils réintégrés comme prêtres ou comme évêques?- pourraient ils "avoir" un diocèse?-pourraient ils imposer un rituel dans leur diocèse?merci
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2
Ti'hamo, vous écrivez : "Or, l'Église, me semble-t-il, considère qu'en divorçant puis en se remariant, cela revient à considérer un sacrement comme nul et non avenu. C'est un acte qui porte atteinte à un sacrement. Il ne s'agit pas là de question d'obéissance au pape, ou de question "disciplinaire". Ceci étant : on parle bien là de divorce ET de remariage. Comme vous le soulignez, on n'est pas forcément responsable d'un divorce ; aussi, être séparé de son époux/épouse n'entraîne, me semble-t-il, aucune conséquence de ce style. D'autre part, comme on vient de le préciser, l'Église constate que se remarier après un divorce, revient à refuser un sacrement - et donc ne permet pas, en toute logique, de recevoir l'Eucharistie. "Quelque chose me gêne dans cette argumentation : un prêtre a reçu un SACREMENT qui s'appelle l'Ordre. Quand un prêtre décide de quitter la prêtrise, l'Eglise le "réduit à l'état laïque" (quelle admirable expression !) et il peut se marier et communier sans aucun problème.Ce qui semble signifier que pour l'Eglise le sacrement de l'Ordre n'a aucune importance : pour elle être prêtre est un choix de vie "secondaire" qu'on peut abandonner du jour au lendemain, sans conséquence "disciplinaire" particulière. Or se marier après avoir quitté la prêtrise est aussi refuser un sacrement (au moins dans l'Eglise catholique romaine, qui persiste à refuser d'ordonner des hommes mariés).Il y a là une incohérence que je ne m'explique pas. Cela me donne l'impression que la loi de l'Eglise a été faite par des clercs pour des clercs et qu'elle est beaucoup plus exigeante avec les laïcs.Puisqu'on réduit à l'état laïc pourquoi ne pas réduire à l'état célibataire ?!!
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T
Si nos contemporains sont si mal renseignés sur la religion catholie, l'église catholique, et la philosophie catholique, n'est-ce pas parce que nous mêmes, fidèles catholiques, laissons parfois persister une certaine confusion dans nos propos et nos pensées à ces sujets ?D'ailleurs, en ce domaine, étant donné "l'esprit du temps", qui tend plutôt à se méfier de toute hiérarchie et s'attacher plutôt aux témoignages du "militant de base" ou du "croyant de base" (ou du moins le prétend-il, mais c'est une autre question),nos propos ont, pour tous ceux que nous côtoyons, autant d'importance que ceux des prélats....voire plus, puisque la plupart de nos contemporains se soucient peu d'écouter lesdits prélats.Par exemple,considérer comme de la "voltige théologique" l'affirmation que les personnes divorcées remariées ne peuvent pas communier mais ne sont pas excommuniées, souligne uniquement, non pas la mauvaise foi de représentants du clergé, comme vous semblez le sous-entendre, mais plutôt votre mauvaise connaissance de la question et des termes employés :- vous dites que les personnes divorcées remariées sont "privées de sacrements" : le sacrement de Pénitence est, à ce qu'il me semble, et par définition un sacrement. Donc, on ne peut pas dire qu'ils soient "privés de sacrements", puisque l'Église les enjoint d'user de ce sacrement...qui cependant ne peut avoir lieu qu'après clarification de leur situation. C'est juste de la cohérence.Disons plutôt qu'ils ont accès aux sacrements...mais dans l'ordre, comme tout un chacun d'ailleurs : pas de communion sans confession préalable en cas de faute grave coupant de la grâce de Dieu : cela vaut pour tous - eux, vous, ou moi, tout le monde.Or, l'Église, me semble-t-il, considère qu'en divorçant puis en se remariant, cela revient à considérer un sacrement comme nul et non avenu. C'est un acte qui porte atteinte à un sacrement.Il ne s'agit pas là de question d'obéissance au pape, ou de question "disciplinaire".Ceci étant : on parle bien là de divorce ET de remariage. Comme vous le soulignez, on n'est pas forcément responsable d'un divorce ; aussi, être séparé de son époux/épouse n'entraîne, me semble-t-il, aucune conséquence de ce style.D'autre part, comme on vient de le préciser, l'Église constate que se remarier après un divorce, revient à refuser un sacrement - et donc ne permet pas, en toute logique, de recevoir l'Eucharistie, surtout présentée comme un "dû". Pour autant, il n'y a pas excommunicaion : ces personnes, normalement, continuent à participer à la vie de la communauté, aux cérémonies, etc...- Le sacre des évêques sans l'accord du pape est un acte qui porte avant tout atteinte à l'unité de l'Église, par un refus de reconnaître l'autorité du pape.Cela n'est pas anodin, certes, mais on se situe là sur un tout autre plan. Il n'y a pas là atteinte à un sacrement, refus de reconnaître un sacrement. Par contre, ces évêques se placent d'eux-mêmes hors de la pleine communion...d'où excommunication.Comprenez bien qu'il n'est même pas question d'une "échelle de gravité" entre ces deux fautes, mais tout simplement d'une différence de matière :il ne s'agit pas du tout de la même chose, ni d'une même faute, ni du même type de conséquences.(cet article, par exemple, au paragraphe "communion, excommunication", clarifie ce point :http://www.libertepolitique.com/vie-de-leglise/5090-la-voie-etroite-de-lunite-de-leglise)Pour le reste, je note tout de même que vous rejetez explicitement ce que dit l'Église du mariage des prêtres. Or, en quoi cela serait-il "moins" rejeter l'enseignement de l'Église, qu'en rejetant ce qu'elle dit des autres religions ?Ou encore, dans vos dernières lignes, vous mettez en cause la "direction prise par l'Église" (alors même que, nous venons de le voir, vous ne semblez pas vous être précisément informé),......or c'est exactement la position "intégriste" : reprocher à l'Église la direction prise.Sans doute vous n'en faites pas un motif de sortie de l'Église, ou de quitter l'Église, ou de refaire l'Église dans son coin, et sans doute vous ne soutenez absolument pas ce qui veulent faire à leur manière de leur côté ou dans leur paroisse - ce n'est pas cela dont je vous accuse.Mais ceci uniquement pour souligner que, au final, vous semblez pas mal reprendre de l'attitude que vous reprochez aux "intégristes". Cela devrait vous pousser, j'espère, soit à un peu plus de compréhension à leur endroit (par "compréhension", je ne veux bien sûr certainement pas dire "justification", simplement voir qu'ils sont beaucoup moins différents de vous que vous ne semblez l'estimer), soit à un peu plus de rigueur dans vos prores propos (si l'on se permet des reproches ou des accusations à l'encontre de frères, et fussent-elles prononcées dans un esprit de Charité, cela entraîne que l'on s'efforce soi-même à ne pas commettre ces mêmes fautes).Ceci étant, je suis bien d'accord avec vous que des querelles de clochers comme celles que nous pouvons voir actuellement, ont existé dès les origines (il est à la fois touchant et rassurant, en quelque sorte, de relire les épîtres de St Paul auxquelles vous faites allusion, c'est vrai - notamment lorsqu'il interdit à des chrétiens de se réclamer "de Paul" ou "de Jacques", ou encore lorsqu'il appelle deux chrétiennes à se réconcilier).
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T
Puis-je me permettre de demander des éclaircissements, sur ce qui me semble un léger manque de cohérence ?- dans toute votre dernière partie, vous soutenez en encouragez diverses remises en cause (habituelles, faut-il le dire, et sommes toute assez médiatiques) des principes de l'Église.(principes, enseignement, pensée, philosophie, morale... un peu tout cela, en fait).- votre reproche majeur à l'encontre des fidèles de la fraternité St PieX, est de remettre en cause une partie des enseignements de l'Église et de ses principes, notamment développés lors du dernier Concile.(ce qui est vrai, puisque par exemple d'autres mouvements sont attachés à la même liturgie, sans pour autant se placer en-dehors de l'Église).-> Je demande donc : comment peut-on, logiquement, soutenir et justifier la remise en cause de principes de l'Églsie, tout en reprochant à d'autres - et en voulant pour cela les tenir à l'écart - une remis en cause des principes de l'Église ???Vous parliez de pensée "à 2 vitesses" : n'êtes-vous pas là en train d'en donner un exemple flagrant, ou bien est-ce moi qui ai mal compris ?Oui ou non, est-il légitime de remettre en cause les principes de l'Église (non seulement en paroles ou en débats, mais en pratique et en actes),ou bien est-ce un motif suffisant de méfiance et de mise à l'écat ?Dans un seul article, vous appotez simultanément 2 réponses opposées à cette question.D'où que j'aimerais bien qu'on m'explique.
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A
<br /> <br /> D’abord de sincères excuses pour répondre avec retard à votre commentaire. Je n’ai pas eu le loisir de revenir sur notre blog. Je pense qu’effectivement vous m’avez mal lu, ou mal compris, ou<br /> encore je me suis mal expliqué.<br /> <br /> 1° il est évident que le cœur du conflit entre les intégristes et d’autres catholiques n’est pas une opposition à propos de la liturgie. On peut aimer les offices (bien) chantés en grégorien (au<br /> lieu, parfois, de médiocres cantiques aux textes approximatifs) et souhaiter que le peuple de Dieu puisse comprendre dans sa langue maternelle ce qui se déroule sous ses yeux et auquel il aime et<br /> doit participer. Que des gens préfèrent la messe en latin pourquoi pas ? s’ils ne cherchent pas à l’imposer aux autres et ne font pas de cette question un prétexte à d’autres combats pour<br /> empêcher l’Église de parler au monde autrement que sur un ton autoritaire et arrogant et dans une langue que ce monde —sécularisé et souvent inculte sur le plan religieux—  ne peut saisir.<br /> Ne pas oublier que lorsque l’Église a adopté le latin comme langue liturgique, c’était la langue populaire ; l’ancienne langue liturgique (dans laquelle ont été écrits les évangiles) étant le<br /> grec, que les occidentaux ne comprenaient plus, si tant est qu’ils l’aient compris antérieurement.<br /> <br /> 2° Le vrai conflit, donc, porte bien sur le refus des décrets de Vatican II, qui est régulièrement réaffirmé dans les publications intégristes, en particulier dans les nombreux sites internet,<br /> avec une violence et parfois une agressivité inouïes. Je ne fais pas de Vatican II le point de perfection de la doctrine catholique. Mais il représente l’arrivée d’un vent de compréhension des<br /> “autres” et de liberté intérieure indispensables pour l’annonce de la Parole “à toutes les nations”. La liberté religieuse me semble nécessaire pour éviter le mépris des autres religions (à nous<br /> d’être les meilleurs !), voire de tendances néo-inquisitrices (nous avons à nous faire pardonner dans ce domaine). L’œcuménisme est un passage obligatoire pour avancer vers l’Unité que Jésus nous<br /> demandait impérativement. NB. :  Les conflits internes entre chrétiens ne sont pas choses nouvelles, relisons les Actes et certaines épîtres de Paul pour constater que dès les origines (la<br /> Ière aux Thessaloniciens est datée de 50/51), les communautés se disputent et parfois se déchirent, en particuliers entre convertis du paganisme et judéo-chrétiens, créant déjà de véritables<br /> schismes et quelques hérésies, auxquelles les conciles à partir du IVe siècle ont dû faire face. En outre, Mgr Ricard, dans sa déclaration du 24 janvier, remarquait avec justesse et un réel sens<br /> historique : « a-t-on pris vraiment tous les moyens pour éviter ce schisme ? ». Mais l’on pourrait appliquer cette remarque à l’excommunication de Luther. Si vous avez lu la Confession<br /> d’Ausgbourg, vous aurez remarqué qu’il y a peu de choses qu’un catholique ne pourrait admettre, comme le notait Mgr Le Bourgeois, évêque d’Autun , Chalon et Mâcon.<br /> <br /> 3° Vous me reprochez de critiquer l’Église : je cherche en vain dans mon texte une remise en question fondamentale des “principes de l’Église” ; je ne crois pas avoir dépassé les limites de<br /> raisonnables  interrogations sur son fonctionnement et sur des questions qui sont éludées sans être traitées au fond, comme le “statut” des divorcés remariés : sont-ils excommuniés ou non ;<br /> sinon, pourquoi ne peuvent-ils pas “communier” avec leur “communauté” ?<br /> <br /> En outre, je ne suis qu’un modeste fidèle de base et mes opinions n’ont, évidemment,  pas le poids et la résonance des déclarations de membres de la hiérarchie. Au contraire, les personnes<br /> concernées par la querelle actuelle,  depuis Mgr Lefebvre jusqu’aux 4 anciens excommuniés (dont on ne redit rien de l’ordination épiscopale) sont en principe “successeurs des apôtres”, et<br /> donc des responsables de l’Église : leurs paroles, leurs actes (et leurs désobéissances) ont d’autres conséquences.<br /> <br /> <br /> <br />