A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

5ème dimanche du temps ordinaire.

Jb 7, 1-4.6-7. Ps 146 (147a). Cor 9, 16-19.22-23. Mc 1, 29-39.

 

La liturgie des messes propose chaque fois des textes sortis de leur contexte. Cette façon de présenter premier testament, épîtres et évangiles nuit à leur compréhension. Alors la plupart du temps on fait quelques considérations morales qui laissent de côté le sens porté par ce qu’on a lu. En ce dimanche, ce défaut est tout-à-fait présent : un petit bout du livre de Job, des considérations de Paul aux Corinthiens qui, de fait, correspondent assez peu à ce que cette épître nous enseigne et dont on ne voit pas le lien avec le texte de Job, enfin quelques miracles de Jésus qui ressemblent à des anecdotes précédant le cœur de l’évangile de Marc. Quant au psaume, on se demande à quoi il peut bien se rattacher !

Aussi, allons-nous reprendre ces textes en nous permettant de les déborder pour tenter d’en saisir ce qu’ils peuvent nous apporter.


Le livre de Job est fait de deux parties : les chapitres 1 et 2 suivis du chapitre final (42) racontent l’histoire de cet homme : Dieu laisse Satan maltraiter son serviteur pour tester sa fidélité, et à la fin, après toutes les discussions des autres chapitres, Job reconnaît à Dieu sa place et il est rétabli dans ses richesses. Les chapitres 3 à 41 sont une discussion de Job avec trois « amis », faite de considérations sur le mal, le malheur et la justice divine, texte beaucoup tardif que la petite histoire racontée. Aujourd’hui nous en retiendrons l’attitude des amis qui veulent raisonner Job, expliquer sa situation, l’inciter à se soumettre. De « bons amis » qui ne vivent pas la même situation, ce qui leur permet de belles envolées moralisatrices. C’est très actuel aussi ! Et le pauvre Job de se lamenter, c’est le texte proposé aujourd’hui, texte poignant de vérité. En ces temps où la souffrance s’étale à la une des journaux en de nombreux points de la planète, où cette souffrance est à nos portes, ici en France, dans des populations en totale déshérence ou vivant l’angoisse de la survie, nous pouvons faire de ce texte un cri actuel vers Dieu. Qu’attend-Il pour nous sauver ? Nous savons bien qu’Il n’intervient pas dans nos affaires, mais nous croyons que l’Esprit est à l’œuvre dans le cœur des hommes, nous pouvons supplier l’Esprit de vivre en nous, de nous montrer les chemins de l’amour. Nous pourrons alors reprendre les propos de Job à la fin :

« J’étais celui qui voile tes plans par des propos dénués de sens...Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu... » (Jb 42, 3 ; 7)

pour finir par cette espérance :

« Yahvé bénit la condition dernière de Job plus encore que la première » (Jb 42, 12).

 

Le psaume est alors un chant de confiance et d’action de grâce que Job pouvait entonner à la fin et que nous pouvons exprimer en creusant notre espérance. C’est difficile, évidemment, mais il faut nous y accrocher.

 

L’Église de Corinthe a été en pleine tourmente. Dans ces deux épîtres aux Corinthiens, Paul essaye de rétablir l’ordre, d’apaiser les conflits. En même temps il donne des consignes dans bien des domaines, adaptées à ces chrétiens, issus majoritairement du paganisme, en butte aux Juifs de la ville qui ont peu apprécié la venue de Paul ! En butte aussi aux autres habitants car leur foi les sépare automatiquement du reste de la population. On trouve aussi des affirmations théologiques très profondes, Paul se référant constamment à l’essentiel de la foi en Jésus-Christ. Bien des passages sont ainsi des textes de circonstance qui n’ont pas de portée universelle au contraire d’autres qui ont trait à la mission du Christ, ou à la charité par exemple (le fameux chapitre 13) qui est bien au cœur de la mission.
Le chapitre 9 proposé serait une réponse à la division des Corinthiens en plusieurs « chapelles » qui, chacune, prétendait se référer à tel ou tel prédicateur. On trouve cette affaire au chapitre 3. Paul rappelle avec force en début de chapitre, contre ses détracteurs, qu’il est apôtre venu pour annoncer Jésus-Christ :

« Si pour d’autres je ne suis pas apôtre, pour vous du moins je le suis ; car c’est vous qui, dans le Seigneur, êtes la preuve authentique de ma qualité d’apôtre » (1 Cor 9, 2).

 

Dans la suite il affirme que la seule vérité est en Jésus-Christ et non dans le prédicateur. Son enseignement est toujours en référence au Christ. L’annonce de l’Évangile s’impose à l’apôtre, il y met toutes ses forces,

 

« je me suis fait tout à tous pour en sauver quelques uns...et tout cela je le fais à cause de l’Évangile ».

 

écrit-il. C’est l’Évangile de Jésus-Christ qui doit être au centre de notre foi, non les considérations de personnes. Il semble que ceci s’adresse d’abord à tous ceux qui prétendent le commenter… !!! Mais aussi à ceux qui le reçoivent. Ils doivent chercher l’essentiel sans se laisser bloquer par la forme de la prédication ou du commentaire.

 

Et que dit l’Évangile ? Nous le trouvons dans le texte de Marc. Jésus est venu nous sauver de nos maux. Il proclame l’Évangile en guérissant ceux qui viennent à lui et en expulsant les démons. Ce texte répond ainsi au livre de Job. Nous subissons des tribulations, Dieu nous tend la main pour nous sauver. Jésus veut extirper notre mal, c’est la bonne nouvelle qu’il veut proclamer dans toute la Galilée qui représente pour nous le monde entier, cela apparaîtra plus loin à la fin, avec l’envoi au temps de l’Ascension. Cet Évangile est en consonance avec la lamentation de Job lue au début, lamentation qui est la nôtre actuellement. Nous pouvons nous adresser au Père pour qu’il nous délivre de notre mal en nous envoyant son Esprit.

Enfin remarquons que le texte est composé de deux parties : dans la première Jésus guérit, dans la seconde il proclame l’Évangile en expulsant les démons, l’articulation des deux, c’est :

 

« Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait ».


Cette articulation du texte nous semble très éclairante. Jésus n’est pas un simple thaumaturge qui guérit, ou un gourou chasseur de démons, il agit au nom du Père, et c’est dans la prière au désert qu’il Le retrouve pour fonder sa mission. La prière au désert de Jésus avec son Père est au cœur de sa vie, c’est elle qui lui permet l’évangélisation des hommes, c’est elle qui lui permet de les libérer de leur mal. Ceci est valable pour nous, une prière non pas faite de formules répétées comme souvent, mais une mise en présence du Père, dans un silence et une ouverture qui permette d’accueillir son Esprit. Ceci complète l’épître de Paul qui insiste sur le sérieux de l’annonce de l’Évangile, annonce non pas faite par nos propres forces, mais au nom de Jésus-Christ.

 

Marc Durand

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D
le prêtre doit pouvoir tenter de faire la jonction entre ces textes, même au prix de son imagination personnelle?<br /> A chacun ensuite de "creuser" en allant consulter les textes, si on a du temps...<br /> chaque matin à 8h30, prières à l'église saint Eloi de Dunkerque, le plus souvent hors la présence du prêtre: litanie de prières à la vierge...(si cela leur fait du bien...)<br /> A neuf heures, la messe, en présence de cette communauté d'habitués; messe du jour que le "pasteur" ne prépare pas forcément avec autant d'attention que celle du dimanche...<br /> "Esprit", es tu là?<br /> Un peu!
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