À l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

À l'écoute de la Parole de Dieu

Triduum pascal

14-17 avril 2022

 

Le Triduum pascal est un chemin qui va de la mort à la Résurrection de Jésus. L'un d'entre nous a illustré par une série d'articles ce parcours qui va du 14 au 17 avril 2022 et commence par cette introduction le mercredi 13 avril. 

Garrigues et Sentiers

 

La Croix et la Résurrection sont au cœur de notre foi, il est impossible d’aborder toute la richesse des textes qui l’évoquent. Nous nous limiterons à quelques idées qui nous semblent essentielles ; pour certains lecteurs, d’autres points de vue peuvent être plus importants, tant la méditation sur ces événements nous engage chacun tel que nous sommes.

Donnons d’abord la parole à François Cheng qui nous introduit dans le mystère de la mort et résurrection du Christ :

 

"Un jour, l'un d'entre nous s'est levé, il est allé vers l'absolu de la vie, il a pris sur lui toutes les douleurs du monde en donnant sa vie, en sorte que même les plus humiliés et les plus suppliciés peuvent, dans leur nuit complète, s'identifier à lui, et trouver réconfort en lui. S'il a fait cela, ce n'était pas pour se complaire dans la souffrance : il s'est laissé clouer sur la croix pour montrer au monde que l'amour absolu est possible, un amour "fort comme la mort", et même plus fort qu'elle, capable de dire de ses propres bourreaux : "Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font." Ces paroles adressées à Dieu s'adressent à nous aussi, nous appelant à participer au pardon divin, à unir le devenir humain au devenir divin, et l'unicité de chaque être à l'unicité de l’Être même. Celui qui parle ainsi fait déboucher le tunnel de la vie sur l'Ouvert. Avec lui, la mort n'est plus seulement la preuve de l'absolu de la vie mais celle de l'absolu de l'amour. Avec lui, la mort change de nature et de dimension : elle devient l'ouverture par où passe l'infini souffle de la transfiguration"

 

Extrait des Cinq méditations sur la mort : autrement dit sur la vie, Albin Michel, 2013, p. 122.

 

La mort de Jésus en Croix est le centre de la théologie chrétienne. Elle s’origine dans la mort de la Croix en Dieu, et en Dieu saisi dans la mort de Jésus.

Pour Paul, la Croix n’est plus un objet de scandale mais une métaphore de l’histoire du Salut. Il ne faut alors pas se limiter au récit de la souffrance d’un prophète qui le mène à la mort dans sa fidélité à Dieu. La Croix, liée indissociablement à la Résurrection, donne sens à notre Histoire, retournée par cet événement.

Karl Rahner a écrit : « Cette mort exprime Dieu (comme l’humanité du Christ) tel qu’il est et tel qu’il a voulu être envers nous ». Ou encore : « la mort de Jésus fait partie de l’expression que Dieu donne de lui-même » (in « Sacramentum mundi II »). Le Dieu ainsi révélé n’est plus un dieu de puissance, ni de sagesse. Pour l’homme, il lui devient impossible de s’appuyer sur puissance ou sagesse mais seulement sur sa faiblesse :

« Ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes » (1 Cor 1, 25)

« Il m’a déclaré: “Ma grâce te suffit ; car la puissance se déploie dans la faiblesse.” C’est pourquoi je me glorifierai surtout de mes faiblesses afin que repose sur moi la puissance du Christ » (2 Cor 12, 9).

 

Sur la Croix, Jésus, en union avec son Père, est descendu jusqu’aux racines du Mal pour nous en délivrer, et dans cette humiliation, cette faiblesse, il a révélé la véritable face de Dieu.

« Dieu veut perdre pour que l’homme gagne » a écrit Karl Barth. Et Karl Rahner ajoute : « Cette mort de Dieu dans son être et dans son devenir en un autre être du monde doit manifestement appartenir à la loi de l’histoire de la nouvelle et éternelle alliance ». Avec la Croix nous avons donc changé d’Histoire. Le nouveau sens de l’Histoire est donné par l’à-venir de Dieu parmi nous après qu’il ait pris sur lui notre humanité.

Nous ne pouvons pas célébrer la Passion et la mort du Christ si cette louange n’implique pas la nouvelle connaissance de Dieu.

Marc Durand

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article