À l'écoute de la parole de Dieu
Le Baptême du Seigneur
Is 40, 1-5. 9-11 ; Ps 103 ; Tt 2, 11-14 3 4-7; Lc 3, 15-16 21-22
Ce dimanche nous présente toute l'histoire du salut, à condition de lire les textes en respectant un certain ordre.
Le psaume 103 chante un hymne au Dieu créateur : « Tu t'avances sur les ailes du vent, quelle profusion dans des œuvres, Seigneur ! Tout cela, ta sagesse l’a fait : la lumière, le vent les éclairs, la terre, l'immensité de la mer et le grouillement d'animaux. Par son souffle, Dieu renouvelle la face de la terre. »
La première lecture, tirée du livre du prophète Isaïe (Isaïe 40, 1-5,11) annonce l'intervention de Dieu sauveur, alors que vers 550, Israël vit une période terrible : l'élite du peuple est déportée à Babylone, le temple est détruit et il n'y a plus de roi. Mais un roi Perse, Cyrus Le Grand, entre en libérateur à Babylone. Le prophète, inconnu, nommé deuxième Isaïe, célèbre cette victoire et annonce la libération prochaine des israélites exilés en Mésopotamie. Tout cela est l’œuvre de Yahvé, le seul vrai Dieu et non Marduk dieu babylonien de pacotille.
L’Évangile, tiré de saint Luc (3,15 – 16, 21 – 22) montre Jean baptisant dans l’eau, les foules, et annonçant que Jésus, lui, donnera un baptême dans l’Esprit. Chez Luc, le baptême reçu par Jésus est séparé du baptême donné par le Baptiste (1) : « L'Esprit saint descendit sur Jésus et une voix vint du ciel : « Tu es mon fils, moi aujourd'hui je t'ai engendré. » C’est le sommet de l’alliance entre Dieu et les hommes. Dieu dit à un homme qu’il est son Fils. Dans l’histoire des relations de Dieu et des hommes, jamais homme n’a pu entendre une telle phrase.
Dans l’épitre à Tite, Paul tire, pour nous les croyants, les conséquences du baptême de Jésus. Par notre baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit. « Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance par Jésus-Christ notre sauveur…»
En quoi sommes-nous concernés par ces histoires de salut ?
Avec le psalmiste, célébrons Dieu dans la merveille de sa création. Même en période d’hiver où tout semble endormi, la création est un hymne à la fécondité créatrice de Dieu, directe ou indirecte. Sachons lever les yeux de nos portables et admirer la beauté de la nature qui nous entoure. Pour cela, s’il le faut, cherchons des lieux où cette nature existe encore ; sinon, sachons prendre du temps pour certaines émissions magnifiant la richesse des animaux et de la nature.
Comme le prophète Isaïe, gardons espoir, dans les situations difficiles que nous vivons : elles n’ont pas de commune mesure avec les difficultés que vivait le peuple d’Israël esclave en terre étrangère. Un homme, Jésus, en qui Dieu a mis son amour a radicalement changé toute l’histoire de notre humanité. Déjà pour un enfant, entendre son père lui dire « tu es mon fils et je suis heureux de ce que tu sois mon fils » est la plus belle aventure qui puisse arriver à quelqu’un. Elle lui permettra d’être père à son tour. Parce qu’elle est arrivée à l’homme Jésus et l’a structuré dans son intimité, elle nous structure aujourd’hui : et nous aussi, grâce à notre baptême, écoutons Dieu nous dire : « Tu es mon fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon plaisir. » C’est le cœur même de la foi : nous, hommes, pouvons crier à Dieu : « Abba, père. »
Ce n’est pas d’abord une aventure personnelle, mais celle de tout un peuple, le peuple chrétien, et aussi celle de toute la société humaine.
En ce début d’année et en cette période préélectorale, où la tendance est à la morosité, notre foi nous dit que notre histoire a un sens, non pas un sens fixé une fois pour toutes, mais celui que nous lui ferons. Sachons déceler les Cyrus le Grand, qui, avec nous, renouvelleront la face de la terre.
Antoine Duprez
(1) Luc est le seul à séparer le baptême par l’Esprit saint de Jésus, du baptême d’eau donné par Jean-Baptiste à la foule.