Contribution de paroissiens catholiques d’Aix au débat souhaité par les évêques de France & au « grand débat national »
Nous versons dans notre Dossier n° 36 Notre débat autour du "grand débat national" cette contribution qui a été écrite collectivement par des paroissiens catholiques d'Aix-en-Provence en suivant la trame proposée par les évêques de France dans leur Appel aux catholiques de France à nos concitoyens, mais s'inscrit pleinement dans le "grand débat national" auquel a appelé le président de la République.
C'est pourquoi les rédacteurs de ce texte l'ont communiqué à la fois à l'archevêque d'Aix-en-Provence et à le députée de la circonscription dont ils relèvent.
G & S
I. Causes du malaise et propositions mêlées
Outre le phénomène « Gilets-Jaunes », les causes du malaise socio-politique actuel sont multiples, et leur énumération ci-dessous est loin d’être exhaustive. Il a semblé difficile de séparer les causes de propositions réalistes.
Le mouvement spontané des G-J est difficile à interpréter dans sa totalité, à travers la pluralité des revendications et de comportements contradictoires, mais il est né d’un vrai « ras-le-bol » à la fois devant l’inflation fiscale et des revenus insuffisants pour vivre, voire une montée de la misère pour une part de la population écrasée par les dépenses contraintes. La pauvreté est ressentie comme d’autant plus injuste dans un pays globalement riche. Positivement, le mouvement des G-J offre l’occasion d’une remise en question du fonctionnement de notre démocratie, d’une prise de paroles de ceux qu’on n’écoutait pas, et même de réels moments de fraternité entre ceux « qui ne sont rien ». Négativement, et sans généraliser, il est plutôt silencieux sur des problèmes majeurs comme l’avenir climatique, il manque souvent de réalisme, il n’a pas trouvé le moyen d’éviter les violences dans les manifestations et laisse sourdre parfois des attitudes condamnables (antisémitisme, insultes…).
L’impossibilité pour beaucoup de Français de « vivre décemment » s’est exprimée à l’occasion de l’augmentation de la taxe sur les carburants. Il est évident que beaucoup de salaires et de retraites sont insuffisants, et le fort chômage précarise gravement bien des familles.
Outre l’important aspect matériel de ce manque de moyens, il ne faut pas négliger la dimension psychologique : un fort ressenti d’inégalités objectives, aggravé par celui d’un mépris manifesté par les élites « dirigeantes », qui réduit une partie de la population à « n’être rien ». (NB. : il n’y a plus d’ouvriers, parmi les députés, et guère de petits employés).
Dénoncer le culte de l’argent devenu étalon de la valeur d’un être : on « vaut » en fonction de ses revenus et de ses biens (la Rolex !). L’arrogance et l’ostentation des riches, s’étalant dans les médias, accroissent ce ressenti. Comment réduire les inégalités, ramener les écarts de salaires ou les dividendes des placements à des niveaux décents et moralement admissibles ?
Impôts et taxes : les prélèvements de l’État et des collectivités territoriales ont atteint un niveau confiscatoire, alors que peu est fait pour réduire vraiment les dépenses en gérant mieux le pays et ses services. Il est urgent de les réviser (CSG…) et de les modérer. Une baisse significative de la TVA sur les produits de première nécessité (alimentation, hygiène…) allègerait les dépenses des familles les plus démunies. Le manque à gagner pour l’État serait compensé par une tranche supérieure de l’impôt sur le revenu (IR) pour les très forts revenus. On peut y adjoindre une augmentation des droits de succession pour les très grosses fortunes (en distinguant la part des moyens de production).
Pour leur rendre la signification de « contribution » aux besoins communs : instituer unimpôt sur les revenus pour tous, réduit à un montant symbolique pour les moins fortunés (1 € !).
Difficulté du chantage à l’emploi pour des métiers posant des problèmes éthiques, sauf à admettre la prévalence d’une Realpolitik. Exemple : 165.000 employés dans la production d’armes, dont la France est 4e exportateur mondial, tout en prônant la paix universelle.
Il faut garder une solidarité active et forte avec ceux que la misère, la maladie, le handicap etc. rendent fragiles, mais éviter un assistanat démobilisateur.
Les logements sont souvent insuffisants, trop éloignés des lieux de travail. Le criant manque de logements sociaux est scandaleux. Il pousse, en outre, des personnes à s’adresser à des bailleurs privés, au risque de ne pouvoir payer les loyers, ce qui induit d’autres problèmes. Les propriétaires assumant ainsi un office onéreux, qui devrait relever de l’État, préfèrent ne plus investir. Et l’on parle de deux millions de logements libres et non-loués.
Le phénomène des SDF, parfois avec des enfants, est insupportable et devrait être traité prioritairement : logement, mais aussi accompagnement en vue d’une réinsertion.
Éducation : impossibles réformes depuis 1968. Outre les résistances venues de l’institution éducative, on constate une grave déresponsabilisation de nombreux parents vis à vis de leurs enfants, rendant le métier d’enseignant pénible à exercer et moins efficace. Dans le cadre d’une indispensable instruction civique, il faut éveiller l’esprit critique et réinventer les notions de respect d’autrui et de discipline.
150.000 jeunes lâchés chaque année dans la nature, sans diplôme ni formation. Apprentissage et filières d’enseignement technique sont à revaloriser en même temps que le travail manuel. Ce pourrait être en lien avec les futurs employeurs (industriels, commerçants, artisans).
Info / intox : presse et télévision sont-elles toujours impartiales ? Les réseaux sociaux sont souvent mis en cause pour diffusion de fausses nouvelles contre lesquelles il est difficile de lutter, alors qu’elles intoxiquent les consciences : montée du populisme et du « complotisme ». Desserrer les contraintes d’une « pensée unique », souvent d’inspiration parisienne, faussant tout vrai débat public en diabolisant ceux qui n’en partagent pas les idées. NB. : souvent aussi, ce qu’on appelle la « pensée unique » est tout simplement celle de l’adversaire.
Le passage au numérique, inévitable, pose un certain nombre de problèmes : par exemple la sécurité des échanges. Il est urgent de lutter contre l’« illectronisme », celui des personnes non préparées par manque de possibilités de formation ou d’accompagnement, ou sans ordinateur. Il devient d’autant plus grave que la « dématérialisation » des démarches administratives se généralise. On aboutit à une absence de l’humain face à des personnes isolées, tempérée parfois par l’aide de bénévoles.
Économie : la financiarisation de l’économie stérilise des capitaux tournés vers la spéculation… ou le luxe (créateur d’emplois, il est vrai). Pénaliser fiscalement l'économie virtuelle au profit de l'économie réelle.
Au contraire, favoriser fiscalement les investissements créateurs d’em- plois, entre autres dans les petites et moyennes entreprises à travers le territoire. C’est une des voies pour créer des emplois. La suppression de l’ISF, prévue pour cela, ne semble pas avoir rempli ce rôle.
Système marchand prévalant dans nos modes de vie. Poids de la mondialisation. Une fausse-bonne idée : l’invasion des grandes surfaces « faisant baisser les prix » grâce à des importations de pays à bas coûts, mais tuant le petit commerce ou l’artisanat des centres-villes.
Il est urgent de traiter les problèmes des agriculteurs, nourriciers et jardiniers du pays. Ils veulent vivre honnêtement de leur travail, noble et indispensable, et non rester suspendus à l’obtention de subventions, fussent-elles européennes. Fiscalement, la transmission de leur ferme, qui est leur outil de travail, devrait être allégée, au moins pour les petits paysans, particulièrement en montagne, afin d’éviter la désertification de ces régions, et donc l’abandon de la protection des sols et de la nature.
Ignorance et mépris des urgences environnementales (et de la finitude de notre monde), pour éviter une catastrophe dont on confie trop facilement la solution à l’espérance de progrès scientifiques et technologiques à venir. Développer l'éducation écologique dès l'école, et par la télé et les réseaux sociaux.
Pour limiter l’impact environnemental, continuer de proposer des actes simples et concrets, tels la gestion des déchets ou la consommation de produits locaux, qui est loin d’être généralisée. Aberration de manger des fraises en hiver ou des pommes du Chili (vendues dans un pays producteur de pommes), acheminées au prix de consommation de carburants et de production inutile de CO2,etc.
Interdire définitivement la pêche électrique qui participe à la destruction des fonds marins et ruine les artisans-pécheurs.
Contrôler plus sérieusement les produits de consommation (y compris pharmaceutiques) en amont de leur mise sur le marché, afin d’éviter les scandales sanitaires coûteux en argent et en souffrances.
Moyens de mobilité polluants en expansion permanente, sans qu’aient été réglés les dégâts causés par l’utilisation des carburants fossiles. Paradoxes de certaines situations, par exemple : contradictions dans l’usage du diesel (plus de CO2 ou de particules fines ?), fermeture de lignes de chemin de fer et insuffisance du ferroutage favorisant la multiplication des transports routiers, surconsommation et pollution par les grands paquebots de croisière et porte-conteneurs, développement des transports aériens stimulés par le tourisme triomphant etc. Et dans le même temps, des transports publics parfois insatisfaisants en particuliers hors des villes.
Politique. Inconduite de certains hommes politiques : manque d’exemplarité, multiplicité et répétitivité des mandats, avantages parfois injustifiés et donc injustes, etc. Réduire le nombre des députés et des sénateurs. Limiter la rétribution des élus « multi-récidivistes » à une seule fonction, même la plus « chère ». Et contrôler leurs frais de fonction. Le « tous pourris » est, bien sûr, exagéré et souvent injuste, mais trop d’« affaires » et d’avantages injustifiés alimentent ce fantasme. Tout cela a fait perdre confiance aux citoyens et déprécié la politique.
Il existe trop peu de lieux de réflexions sur les problèmes collectifs (politiques, économiques, sociaux…) et surtout d’échanges entre élus et citoyens, au-delà des permanences clientélistes. Dans l’immédiat après-guerre, existèrent des instances diffusant une éducation populaire de qualité : associations, syndicats etc. Elles donnaient une formation « citoyenne » qui a beaucoup régressé.
Pour une plus grande démocratie, actuellement en panne, introduire une dose de proportionnelle dans les élections, mais surtout pas une proportionnelle intégrale, qui provoquerait la multiplication des partis, une forte instabilité politique et des marchandages éhontés lors de votes importants.
Mode de scrutin : pour éviter les faibles participations, rendre le vote obligatoire (modalités à trouver) et surtout donner au vote blanc le statut de « suffrage exprimé », meilleur moyen d’éviter les abstentions.
Le référendum permettrait la consultation du peuple sur des choix essentiels : socio-politiques ou constitutionnels, par exemple. Il a souvent été soit dénié par l’État ne tenant pas compte des résultats, soit faussé par les partis politiques d’opposition, qui tendent à en faire un plébiscite ne se référant pas aux questions posées (parfois mal posées), mais au seul désir de renverser le pouvoir en place.
On dénonce depuis longtemps le « mille-feuilles » administratif. On est loin d’y remédier, constatant la création de nouvelles entités sans réelles suppressions des anciennes (métropoles couvrant parfois l’espace d’un département, dont la taille ne se justifie plus). En même temps, la disparition de nombreux services (postes, recettes fiscales, établissements médicaux…) – particulièrement dans les zones de moindre densité humaine – rend l’accès à ces services, utiles ou indispensables au quotidien, de plus en plus difficile. Le maintien des mairies (avec des salles publiques) dans de petites agglomérations, peu coûteux en soi, pourrait sauvegarder les rapports entre les habitants et le pouvoir local.
L’omniprésence de l’État dans des affaires de détails locaux, qui seraient mieux gérés sur place par des personnes ou les collectivités, est parfois oppressante. Il vaudrait mieux qu’il se recentre sur ses fonctions régaliennes : affaires étrangères, défense, justice…
Une société éclatée : Individualisme et rythmes de vie hachés, en particulier dans les villes, rendent difficiles les contacts interpersonnels et une certaine convivialité. De multiples associations font un travail de bénévoles remarquable, qui souvent relèverait de la responsabilité de l’État (solidarité, aide à l’enfance, recherche médicale etc.), mais sont de plus en plus en péril à la suite des restrictions budgétaires les affaiblissant (subventions et emplois aidés diminués). La suppression, parfois envisagée, des avantages fiscaux aux donateurs rendrait l’activité de ces associations aléatoire ou impossible.
Certaines carences existantes dans le tissu social pourraient être compensées avec un peu d’imagination. Soit le phénomène assez angoissant des « déserts médicaux ». Pourquoi ne pas appliquer au corps médical le mode de recrutement que l’on avait imaginé, il y a quelques décennies, pour les enseignants avec les IPES ? Les étudiants perçoivent un salaire durant leurs études – ce qui permettrait, en outre, à davantage de « fils et filles de pauvres » de se porter candidats à cette carrière – moyennant un engagement irréversible de travailler un temps, au moins égal à celui de leurs études, « en province », à la campagne, dans des lieux où l’on manque de médecins, de dentistes etc. L’expérience montre que beaucoup de villages sont prêts, en pareil cas, à proposer un lieu d’installation.
Certaines tensions dans la vie quotidienne pourraient être atténuées par une éducation du respect réciproque, une initiation au dialogue. A commencer par ce qui se dit et se fait dans les familles. Il est inadmissible que des pompiers et des personnels de santé soient attaqués, en particulier lors de leurs interventions de sauvetage (d’autant qu’il s’agit souvent de volontaires), ou dans les hôpitaux.
Les relations entre policiers et population des « quartiers sensibles » semblaient meilleures à l’époque de la police de proximité. Sans doute y a-t-il lieu d’intégrer dans la formation des agents une dimension psychologique pour qu’ils soient davantage « médiateurs » que « réprimeurs ».
Forces de l’ordre et manifestants se renvoient le reproche de violence. La violence collective n’est pas une nouveauté. Notre société est violente et entretient complaisamment l’image d’une violence inévitable ou même nécessaire : « Sinon, on ne nous écoute pas » dit-on ici, « Ce sont eux qui ont commencé », répondent ceux-là. La violence s’entretient d’elle-même. Cause ou fruit de cette violence : de nombreux films portent sur le thème, et jusqu’aux BD pour jeunes. Il y a là un immense chantier éducatif à mener.
Que la laïcité, telle que contenue dans la loi de 1905, continue à protéger la paix civile. Y intégrer l’Islam, dont l’arrivée a été postérieure à son élaboration, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres religions. Ne pas négocier de tolérance pour les prescriptions de la charia, ou des accrocs à la loi républicaine, par exemple en matière d’égalité des femmes et de droit personnel : ni mariage forcé, ni polygamie, ni excision...
Aborder la question de l’immigration, source de tensions dans la population, avec à la fois clarté, générosité et réalisme, si l’on veut empêcher les extrémismes d’en faire une arme de propagande. Le droit d’asile établi sans équivoque doit être scrupuleusement respecté. Pour les autres migrants, il faut tenir compte des possibilités réelles d’intégration des arrivants, leur nombre, leur faculté à acquérir la langue (si l’on veut éviter les ghettos), une acceptation solennelle des lois françaises, mais aussi considérer leurs propres désirs et capacités… Le flux de population, à contrôler dans des frontières perméables, en une Europe et (bientôt) une France vieillissantes, pourrait aider à revivifier les villages en voie de dépopulation, à condition d’en préparer les populations installées, de ne pas les submerger, et de conseiller concrètement les arrivants.
III. Lieux ou corps intermédiaires
Sur le plan politique, sans s’engager à fond dans une imaginaire « démocratie directe » référendaire, un peu compliquée à organiser avec 66 millions d’habitants – mais qui peut s’avérer ponctuellement utile – on pourrait donner davantage de poids à des associations de citoyens, par exemple des CIQ élus ou des conseils informels capables de connaître mieux les membres, les besoins, les possibilités d’une population sur un territoire précis (villages, quartiers…) et les solutions possibles.
Sur le plan social, il serait urgent de réformer profondément le système de la représentation des travailleurs. L’adhésion à des syndicats « dépolitisés », capables de discuter avant toute manifestation ou grève, pourrait être rendue obligatoire afin d’établir leur représentativité réelle.
NB. pro domo : Serait-il impensable que les paroisses soient des lieux d’échanges sur les questions de société – et pourquoi pas sur leur propre fonctionnement ? Cela se trouve déjà à dose homéopathique. Des assemblées délibératives existent pour bâtir ensemble l’avenir commun, sinon quels seraient le but et le fruit des synodes diocésains ? Mais ont-ils modifié le fonctionnement vertical des diocèses ? Quid, plus précisément, dans le diocèse d’Aix-Arles ?
IV. Quel « bien commun » ?
Notion difficile à définir. Sans doute un « vivre ensemble » dans les meilleures conditions de proximité et de coopération. Mais l’expression reste ambiguë : simple cohabitation, partage ? Jusqu’où ? Pour l’instant, on a l’impression que « vivre » est une course individuelle à l’abîme de la consommation confondue avec le progrès, dont on attend la reprise par… la consommation. Et surtout, quel « ensemble » dans des vies sans commune mesure ? À côté de l’extrême misère, le désir des plus riches d’être toujours plus riches, sans se demander pourquoi faire, ni œuvrer pour plus de justice : est-ce compatible ?
Avant de parler de « bien commun », il faudrait peut-être savoir de quelle « communauté » il s'agit. Pour y tendre et avoir un projet collectif, il faudrait d’abord s’écouter, échanger, accepter des points de vue différents, éventuellement recourir à une médiation (nommé comment et par qui ?). A l’époque de la Révolution française (1789-99), dans le Programme du Conseil national de la Résistance (15 mars 1944), dans notre Constitution de 1958, cela s’appelait une Nation. Mais le mot a été tant galvaudé par les nationalismes qu’on n’ose plus le prononcer :
« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses […] constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs ; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. » (Ernest Renan, discours à la Sorbonne, 1882)
V.Quelles raisons d’espérer ?
Avis partagés : d’une part, ceux pour qui « Tout reste possible », grâce à la science et à la technologie, dans un pays où nous gardons de beaux espaces et de réelles possibilités, ceux qui font confiance aux générations montantes ; d’autre part, ceux qui, tenant compte des menaces sérieuses et diverses (politiques, économiques, sociales, écologiques…), qui pèsent sur la vie sur terre, sont justement inquiets pour leurs descendants.
Les premiers profitent des exemples passés où l’homme trouvait des solutions aux difficultés et aux drames (naturels ou qu’il suscitait). Les seconds pensent que l’échelle n’est plus la même, que le temps joue contre nous en rendant irréversibles certains dégâts environnementaux (air, nappes phréatiques polluées, espèces vivantes disparaissant etc.). On n’a su ni modérer l’avidité suicidaire du capitalisme, ni humaniser les contraintes autoritaires inhérentes aux socialismes. Le personnalisme a porté naguère une vision d’avenir fondée sur une organisation communautaire des rapports sociaux respectueuse de l’épanouissement personnel de chacun. Qui le porte encore ?
Une des questions pour préparer l’avenir reste : que sommes-nous capables de transmettre de nos « valeurs » après les avoir examinées et épurées ? Inversement, que sommes-nous capables d’admettre et de recevoir de la part de nos enfants, de leurs expériences de vie parfois si différentes des nôtres ?
Le pape a donné un élan à l’« à-venir », et une espérance avec son encyclique Laudato si’. La réception de celle-ci et la réalisation de ses propositions peuvent-elles être vigoureusement promues par une Église qui a tant de mal à se réformer elle-même ?
Pour les Chrétiens, la principale raison d’espérer s’appuie sur la Parole de Jésus-Christ : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps… »