Un prêtre heureux de confesser
(et, dit-il, il en existe beaucoup !)
Un prêtre marseillais, B.C.,
qui a eu d’importantes responsabilités
en paroisses urbaines et en services diocésains,
a répondu aux questions
de deux membres du comité de rédaction de Garrigues & Sentiers.
Après plusieurs décennies de sacerdoce,
il jette un regard très positif sur son expérience de la confession.
Pourriez-vous, d’un mot, dire ce qui fait pour vous le cœur de la confession ?
C’est un sacrement, c’est-à-dire la rencontre de l’homme avec Dieu, lequel s’est incarné en Jésus-Christ. Et dans ce sacrement, je rencontre un homme qui me donne la vie de Dieu en Jésus-Christ. Je ne peux pas, tout seul, me donner le pardon de Dieu (ni le baptême). Le sacrement exige deux personnes. Cela parce que c’est à deux qu’on peut donner la vie : pour faire un vivant il en faut deux autres vivants. Dans la confession il s’agit du prêtre et de celui qui demande.
La vie, pouvez-vous préciser ?
Il en va de la vie spirituelle comme de la vie biologique. Elle a ses systèmes respiratoires ou cardiaques. Et comme la vie biologique, son métabolisme consiste en une suite de nourritures et d’éliminations. L’anabolisme est la réception : on reçoit l’eucharistie. Le catabolisme est le rejet, par la pénitence. Le péché est le déchet.
Mais se reconnaître coupable, avouer son péché, ce n’est pas si facile…
Ne mélangeons pas le sentiment de culpabilité et le pardon de Dieu. Dieu n’aime pas la culpabilité ; c’est le démon qui la fait exister. Simplement, nous sommes libres et responsables de choisir la vie ou non, pour nous, et pour les autres. Ayons assez d’humilité pour reconnaître que nous ne sommes pas parfaits. Le Deutéronome nous y exhorte : « Je t’en prie, choisis la vie ! ». Se libérer de la culpabilité, c’est se rendre joyeux. Quand quelqu’un, en confession, nous avoue des énormités, c’est une preuve de courage. Mais point besoin d’énormités : une religieuse que je confessais m’a simplement dit : « Donnez-moi le pardon de Dieu ! » Nous avons besoin de quelqu’un pour nous dire que Dieu nous aime.
Est-ce cela que vous a appris sur votre sacerdoce la pratique de la confession ?
Entendons-nous. Il est vrai que le prêtre est le ministre du sacerdoce du Christ. Mais il n’y a qu’un prêtre, le Christ. Le sacerdoce consiste à rendre sacré ce qui est humain. À prendre les choses de la terre pour en faire des choses du ciel. Il y a analogie, cette fois, avec la sexualité : la sexualité masculine, externe, donne ; la sexualité féminine fait que la vie se développe en la personne qui reçoit.
Mais quand je donne le sacrement, je reçois autant de Dieu que ce que le demandeur reçoit ; c’est une joie pour moi autant que pour lui. Jésus me fait confiance pour donner ou restaurer sa vie.
Propos recueillis par Claude Delange et Jean-Pierre Reynaud