A l'écoute de la Parole de Dieu
3ème Dimanche de Pâques 14/04/2024
Ac 3, 13-15. 17-19 ; Ps 4 ; 1Jn 2, 1-5a ; Lc 24, 35-48
La liturgie de ce dimanche fait partager la joie pascale : le chrétien est celui qui vit de la présence de Jésus Christ ressuscité.
Le psaume, d’entrée, chante que « Dieu n’abandonne jamais son fidèle, mais le libère dans la détresse… : le bonheur vient de Dieu, quand s’illumine son visage », alors que la croyance ancienne affirmait que l’on ne peut voir Dieu sans mourir.
Dans la première lecture, ( Ac 3,13-19) Pierre, dans une deuxième intervention, proclame la foi des nouveaux chrétiens en Jésus mort et ressuscité. Ce qui constituait un énorme « scandale pour les juifs, une folie pour les païens » (1 Co 1,23) : comment des chrétiens pouvaient-ils prétendre que ce « sous-homme » Jésus mort crucifié, supplice réservé aux esclaves, soit le Messie ? Nous sommes tellement habitués par des siècles de christianisme que nous ne percevons plus le scandale de formules telles que « Jésus Christ, crucifié Fils de Dieu » ; Pierre dénonce les juifs et leurs responsables comme les vrais responsables de la mort du Christ, alors que Pilate voulait le libérer. Il accorde à Jésus des titres intéressants car révélateurs des premières terminologies chrétiennes qui vont disparaître du vocabulaire chrétien au profit du terme « Fils de Dieu » : « le serviteur, Jésus », le saint, le Juste, le Prince de la Vie, le Christ, le Messie. Pierre accorde aux juifs des circonstances atténuantes : « C’est par ignorance ». Et cette incompréhension est normale car cette mort infamante fait partie du projet de salut de Dieu. Pierre souligne déjà ce que Paul qualifiera de « folie des hommes et de folie de Dieu ». Tout son texte est bâti de contrastes : « Vous avez renié le Saint et le Juste et demandé la grâce d’un meurtrier, tué le Prince de la Vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts. L’affaire est tellement énorme que Pierre reprend l’ensemble du projet de salut de Dieu annoncé par les prophètes : « le Christ, son Messie souffrirait » : la logique de Dieu est tellement folle que seule une conversion la rend possible ; elle n’est pas atteignable par la seule logique humaine. Pierre reprend en d’autres termes cette loi de la Croix que Paul développera.
Dans l’Évangile, Luc (Lc 24, 35-48 ) fait, après celui des disciples d’Emmaüs, le récit très circonstancié des apparitions du Christ ressuscité. Luc écrit pour des grecs ; ceux-ci croyaient fermement aux esprits et aux fantômes ; le récit montre que Jésus est bien ressuscité, que c’est bien lui, mais ce n’est pas un fantôme : « touchez moi, regardez un esprit n’a pas de chair ni d’os ». Le contact avec le corps du Christ ressuscité est fréquemment mentionné dans les récits de résurrection. Le Christ doit demander à Marie Madeleine de « cesser de le retenir ».
La foi consiste d’abord de vivre des événements, ici de manger avec le Christ ressuscité ; mais pour Luc, ces événement ne suffisent pas : seule une parole peut leur donner leur sens en les recadrant dans l’ensemble de l’histoire de salut annoncée par les prophètes : « il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moise, les prophètes et les Psaumes ».
Que retirer de ces textes ?
La foi n’est pas d’abord des idées ou des pensées, c’est la joie d’une communauté habitée par la présence du Christ ressuscité. C’est d’abord croire en Jésus Christ mort et ressuscité, par amour pour nous. La croix est une folie qui en dit long et sur l’homme et sur Dieu. Elle est entrée dans la logique de Dieu : son Fils mourra sur une croix du supplice d’un esclave. Pensons bien à tout le caractère scandaleux de cette formule. Entrer dans la logique de Dieu ne peut venir de la seule force humaine, car elle est entrée dans le mode de pensée de Dieu. C’est cette joie pascale qui est déjà vécue par les apôtres, manger avec le Christ ressuscité, ce qui se fait pour nous sous la forme eucharistique. Ce salut ne concerne pas seulement une petite secte de dévot juive ou chrétienne, mais il concerne toutes les nations. À nous d’en être les témoins.
Antoine Duprez