A l'écoute de la Parole de Dieu
26eme dimanche du Temps Ordinaire 52/09/2022
Am 6, 1a.4-7 ; Ps 145 ; 1Tm 6, 11-16 Lc 16, 19-3
Nous entendons dans ce premier texte une nouvelle fois la voix d'Amos qui appelle à la conversion. Ses paroles sont très dures envers l'exploitation des pauvres par les riches et les puissants. Mais ne sont-elles pas depuis toujours d'actualité ? Nous savons que les riches deviennent de plus en plus riches tout en s'enrichissant sur le dos des pauvres et que ces derniers deviennent de plus en plus pauvres. Il faudrait certainement revoir nos lois sur l’économie mais si nous ne pouvons y remédier à notre niveau que dans une faible partie, le Christ va démontrer que nous pouvons agir individuellement en prenant en exemple un seul pauvre.
Dans le texte d’Évangile, le riche désigné ainsi car son identité même lui est enlevée, ce riche vit tellement dans le luxe que les restes de sa table servent à nourrir ses chiens. On pourrait penser qu'il s'agit d'un péché d'omission involontaire, qu'il n'a pas pris conscience de l'existence de Lazare, qu'il ne l'a pas vu, on le comprendrait si ce dernier s'était trouvé là occasionnellement. Or Lazare était là chaque jour devant son portail, chaque fois que le riche s'offrait un festin somptueux dont il faisait bénéficier ses chiens donc il ne pouvait pas ne pas s'apercevoir de sa présence, donc il y avait omission volontaire de sa part doublée d'une profonde indifférence voire de mépris. De plus il connaissait Lazare, il connaissait son nom et sa situation car en Enfer il demande à Abraham de lui envoyer Lazare qu'il considère toujours comme son inférieur en lui donnant des ordres. Le fait est qu'il s'est enfermé dans ses richesses et qu'il a aussi péché par égoïsme et dureté de cœur. Il a creusé lui-même un abîme infranchissable qui lui interdira une seconde chance pour repartir à zéro. Il est devenu incapable même en Enfer de se remettre en question.
Et nous, comment nous comportons-nous à l'égard de ces personnes qui mendient dans la rue ? J'avoue moi-même être assez déroutée. Nous ne pouvons pas donner une pièce à chaque mendiant que nous rencontrons tout au plus répondre à leur bonjour tout en sachant que ce bonjour quémande uniquement une pièce. Mais il y a le mendiant ou la mendiante à la porte du super-marché que nous fréquentons habituellement. C'est un peu la situation de Lazare. Comme le riche nous le connaissons. Nous savons qu'il se tiendra toujours là deux ou trois jours plus tard lorsque nous reviendrons faire nos courses. Pouvons-nous passer avec indifférence, ne pas lui adresser la parole, ne pas lui sourire et ne rien lui donner et ceci à longueur de temps jusqu'à sa mort et la nôtre comme il est signifié dans la parabole ? Personnellement je ne peux pas car faire comme s'il n'existait pas c'est déjà le condamner à mort.
On dit dans le texte que les chiens viennent lécher les plaies de Lazare. Les chiens ont plus de considération envers Lazare que le riche. Or on sait que les païens sont assimilés à des « petits chiens » dans les évangiles. Cela fait prendre conscience que ces païens athées ou non-chrétiens qui auront pratiqué la solidarité envers les plus pauvres entreront plus facilement dans le Royaume de Dieu que certains chrétiens qui risquent de rester à la porte pour avoir méprisé et même abusé des plus pauvres.
« Ils ont Moïse et les prophètes : qu'ils les écoutent ! ». Nous avons plus que Moïse, plus que les prophètes nous chrétiens car nous avons le Christ avec nous et nous sommes ramenés à ce que notre vraie richesse soit Dieu et le plus pauvre dans ce texte c'est le riche qui n'a vécu que pour amasser des richesses devenues inutiles. Le Christ s'est fait pauvre. Il est allé jusqu'au don suprême, le don entier de lui-même dans cet esprit de pauvreté qui se trouve dans le texte des béatitudes et qui conditionne l'humilité. On est loin des miettes que Lazare aurait aimé avoir et que nous distribuons souvent sans grand enthousiasme au long de notre vie.
Malgré ce texte assez dur de Luc qui nous responsabilise et même nous culpabilise, nous pouvons recevoir les encouragements de Paul : rechercher la justice, la foi, la charité. « Emparez-vous dit-il de la Vie Éternelle » J'aime beaucoup ce verbe « s'emparer » car la Vie Éternelle s'arrache, elle n'est pas donnée automatiquement, elle est un combat . Beaucoup d'entre nous chrétiens et même incroyants français moyens donnent à de nombreuses associations de solidarité. Pourquoi ne pas donner pour les moins favorisés jusqu'à ne plus payer d’impôts ? Nous avons cette possibilité bien que nos impôts servent aussi au bien commun. Il y a aussi des actions entreprises au Secours Catholique pour porter secours à ceux qui vivent dans la rue comme ce qu'on appelle les « maraudes » la distribution de panier-repas le soir aux SDF. On peut aussi recueillir des vêtements, des objets utiles pour les plus démunis. Il y a aussi les malades âgés seuls en maison de retraite ou à l'hôpital qu'on peut visiter car perdre la santé et son autonomie c'est une autre forme de pauvreté. Il y a tellement de chemins pour « s'emparer » de la Vie Éternelle, les chemins de la paix, les chemins de la justice, qu'il m'est impossible de tous les énumérer. Je crois surtout que notre regard doit être tourné sans cesse vers ces plus démunis et non vers la préservation de nos richesses car le riche n'a jamais posé son regard sur Lazare.
Le psaume démontre avant l'heure le véritable cheminement de Jésus et ses actions sur cette terre pour les plus démunis en argent, en santé, en considération : Le Seigneur donne le pain aux affamés, le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, redresse les accablés, aime les justes. Il n'est qu'à suivre cet enseignement pour s'emparer de la Vie Éternelle.
Christiane Guès