Le martyre des chrétiens
Un nouvel « attentat », bien différent de tous les précédents. Un prêtre assassiné pendant l’office. Ce sont donc les Chrétiens, en tant que tels, qui sont visés, on comprend l’émoi.
« Le serviteur n’est pas plus grand que son maître ;
s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi »
(Jean 15,20)
Une première remarque s’impose : s’agit-il de terrorisme ? DAECH l’a-t-il commandité ? Il semble qu’on va un peu vite en besogne. Voici deux jeunes gens de nos villes, intoxiqués par une propagande islamiste radicale, qui décident d’assassiner un prêtre, et ils ont choisi une petite ville et un office avec une assistance de cinq personnes ! Étonnant.
Criminalité, oui, mais terrorisme ? Évidemment DAECH revendique, cela fait partie de sa stratégie, mais sérieusement pense-t-on que c’était commandité ? Simplement cette organisation criminelle (le terrorisme fait partie de son fond de commerce, et aussi bien d’autres activités criminelles) appelle tous et toutes à assassiner, elle peut donc tous les récupérer. Il serait temps de savoir ce qu’est le terrorisme avant de déclarer terroriste tout crime attribué à des musulmans islamistes.
Des crimes contre des Chrétiens, il y en a malheureusement beaucoup (en particulier au Moyen Orient, en Égypte). Ils semblent fondés sur la notion de « terre d’Islam » (en ignorant que les racines du Christianisme sont sur ces terres !), le christianisme serait donc interdit sur la « terre d’Islam ». Cette notion est évidement dangereuse, porteuse de tous les crimes et injustices possibles, insupportable dans notre monde. Elle fait écho à la « terre de chrétienté » qui n’est pas plus défendable. Et là, ces deux jeunes ont donc décidé d’éradiquer le christianisme de la « terre de chrétienté ». En ce sens ce crime ne peut se ramener à ceux qui se déroulent au Moyen Orient.
Ces crimes expriment la haine des Chrétiens. Comment les éviter ? Il semble (on ne peut être sûr de rien tant les raisons peuvent être diverses) qu’il s’agisse d’un crime religieux spécifique ; c’est donc en corrigeant la vision de leur religion de ces islamistes qu’on peut espérer stopper la contagion. C’est le travail des religieux musulmans. C’est aussi le travail de toutes les religions de proclamer qu’elles doivent se consacrer à la Paix et à l’ouverture aux autres. Les pouvoirs publics sont démunis, hors circuit.
Ce prêtre est un martyr, il a été tué pour sa foi, mais sans le savoir, on ne lui a pas donné le loisir de l’exprimer avant de le sacrifier. Notre vision des Martyrs était celle de personnes sommées de renoncer à leur foi pour être sauvées, là ce n’est pas le cas. Devant ces dangers, nous pouvons demander le renforcement des forces de police, célébrer sous la protection des mitraillettes... C’est le rôle des pouvoirs publics d’assurer une certaine sécurité, mais il y aura toujours des lieux dans lesquels le crime sera facile à exécuter.
Alors ?
Il semble que nous sommes appelés à témoigner notre foi, mais pas comme les martyrs de l’ancien temps, simplement en refusant de répondre par les armes au danger, en refusant de crier avec les loups, en continuant à aller prier ensemble, malgré le danger (qui n’est quand même pas aussi important que celui encouru par les Chrétiens de Rome sous Néron !). Nous espérons une protection des forces de l’ordre, nous n’allons pas provoquer des occasions de crimes, mais ce n’est pas sur les armes que notre foi se fonde.
Ce n’est pas par le Credo ou tout autre article de foi qu’il nous est demandé actuellement de témoigner, mais de notre attachement au Christ qui se manifeste par nos réactions devant ces crimes odieux.
C’est le moment de témoigner de la vérité de notre foi :
« Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.
Quiconque est de la vérité écoute ma voix »
(Jean 18, 37)
Marc Durand
29 juillet 2016