A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Pentecôte 8/6/2025

 

Le premier événement apparu lors de la Pentecôte est la capacité des apôtres à parler la langue de leurs auditeurs, quels qu’ils soient. Ainsi l’Esprit leur est d’abord donné pour leur mission, mission envers tous les peuples auxquels ils peuvent s’adresser. Jésus les avait informés de la venue d’un Défenseur, il s’est manifesté par ce « parler en langues ». Tout au long des Actes des Apôtres on évoquera son action. A plusieurs reprises Jésus était revenu sur cette annonce :

 

« [Le Père] vous donnera un autre Défenseur pour être à jamais avec vous : l’Esprit de vérité, que le Monde ne peut pas recevoir. » (Jn 14, 16-17)

 

Jésus disparaissait de leur vue à l’Ascension et les laissait devant leur responsabilité d’envoyés du Père. Mais il ne les abandonnait pas, il restait avec eux jusqu’à la fin des temps en leur envoyant son Esprit. Ainsi il réalisait la promesse de Dieu faite à Abraham et à Moïse, la reprenait à son compte, et confirmait par cela l’espérance qui devait animer ses disciples. Cette espérance « contre toute espérance, contre tout échec et toute souffrance » n’est pas uniquement une consolation, elle porte notre action dans le monde. Espérance qui dépasse nos espoirs humains, nous promettant que par son Esprit qui vit en nous, Dieu travaille avec nous dans le monde pour le sauver.

 

« Lorsque viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, c’est Lui qui rendra témoignage de moi, et vous aussi vous rendrez témoignage. » (Jn 15, 26)


Cette venue de l’Esprit établit l’Église-Corps du Christ. Venue qui achève ce qui a commencé lors de la Cène, qui a été réalisé sur la Croix et confirmé lors de la Résurrection : la communauté des disciples devient l’Église envoyée en mission, accompagnée pour toujours par l’Esprit dans son action pour annoncer l’Évangile. L’avenir du Christ avec nous est la construction de son Corps, l’Église. Les Apôtres en sont les « colonnes », eux qui sont sortis du cénacle annoncer la Bonne Nouvelle. Luc évoque aussi la présence de « quelques femmes » et des « frères » de Jésus, sans préciser, mais il nomme Marie, sa mère, elle à qui, sur la Croix, Jésus a confié Jean. Elle devient ainsi fondatrice comme les Apôtres, et même « mère » de l’Église.

 

Cet Esprit, fondateur de l’Église, était déjà présent lors de la Création, la « rouah », souffle divin, « tournoyant sur les eaux » (Gn 1, 2). « Il a parlé par les prophètes » nous dit le Credo. Tout au long de l’Ancien Testament est évoquée la rouah à l’œuvre pour Dieu. Elle est la Sagesse de Dieu, « principe de son action » (Pr 8, 2). Constamment présent à l’action de Dieu envers les hommes, l’Esprit va désormais vivre en nous, pour nous soutenir dans la mission, pour aussi nous permettre de vivre en Dieu. Cet Esprit qui personnalise l’amour entre le Père et le Fils nous introduit dans cet amour, nous qui sommes devenus fils par la Résurrection. Désormais l’amour que nous portons les uns envers les autres est porté par cet amour qu’est l’Esprit. Rappelons la parole de Saint Paul :

 

« Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal 2, 20).

 

J   Jésus avait insisté sur cet amour mutuel, semblable au sien :

 

« Mon commandement, c’est que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12), ou encore

«  Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés : demeurez en mon amour » (Jn 15, 9)

«  Que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi aussi en eux » (Jn 17, 26)

 

Si nous comprenons que l’Esprit est cette Troisième personne de la Trinité qui réalise l’amour entre le Père et le Fils, alors nous pouvons voir sa place centrale : en plus de nous conduire, de fonder notre espérance par sa présence auprès de nous, Il vit au plus profond de nous-mêmes. C’est par Lui que nous aimons, par Lui notre amour des autres est semblable à notre amour de Dieu et à l’amour du Fils pour le Père. Dans tous ces commandements d’amour, le mot utilisé est « agapè », mot réservé à l’amour en Dieu, l’amour qui ne réclame rien, même pas de réciprocité. L’Esprit est le lien entre tous les hommes. Franz Roszenweig nous dit (dans l’Étoile de la Rédemption, citée par Marcel Goldenberg dans un article de Garrigues et Sentiers publié le 24 juillet 2015) :

 

« Voilà le premier effet de l’esprit saint (pour les chrétiens comme pour les juifs), il traduit, il jette un pont d’un homme à l’autre, d’une langue à l’autre » (p. 508). C’est, écrit-il encore, « une invitation évidemment universelle et compréhensible à l’humanité tout entière » (p. 508). 

 

Par Lui c’est l’amour-agapè de Dieu lui-même que nous offrons à nos frères que nous aimons. Nous pouvons alors le prier, Lui aussi, pour qu’Il vienne en nous, qu’il nous transforme pour devenir, avec toute l’humanité vers laquelle nous sommes envoyés, fils du Père.

Marc Durand

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