Une "résurrection de la mémoire" : la réminiscence
L’œuvre majeure de Marcel Proust À la recherche du temps perdu (Éditions La Pléiade, 3 tomes) nous confronte à la capacité exigeante et scrupuleuse de l’auteur à observer tout aussi bien le milieu mondain, qu’il côtoie, que le milieu interne de sa propre vie psychique. Il chemine, dans son observation en quête d’une vérité, à travers une foule de détails, de parenthèses, sur un mode quasi obsessionnel mais, par là-même, d’une grande richesse : « on me dit tatillonneur » reconnaît-il lui-même.
Le temps peut être « perdu » en vanités mondaines et distractions par rapport aux exigences de l’auto-observation. C’est ce temps perdu qui entérine l’oubli et détourne de l’attention nécessaire à la résurgence du passé : le temps perdu, c’est celui de l’oubli. Le « temps retrouvé » c’est, au contraire, celui de la résurrection de la mémoire comme l'auteur nomme le phénomène sur lequel il s’attarde longuement : « la réminiscence ».
Devant ce travail de « recherche » par auto-observation auquel se livre Proust on ne peut manquer de penser à l’auto-analyse de Freud. On y rencontre la même attention scrupuleuse portée par Freud à ses propres rêves et à sa vie psychique, et la part reconnue par l’un et l’autre aux associations d’idées. Et puis Freud, tout comme Proust, s’intéresse profondément à la mémoire, l’oubli, le retour du souvenir…
Retrouvons d’abord la fameuse "madeleine " de Proust :
« Comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille Saint-Jacques. Et, bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portais à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi […] D’où avait pu me venir cette puissante joie ? » (t.I, p.45).
Le premier effet annonciateur de la réminiscence proustienne est un symptôme : le changement d’humeur : le passage instantané de la tristesse à la félicité, sans savoir pourquoi. Mais l’auteur s’interroge sur ce pourquoi avec acharnement :
« D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée mais ne la connaît pas » (t. I, p.45).
Et Proust décrit ses efforts répétitifs et sa ténacité à faire surgir cette « vérité psychique » qui lui échappe : l’explication du changement d’humeur. Il en arrive enfin à l’idée que peut-être un souvenir visuel se trouve attaché à cette saveur de la madeleine, mais…
« arrivera-t-il jusqu’à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l’instant ancien que l’attraction d’un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi ? Je ne sais. Maintenant je ne sens plus rien, il s’est arrêté, redescendu peut-être ; qui sait s’il remontera jamais de sa nuit ? Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui. Et chaque fois, la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute œuvre importante, m’a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d’aujourd’hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine.
« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu…. » (t.1, p.46).
La force-même du désir de se souvenir va mettre en mouvement le processus associatif à condition que l’acharnement surmoïque, le « il faut se rappeler coûte que coûte » cède la place à une distance intérieure suffisante, tout en pensant à autre chose, une sorte d’« attente en veilleuse » qui seule pourra libérer le souvenir, telle une révélation. Car le désir ne fonctionne pas « sur ordre », le désir de se souvenir pas plus qu’un autre.
« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray […], quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul...
«Et dès que j’eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon donnant sur le jardin […] etc. » (t.1, p.46-47).
C’est tout un écheveau de souvenirs qui se déroule alors sous ses yeux, à partir du moment où la résistance est levée et où le fil associatif se trouve libéré. Le processus de réminiscence décrit par Proust est alors très proche du processus analytique lorsque le patient, invité à « laisser aller » les pensées, les paroles, les rêves, sans retenue et sans forcing, associe librement sur ses pensées, ses propos où les images du rêve.
Avec l’histoire des petites madeleines, Proust découvre qu’au point de départ du rappel de souvenirs oubliés il y a d’abord une réminiscence de nature préconsciente, provoquée ici par une identité de sensation entre une expérience actuelle et une expérience ancienne oubliée, mais qui pourrait être aussi bien les images d’un rêve, par exemple. Cette réminiscence est repérable à travers un phénomène particulier, qui est l’équivalent d’un symptôme : le changement d’humeur, ce passage brutal, spontané, inattendu, de la tristesse à la joie. La réminiscence annonce le souvenir mais n’est pas encore vraiment le souvenir et sa remémoration. Il faudra tout d’abord déjouer la résistance pour le voir apparaître.
C’est là qu’une relative proximité se fait jour entre la réminiscence chez Proust et chez Freud lorsque ce dernier écrit dans un texte de 1904 : « les hystériques souffrent de réminiscences. Leurs symptômes sont les résidus et les symboles de certains souvenirs (traumatiques). Symboles commémoratifs, à vrai dire ». (Cinq leçons sur la psychanalyse, “Petite Bibliothèque Payot”, p.15 ). Freud insiste sur l’importance des affects liés aux scènes initiales. C’est « de ces affects que dépendent et la maladie et le rétablissement de la santé. (…) nous sommes sur le point d’arriver à une théorie purement psychologique de l’hystérie, théorie dans laquelle nous donnons la première place au processus affectif. » (ibidem, p.18).
Ainsi, tout autant que le changement d’humeur décrit par Proust, le symptôme hystérique est inexplicable dans un premier temps, parce que sans lien, reconnaissable par la conscience, avec l’expérience ancienne oubliée. C’est pour cela que Proust est tellement intrigué : « Pourquoi cette joie ? ».
Et puis Freud découvrira progressivement que cette expérience ancienne n’est pas obligatoirement une expérience réelle, ou fort peu, mais qu’elle peut être aussi bien une construction phantasmatique. C’est toute la nature du souvenir qui est mise en question. Il serait intéressant, pour notre propos, d’approfondir les concepts freudiens qui désignent les diverses notions de réminiscence, répétition, remémoration, retour du refoulé… trop longues à exposer ici.
Revenons à Proust. Sa curiosité ne s’arrête pas là. Il a retrouvé le souvenir oublié, certes, mais il n’a pas encore vraiment répondu à sa propre question : « pourquoi cette joie ? » Ce n’est que dans la dernière partie de l’œuvre, Le temps retrouvé, (La Pléiade, t.III) que des éléments de réponse seront apportés. Proust commence par rapprocher diverses expériences sensorielles impliquant le goût, la vue, le toucher, la kinesthésie, l’ouïe… Outre la madeleine, nous rencontrons la raideur d’une serviette, un pavé inégal, le son d’une sonnette, la musique de Vinteuil, etc.
« En roulant les tristes pensées que je disais il y a un instant, j’étais entré dans la cour de l’hôtel de Guermantes, et dans ma distraction je n’avais pas vu une voiture qui s’avançait ; au cri du wattman je n’eus que le temps de me ranger vivement de côté, et je reculai assez pour buter malgré moi contre les pavés assez mal équarris derrière lesquels était une remise. Mais au moment où, me remettant d’aplomb, je posai mon pied sur un pavé qui était un peu moins élevé que le précédent, tout mon découragement s’évanouit devant la même félicité qu’à diverses époques de ma vie m’avaient donnée la vue d’arbres que j’avais cru reconnaître dans une promenade en voiture autour de Balbec, la vue des clochers de Martinville, la saveur d’une madeleine trempée dans une infusion, tant d’autres sensations dont j’ai parlé et que les dernières œuvres de Vinteuil m’avaient paru synthétiser. Comme au moment où je goûtais la madeleine, toute inquiétude sur l’avenir, tout doute intellectuel étaient dissipés. Ceux qui m’assaillaient tout à l’heure au sujet de la réalité de mes dons littéraires, et même de la réalité de la littérature, se trouvaient levés comme par enchantement» (t.III, p.866-867).
On retrouve le changement d’humeur déjà décrit. Toutes les angoisses habituelles se trouvent dissipées chez ce personnage normalement triste et morose, pour ne pas dire dépressif. « Mais cette fois, j’étais bien décidé à ne pas me résigner à ignorer pourquoi, comme je l’avais fait le jour où j’avais goûté d’une madeleine trempée dans une infusion ». (t.III, p.867).
Et le pavé inégal va finalement lui rappeler Venise, « dont mes efforts pour la décrire – dit-il – et les prétendus instantanés pris par ma mémoire ne m’avaient jamais rien dit, et que la sensation que j’avais ressentie jadis sur deux marches inégales du baptistère de Saint Marc m’avaient rendue avec toutes les autres sensations jointes ce jour-là à cette sensation-là et qui étaient restées dans l’attente, à leur rang d’où un brusque hasard les avaient impérieusement fait sortir dans la série des jours oubliés. Mais pourquoi les images de Combray et de Venise m’avaient-elles, à l’un et l’autre moment, donné une joie pareille à une certitude, et suffisante, sans autres preuves, à me rendre la mort indifférente ? » (t.III, p.867)
Dans ce passage, Proust annonce bien la différence entre la « mémoire volontaire » (ces prétendus instantanés) et une « mémoire involontaire », très chargée affectivement – comme Freud l’a décrit à propos de l’hystérie – qui est celle qui préside à la réminiscence. Mais c’est bien toujours le souci de comprendre « les causes profondes » de la joie ressentie qui va guider la recherche de Proust au long du Temps retrouvé.
« … je comprenais trop (que) ce que la sensation des dalles inégales, la raideur de la serviette, le goût de la madeleine avaient réveillé en moi, n’avait aucun rapport avec ce que je cherchais souvent à me rappeler de Venise, de Balbec, de Combray, à l’aide d’une mémoire uniforme […]
« Oui, si le souvenir, grâce à l’oubli, n’a pu contracter aucun lien, jeter aucun chaînon avec la minute présente, s’il est resté à sa place, à sa date, s’il a gardé ses distances, son isolement dans le creux d’une vallée ou la pointe d’un sommet, il nous fait tout à coup respirer un air nouveau, précisément parce que c’est un air qu’on a respiré autrefois, cet air plus pur que les poètes ont vainement essayé de faire régner dans le paradis et qui ne pourrait donner cette sensation profonde de renouvellement que s’il avait été respiré déjà, car les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus. » (t.III, p.869-870)
Dès lors, le temps retrouvé renforce le sentiment d’identité du sujet par la conscience de soi dans la continuité qu’il procure, grâce au lien rétabli avec l’enfance :
« Quand elle avait tinté (la sonnette) j’existais déjà, et depuis, pour que j’entendisse encore ce tintement, il fallait qu’il n’y eut pas eu discontinuité, que je n’eusse pas un instant cessé d’exister, de penser, d’avoir conscience de moi, puisque cet instant ancien tenait encore à moi, que je pouvais encore retourner jusqu’à lui, rien qu’en descendant plus profondément en moi. » (t. III, p.1047)
Quant aux effets de cette libération heureuse que procure le temps retrouvé, Proust les perçoit clairement : c’est l’ouverture à la création, à l’œuvre d’art :
« Je n’avais plus mon indifférence des retours de Rivebelle, je me sentais accru de cette œuvre que je portais en moi (comme par quelque chose de précieux et de fragile qui m’eut été confié et que j’aurais voulu remettre intact aux mains auxquelles il était destiné et qui n’étaient pas les miennes). » (t.III, p.1036)
« Je savais très bien que mon cerveau était un riche bassin minier, où il y avait une étendue immense et fort diverse de gisements précieux. Mais aurais-je le temps de les exploiter ? J’étais la seule personne capable de le faire. » (t. III, p. 1037)
« L’organisation de ma mémoire, de mes préoccupations, était liée à mon œuvre, peut-être parce que, tandis que les lettres reçues étaient oubliées l’instant d’après, l’idée de mon œuvre était toujours dans ma tête, toujours la même, en perpétuel devenir. » (t.III, p.1041)
Une lecture attentive de Proust nous incite à penser la réminiscence non pas comme un instant isolé, malgré la fulgurance du ressenti initial, mais plutôt comme un « processus de réminiscence » dont on peut repérer les différentes étapes : à partir d’une expérience sensorielle aux effets inattendus et inexplicables sur l’humeur du sujet, le désir de comprendre et de se souvenir se trouve mobilisé pour laisser le champ libre à la pensée associative dont l’auteur montre bien qu’elle n’a rien à voir avec la pensée logique, rationnelle. La mémoire ressuscitée par ce type de pensée est elle-même riche d’émotions, de sentiments et d’imagination, même si Proust n’insiste pas sur ce dernier point. Elle est en prise directe sur le passé, sur l’enfance du sujet et elle est porteuse de toutes ses capacités créatrices en perpétuel devenir.
Le processus de réminiscence est alors très proche du processus analytique et procède de la même manière. Il a des effets libérateurs comparables et débouche sur cette disponibilité nouvelle à mettre en œuvre les potentialités créatives du sujet.
On comprend que Proust, compte tenu de son propre tempérament malade et angoissé, ait repéré essentiellement les changements d’humeur positifs réellement salutaires. Mais on est en droit de s’interroger aussi sur les changements d’humeur négatifs, annonciateurs de réminiscences au contenu sombre, voire traumatique, que l’on a bien plus tendance à chasser de son esprit. Chasse illusoire, d’ailleurs, puisque nous savons bien que le refoulé a toujours tendance à faire retour, sous une forme ou une autre : rêve, lapsus, actes manqués ou symptômes divers. En contrepoint de l’heureuse réminiscence proustienne, on pourrait aussi bien parler, par exemple, de la triste réminiscence mélancolique du sujet qui tombe en dépression régulièrement, sans savoir pourquoi, mais, comme par hasard, à la date anniversaire de la mort d’un être cher, ou encore à la date où aurait dû naître l’enfant dont on a volontairement avorté neuf mois plus tôt, etc. On s’aperçoit, alors, qu’il y a bien d’autres éléments qu’une identité sensorielle entre une expérience actuelle et une expérience passée susceptible de provoquer une réminiscence, par exemple, dans les cas cités, une date du calendrier. L’inconscient est « calculateur » a-t-on pu dire parfois ; il enregistre les dates et a bien meilleure «mémoire» que le sujet conscient !
La clinique analytique permet de rencontrer tout autant des réminiscences douloureuses qu'heureuses ou mêlées aux effets libératoires et débouchant vers de nouvelles possibilités créatrices. Ainsi telle enfant inquiétait ses parents à cause d’un symptôme inexplicable tant pour elle-même que pour ses proches : une impulsion à fuguer, à disparaître plusieurs jours, sans savoir pourquoi ni où aller. D'origine étrangère et adoptée tardivement, elle n’avait plus aucun souvenir de son passé : tout se présentait comme si sa vie avait commencé avec cette adoption. Elle avait oublié aussi sa langue d’origine, alors qu’elle avait déjà appris à lire et écrire dans cette langue. Cette amnésie traumatique liée au choc de la rupture avec le pays d’origine redoublait le trauma de la séparation d’avec les parents décédés dans son jeune âge, ce qui lui avait valu d'être placée dans un lieu d’accueil pour des enfants dans la même situation. La nécessité impérieuse de s’adapter très vite et de se faire accepter dans la famille adoptive avait masqué jusque là le vide psychique laissé par cette amnésie portant sur une longue période et selon des modalités dépassant largement l’amnésie infantile normale qui concerne les premières années de la vie. La prise de conscience, au cours de la cure, de cette absence de mémoire de son propre passé fit naître un désir intense de se souvenir, en même temps que la frustration de ne pas y parvenir. Et puis, un jour, sans y penser, ainsi que le décrit Proust, alors qu’elle lavait du linge d’une certaine couleur dans une bassine, une image fulgurante lui remplit les yeux : « des femmes lavant du linge de même teinte dans un ruisseau ». L’émotion intense qui accompagnait cette vision lui fit identifier tout de suite une réminiscence du passé… – identité de sensations visuelles (couleur) et peut-être aussi auditives et tactiles (bruit et contact de l’eau), telles que les décrit Proust. Il s’ensuivit un travail interne, très libératoire et créatif en même temps, de maturation du désir de retrouver ses racines au moment crucial de la crise identitaire de l’adolescence. Dès lors, plus besoin de faire des fugues inconscientes vers « on ne sait où » : autant faire un voyage vers le pays d’origine. [Ce type de fugue, souvent constaté chez des enfants adoptés – mais pas seulement – peut correspondre au désir inconscient d'un " retour aux sources ", aux origines]. Une fois rendue sur place, des séries de réminiscences surgirent. Ce fut une surprise de découvrir qu’elle savait lire cette écriture étrangère même sans en comprendre forcément le sens. Et puis survint le souvenir du lieu qui l’avait accueillie dans sa petite enfance, devenu possible à décrire et même à dessiner, ce qui lui permit de le retrouver, et d’y entendre raconter des bribes de son passé.
Cela n'est qu'une évocation clinique, parmi bien d'autres, de " temps retrouvé " pour le dire à la manière de Proust.